L'année 2022 a été difficile pour les caisses de pension: leur fortune a chuté de plus de 9%. Mais après la tempête vient le beau temps. L'année dernière, les institutions de prévoyance ont progressé de 5,2% en moyenne, a rapporté la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle lors de sa conférence de presse mardi 7 mai. Quant au rendement des caisses de pension suisses, il s'est établi à 5,8% au premier trimestre 2024, selon Swisscanto.
En 2023, le taux de couverture est passé de 107 à 110,3% en moyenne. En 2021, année record, ce taux était encore de 118,5%. Ces chiffres sont valables pour les institutions de prévoyance sans garantie de l'Etat et sans solution d'assurance complète. Pour les institutions de prévoyance de droit public avec garantie de l'Etat, le taux de couverture était de 84,2%.
Une bonne année de placement
Il faut dire qu'encore une institution sur 14 sans garantie de l'Etat présente un découvert. C'est toutefois beaucoup moins que l'année précédente, où une caisse sur 6 avait encore trop peu d'argent de côté.
La raison de cette amélioration est une bonne année de placement. La performance moyenne nette de la fortune a été de 5,2%. Tant les marchés obligataires que les marchés des actions ont fourni un résultat positif en 2023 et ont pu compenser, du moins en partie, les pertes de l'année précédente.
Pour les assurés, l'amélioration de la situation est synonyme de bonnes nouvelles, soit plus d'argent sur le compte! Le taux d'intérêt moyen est en effet passé de 1,9 à 2,3%. Le taux d'intérêt minimum légal LPP atteint 1% pour l'année 2023, et augmente d'un quart de point pour cette année 2024. La mauvaise nouvelle est que le taux d'intérêt est presque entièrement absorbé par le renchérissement, qui était de 2,1% l'année dernière.
La redistribution est largement stoppée
Autre bonne nouvelle pour les personnes actives: la redistribution des assurés qui travaillent vers les bénéficiaires de rentes, c'est-à-dire des plus jeunes vers les plus vieux, est en grande partie stoppée. Depuis 2014, environ 45 milliards de francs ont été redistribués au total, car la génération plus âgée a en partie profité de taux de conversion nettement plus élevés.
Entre-temps, le subventionnement croisé a largement cessé. Les engagements de retraite existants ont été refinancés et les taux de conversion pour la nouvelle génération de retraités ont été fixés plus bas en de nombreux endroits.
Il semblerait donc que la redistribution se fasse plutôt des personnes les plus âgées vers les plus jeunes. La commission estime que la redistribution au détriment des bénéficiaires de rentes s'est élevée à 300 millions de francs l'année dernière.
Nouvelle révision de la LPP
La présidente de la commission Vera Kupper Staub s'explique: «Pour les institutions de prévoyance qui ne sont actives que dans le domaine obligatoire et qui doivent appliquer strictement le taux de conversion légal, le problème de la redistribution reste toutefois entier. Il peut donc y avoir des redistributions d'une année sur l'autre.»
Le taux de conversion minimum légal est de 6,8% dans le régime obligatoire LPP. Il est prévu que les électeurs décident en septembre, avec la nouvelle révision de la LPP, de l'abaisser à 6%. «Il serait toutefois prématuré de parler d'un retour à des conditions stables», avertit l'experte. Les tensions géopolitiques, entre autres, pourraient augmenter et influencer la situation.
Par ailleurs, l'amélioration de la situation financière des institutions de prévoyance suisses ne les dispense pas de continuer à consolider leurs réserves, poursuit la commission. Elle fait également référence à la baisse des taux d'intérêt sur le marché, «ce qui a entraîné une nouvelle augmentation des besoins financiers pour les engagements de retraite à long terme».
L'USS demande des améliorations pour les assurés
L'Union syndicale suisse (USS) voit dans ces nouveaux chiffres la confirmation de «l'excellente situation financière des caisses de pension», comme elle l'écrit dans un communiqué. Bien que les caisses de pension nagent dans les réserves, l'argent ne parvient pas aux assurés, déplore l'USS. «Ce sont les assurés qui en paient le prix: leurs cotisations salariales sont 14% plus élevées, mais la rente moyenne est malgré tout inférieure de 300 francs par mois à ce qu'elle était il y a 15 ans.»
Des contre-mesures en faveur des retraités sont nécessaires, estime l'USS, «sinon on risque d'avoir une génération perdue sur tout le territoire à cause des faibles taux d'intérêt». Et dans la perspective de la prochaine votation sur la réforme de la LPP, elle précise: «Une nouvelle baisse du taux de conversion est inutile et erronée.»