La taille de la mégabanque inquiète
L'UBS entrave les travaux de la commission de la concurrence

Jamais une banque suisse n'a été aussi grande que l'UBS depuis le rachat de Credit Suisse. Alors que l'inquiétude règne quant à la taille du nouveau mastodonte, le rapport de la Commission de la concurrence se fait toujours désirer. Une attente due en partie à... l'UBS.
Publié: 12.02.2024 à 19:00 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 19:05 heures
Milena Kälin

Depuis le rachat de Credit Suisse, l'UBS peut agir comme bon lui semble. Des voix se sont régulièrement élevées pour exprimer leur inquiétude quant au pouvoir excessif que pourrait avoir le nouveau mastodonte sur le marché. Leurs craintes n'ont pour l'heure pas pu être apaisées. Et pour cause, le très attendu rapport de la Commission de la concurrence (Comco) n'a toujours pas été publié.

Est-ce – du moins en partie– la faute de l'UBS elle-même? La grande banque a répondu à cette question dans les pages du «Tagesanzeiger»: «L'UBS a demandé que les secrets d'affaire et les informations sur les clients soient noircis dans le rapport.» Une exigence qui a entraîné des retards. Le porte-parole de la nouvelle mégabanque conteste néanmoins tout acte de blocage.

La Finma murée dans le silence

La publication du rapport de la Comco est pourtant obligatoire. Mais depuis que la commission a remis son projet de rapport à l'autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) fin octobre, rien ne s'est passé. Or, le rapport ne pourra être publié que lorsque la Finma aura sélectionné les mesures à mettre en œuvre parmi celles qui ont été recommandées par la Comco. La Finma n'a rien souhaité communiquer sur son délai de réponse. 

Le rapport de la Comco sur le pouvoir financier de la nouvelle mégabanque n'a pas encore été publié.
Photo: Keystone
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Il est toutefois admis que – depuis le rachat de Credit Suisse – l'UBS occupe une position quasi monopolistique en ce qui concerne les gros crédits accordés aux entreprises et les opérations transfrontalières avec les clients commerciaux. L'absorption de Credit Suisse est néanmoins soumise à une réglementation particulière: lorsque deux banques fusionnent, la Finma peut en effet faire primer la protection des créanciers sur certaines dimensions concurrentielles, si tant est que la situation l'exige.

29 milliards de bénéfice en 2023

Le 19 mars marquera le premier anniversaire du rachat du Credit Suisse par l'UBS. Sur l'ensemble de l'année 2023, l'UBS a profité de la reprise de l'ancien géant malgré des pertes massives au dernier trimestre. Le bénéfice du nouveau mastodonte s'est ainsi monté à 29 milliards de francs. Mais cela n'a pas convaincu les actionnaires: le cours de l'action a chuté de plus de 7% après l'annonce des résultats annuels. Depuis, le cours ne s'est que légèrement redressé.

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