La diaspora se célèbre
«Nous, les Albanais, sommes les prestataires de l'économie suisse»

Aujourd'hui, en Suisse alémanique, plus de 6000 entreprises sont aux mains d'entrepreneurs d'origine albanaise. La diaspora s'est réunie à Zurich pour fêter son implication dans le tissu économique suisse. Celle-ci évolue de générations en générations.
Publié: 09.09.2024 à 19:58 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2024 à 23:25 heures
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Nicola Imfeld

«Laissons l'aigle voler en Suisse.» Ces mots sont ceux du conseiller national socialiste Islam Alijaj, samedi soir au Palais des congrès de Zurich. La diaspora albanaise s'y est réunie pour célébrer ses entrepreneurs. Environ 300'000 Albanais et Suisses issus de l'immigration albanaise vivent dans notre pays, selon les estimations de la Confédération. «On ne peut pas imaginer l'économie sans nous et notre influence a encore augmenté ces dernières années», déclare à Blick le président du Parti libéral-radical (PLR) de la ville de Zurich, Përparim Avdili, lui-même albanais de Suisse. 

L'homme de 37 ans est également président de Swissalbs, la plus grande communauté d'intérêts des Suisses d'origine albanaise. Selon lui, l'événement de samedi soir doit montrer la force d'innovation dont dispose désormais la communauté. «Malgré l'image négative qui prévaut encore en partie», explique Përparim Avdili. 

Les cinq nominés de la soirée étaient issus de domaines divers: un développeur de logiciels, un CEO d'une start-up de santé numérique, la fondatrice d'une marque de mode, le propriétaire d'un magasin de chaussures pour hommes haut de gamme et enfin Liridona Makica, directrice de la start-up Spitex Dona, qui emploie plus de 55 personnes.

Liridona Makic a reçu le Prix de l'Entreprise Swissalbs 2024.
Photo: Swissalbs
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«Je n'ai pas eu ma chance à l'époque»

Le femme de 31 ans a finalement raflé le grand prix d'une valeur de 15'000 francs samedi soir. Son parcours est emblématique de la transformation des Suisses-Albanais dans l'économie locale. «Je n'ai pas trouvé de place d'apprentissage, personne ne voulait m'embaucher. Finalement, j'ai commencé ma carrière en tant que stagiaire dans le domaine des soins», raconte Liridona Makica à Blick. Elle ne sait pas si cela est dû à son nom de famille albanais. «Je n'ai pas eu ma chance à l'époque.»

Après son stage, elle a trouvé une place d'apprentissage. Par la suite, Liridona Makica a d'abord fréquenté l'École supérieure de Winterthour (ZH) et finalement l'Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), où elle a obtenu un bachelor en santé. Cela a marqué le coup d'envoi de sa carrière en start-up. «J'ai dû m'imposer, car il y a quelques années, dans la culture albanaise, il n'était pas courant qu'une femme se mette à son compte et ne reste pas à la maison pour s'occuper des enfants.»

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«Aujourd'hui, les enfants et les petits-enfants ne sont plus de simples ouvriers, ils ont créé des entreprises.»
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Lorsque Liridona Makica a eu l'idée de sa start-up d'aide et de soins à domicile, elle a d'abord dû convaincre ses parents. «Mais ils ont ensuite été là pour moi et m'ont beaucoup soutenue.» Au cours des dernières années, elle a constaté un changement au sein de sa communauté. «Nous sommes aujourd'hui beaucoup plus ouverts, je le sens en tant que femme. C'est agréable de voir qu'il y a beaucoup de Suissesses albanaises ici qui peuvent exercer leur passion professionnelle.»

Viser la prospérité

«Dans les années 90, nous étions déjà fiers lorsque les enfants travaillaient à la caisse d'un détaillant sans devoir se salir les mains sur un chantier par temps de pluie et de froid», explique Përparim Avdili. La première génération d'immigrés a effectivement surtout gagné sa vie sur les chantiers ou comme chauffeur de camion, par exemple. «Mais aujourd'hui, leurs filles et petits-enfants ne sont plus de simples ouvriers, ils ont créé des entreprises.» Il n'y a pas de chiffres précis, mais selon des estimations, plus de 6000 entitiés sont aux mains d'entrepreneurs d'origine albanaise en Suisse alémanique.

«Nous, les Albanais, sommes aujourd'hui des prestataires de la société et de l'économie suisse», affirme Përparim Avdili. Ce changement est également lié à des symboles de statut social comme la fameuse BMW, bien visible lors de la fête au Palais des congrès de Zurich. «L'ambition des Albanais de Suisse est très forte, nous visons la prospérité», explique le Zurichois. Pour la deuxième et la troisième génération, il s'agit de gagner de l'argent. «Pour pouvoir ensuite s'acheter une voiture performante, par exemple», précise-t-il.

Samedi soir, la communauté n'a pas manqué de souligner l'importance de la Suisse pour le développement de sa communauté. Përparim Avdili l'explique clairement à Blick: «Nous sommes fiers de nos racines, mais nous ne nous considérons pas uniquement comme des Albanais. Nous sommes plutôt comme des Suisses d'origine albanaise qui souhaitent apporter une contribution décisive au bien-être de notre pays.»

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