La gauche bondit
Vaud ne veut pas de débats politiques à l'école avant les élections

Les débats politiques dans les lieux de formation vaudois sont désormais interdits au cours des dix semaines précédant une élection. Prise par le ministre de la formation Frédéric Borloz, cette décision vise à empêcher la «pêche aux voix» en période électorale.
Publié: 29.08.2023 à 21:32 heures
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Dernière mise à jour: 29.08.2023 à 21:33 heures

Exit les débats politiques dans les lieux de formation vaudois. Ils ont été interdits au cours des dix semaines précédant les élections fédérales. Ainsi en a décidé le ministre de la Formation et de la Jeunesse Frédéric Borloz. Cette décision vise à empêcher la «pêche aux voix» en période électorale.

Le conseiller d'Etat a profité mardi de la séance du Grand Conseil pour justifier une décision qui avait commencé à fuiter début août. Les débats dans les écoles sont importants pour former les jeunes à la citoyenneté, mais ils ne peuvent pas être organisés «n'importe quand», a relevé le ministre PLR.

Les débats en vue d'une votation, qui ne relèvent pas de «la politique pure», ne posent pas problème, selon lui. Mais ce n'est pas le cas pour ceux liés à des élections (fédérales, cantonales ou communales), où l'équité est plus difficile à assurer. Le conseiller d'Etat a évoqué la tentation «d'une pêche aux voix» en période électorale.

«Pour que les débats soient sereins», ils devraient se dérouler avant la période de 10 semaines précédant une élection, ou après cette élection. «Ma décision est à la fois ferme et modérée, car seule une petite période est concernée», a ajouté Frédéric Borloz, précisant qu'une directive allait être envoyée dans les lieux de formation vaudois.

Le ministre vaudois de la Formation et de la Jeunesse Frédéric Borloz ne veut pas de débats politiques à l'école en période électorale.
Photo: KEYSTONE

La gauche s'indigne

Cette décision a fait bondir la gauche. Le président du PS Romain Pilloud a relevé que l'organisation d'un débat contradictoire, où tous les avis politiques pouvaient être entendus, n'avait rien à voir avec de «la propagande». Au contraire, ce sont des «moments vivifiants» qui permettent aux jeunes de se frotter à des questions citoyennes.

Pour son homologue des Vert-e-s Alice Genoud, la décision du Conseil d'Etat est «une atteinte à la liberté» des écoles à organiser de tels débats. Ceux-ci sont des «moments formateurs et bénéfiques», d'autant plus au vu de «la défiance» actuelle des jeunes envers l'action politique.

Hadrien Buclin (Ensemble à Gauche - POP) a parlé d'une décision «infantilisant» les élèves, ceux-ci étant «capables de faire face à des débats contradictoires.»

Résolution écartée

A droite, plusieurs députés ont soutenu Frédéric Borloz. A l'instar de l'UDC Céline Baux qui a affirmé que des débats en période électorale relevaient «de la manipulation» et servaient uniquement à «mettre en avant certaines personnalités». Pour le PLR François Cardinaux, «l'école est un lieu pour étudier, pas pour y faire de la politique.»

La gauche a déposé une résolution pour tenter d'infléchir la décision de Frédéric Borloz, mais celle-ci s'est heurtée à la majorité de droite du Grand Conseil. Le texte a été classé par 74 voix, contre 62 pour et 5 abstentions.

(ATS)

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