La municipale de la Culture de Bienne
«Je souhaiterais que les personnes qui s’identifient comme 'autre' puissent le signifier»

Glenda Gonzalez Bassi, municipale biennoise de la Formation, de la Culture et du Sport, réagit pour Blick à la victoire de Nemo à l'Eurovision. La socialiste, candidate à la mairie de la plus grande ville bilingue du pays, s'engage au passage pour les non-binaires.
Publié: 12.05.2024 à 16:18 heures
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Dernière mise à jour: 13.05.2024 à 08:01 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Nemo, avec sa victoire lors de la finale de l’Eurovision dans la nuit de samedi à dimanche, a fait vibrer Bienne, ville où l’artiste a grandi. Au milieu de la foule en liesse, Glenda Gonzalez Bassi, municipale (exécutif) à la tête de la Formation, de la Culture et du Sport.

Au bout du fil ce dimanche, la socialiste candidate à la succession de son camarade Erich Fehr à la mairie salue la performance de la star aujourd'hui installée à Berlin. L'élue, qui a visionné la grande messe musicale sur un écran géant en pleine rue, évoque avec envie sa prochaine édition qui aura lieu en Suisse.

Ce n'est pas tout. La Chilienne d'origine s'engage au passage en faveur des personnes non-binaires en plaidant pour la reconnaissance d'un troisième genre officiel. Interview.

Glenda Gonzalez Bassi, candidate socialiste à la mairie de Bienne, plaide pour la reconnaissance officielle des personnes non-binaires en Suisse après la victoire de Nemo à l'Eurovision.
Photo: Keystone/Ville de Bienne

Glenda Gonzalez Bassi, vous avez assisté à la victoire de Nemo depuis une diffusion sur écran géant dans les rues de Bienne. Quelles émotions avez-vous ressenties à l’annonce du résultat?
Un sentiment de joie et de fierté pour notre ville. Une immense reconnaissance envers cette personne et un grand soulagement que cette aventure ait abouti.

Pourquoi de la reconnaissance?
Nemo a grandi à Bienne, c’est là que cette personnalité a fait ses classes musicales. Mais cela fait maintenant quelques années que Nemo vit à Berlin. Malgré ça, Nemo se revendique toujours de Bienne et parle volontiers de son attachement à sa ville, qui a participé à la construction de son identité artistique. Nemo fait bénéficier Bienne de sa lumière et de celle de l’Eurovision. Je trouve cela magnifique!

Vous avez pu le lui dire?
Pas encore. Le temps va faire défaut dans l’immédiat. Mais j’ai cru comprendre que Nemo souhaitait prendre quelques jours de repos et rentrer en Suisse.

Cela sera l’occasion pour les autorités biennoises d’organiser un événement en l’honneur de sa victoire?
C’était de toute façon prévu, même si Nemo n’avait pas gagné la finale. Nous allons voir ce que nous pouvons faire, son agenda va être prioritaire. J’aimerais beaucoup pouvoir organiser un accueil public, pour que toute la population puisse en profiter.

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«Nemo transmet un magnifique exemple dans notre ville, dans l’ensemble du pays et même dans toute l’Europe»
Glenda Gonzalez Bassi, municipale biennoise de la Culture
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À vos yeux, Bienne et Nemo se ressemblent?
Bienne est à l’image de Nemo, Nemo à l’image de Bienne. Dans les deux cas, on peut parler de grande ouverture et de grande diversité. Et aussi d’une approche transversale dans la culture. Nemo a exploré beaucoup de champs artistiques: opéra, rap, pop… L’artiste démontre que la jeunesse biennoise est positive, créative, passionnée et engagée. Nemo transmet un magnifique exemple dans notre ville, dans l’ensemble du pays et même dans toute l’Europe.

Nemo va rencontrer le conseiller fédéral Beat Jans et profitera certainement de l’occasion pour demander des actions en faveur d’une meilleure représentation des personnes non-binaires. Vous évoquez l’utilisation du pronom «iel», vous êtes donc favorable à la création d’une nouvelle catégorie dite neutre?
Quand je pense à Nemo, la question de la non-binarité n’est pas du tout prioritaire pour moi. Je vois d’abord que c’est une personnalité solaire, souriante, toujours à l’écoute. Concernant le fait de genrer les gens à l’oral comme ils le souhaitent, c’est surtout une question de coutume et de tradition.

Que voulez-vous dire?
Nous avons plusieurs langues nationales et toutes n’ont pas la même approche. Le «iel» n’a par exemple pas d’équivalent en allemand. Je ne suis pas experte en linguistique mais la langue est un bien vivant qui appartient à la population et qui évolue. Je suis en tout cas personnellement favorable à cette évolution et donc à l’utilisation de ces nouveaux pronoms.

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«J’aimerais que chacun puisse être qui il veut dans le respect des autres»
Glenda Gonzalez Bassi, municipale biennoise de la Culture
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Mais d’un point de vue administratif, seriez-vous favorable à une nouvelle catégorie de personnes neutres?
Souvenez-vous: pendant longtemps il était impossible d’être reconnu comme divorcé. Oui, je souhaiterais que cela soit possible. Que les personnes qui s’identifient comme «autre» puissent le signifier. Plus globalement, j’aimerais que chacun puisse être qui il veut dans le respect des autres. Regardez les documents scolaires. On ne dit déjà plus «père» ou «mère» mais «parent». La société évolue, l’État s’adapte.

Revenons à l’Eurovision. La prochaine édition se tiendra donc en Suisse. Pour vous, doit-elle forcément se tenir à Bienne?
Cela nous échappe un peu en tant que commune. C’est tout une organisation mais évidemment que Bienne est ouverte au dialogue. Même si, reconnaissons-le, nous sommes limités comparés à certaines métropoles du pays.

La ville de Bienne aurait les moyens en infrastructures pour se porter candidate?
Il est très difficile de s’imaginer l’ampleur exacte d’une manifestation aussi gigantesque que l’Eurovision. Nous ne voyons que la pointe de l’iceberg. D’autant plus que nous ne parlons pas simplement d’un lieu, comme la Tissot Arena, mais également d’espaces de stockage, de restaurants, d’hôtels… Je pense qu’il serait ambitieux d’affirmer que Bienne peut tout assumer. À l’échelle de la région par contre, de Berne à Bienne, je pense que cela pourrait le faire.

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