Le combattant fribourgeois Volkan Oezdemir
«Il ne faut jamais se laisser déborder par ses émotions»

La star fribourgeoise de l'UFC Volkan Oezdemir vient de se marier, quelques jours après avoir écrasé son dernier adversaire. Accompagné de son épouse, celui qui rêve toujours de la ceinture de champion du monde et de devenir père nous ouvre son cœur chez sa maman.
Publié: 14.08.2024 à 08:01 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2024 à 11:09 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Malgré la moiteur ambiante, celui que la presse et les fans surnomment «No Time» accepte de prendre le temps pour Blick. Mais pas pour bavarder du dernier KO spectaculaire infligé au malheureux Brésilien Johnny Walker en Arabie saoudite, à la fin de mois de juin. Face à nous, Volkan Oezdemir baisse la garde et s’épanche pour la première fois sur son amour pour Bruna, la femme qu’il a épousée civilement le 12 juillet puis religieusement huit jours plus tard.

L’athlète fribourgeois nous donne rendez-vous chez sa maman, dans le quartier du Jura. C’est elle qui se tient derrière la porte de l’appartement familial, un logement coquet, mais sans le moindre faste. En attendant son fils et son épouse, Danielle ouvre la boîte à souvenirs. Ses yeux brillent de fierté au moment d’évoquer le parcours son grand garçon de 1,85 mètre et 93 kilos, premier Suisse entré à l’UFC (Ultimate Fighting Championship), temple américain des arts martiaux mixtes (MMA).

L’UFC, c’est quoi?

L’UFC ou l’Ultimate Fighting Championship dans la langue de Shakespeare est une organisation d’arts martiaux mixtes (MMA) et la ligue mondiale la plus importante de ce sport. Le MMA mélange les techniques de pugilat et de lutte au corps à corps. S’affrontant dans un octogone, les combattants peuvent utiliser des coups de pied, de poing, de genou et de coude, mais également des techniques de corps à corps debout, de projections et de soumission.

Le Fribourgeois Volkan Oezdemir fait partie de l’organisation depuis 2017.

L’UFC ou l’Ultimate Fighting Championship dans la langue de Shakespeare est une organisation d’arts martiaux mixtes (MMA) et la ligue mondiale la plus importante de ce sport. Le MMA mélange les techniques de pugilat et de lutte au corps à corps. S’affrontant dans un octogone, les combattants peuvent utiliser des coups de pied, de poing, de genou et de coude, mais également des techniques de corps à corps debout, de projections et de soumission.

Le Fribourgeois Volkan Oezdemir fait partie de l’organisation depuis 2017.

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Véritable star internationale de l’octogone, forme de l’arène mythique où s’affrontent ces gladiateurs des temps modernes, le trentenaire qui rêve toujours de la ceinture de champion du monde dans la catégorie des poids lourds-légers ouvre son cœur comme jamais auparavant. Sa rencontre en plein Covid avec celle qui partage désormais sa vie, son désir d’être père, sa vision de l’éducation, sa «part de vice» ou encore son envie bouillonnante «d’écraser» ceux qui se dressent sur son chemin. Interview du volcan romand tout en confidences… et en tendresse!

Volkan Oezdemir et sa femme, Bruna, nous ont reçu à Fribourg, coin de pays où ils aimeraient écrire son futur.
Photo: Adrien Perritaz
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Volkan Oezdemir, vous voilà marié. Vous nagez dans le bonheur?
Oui, cela serait difficile d’espérer mieux. (Il sourit)

Qu’est-ce que le mariage signifie à vos yeux?
C’est une manière de sceller ma relation avec Bruna, ma femme. C’est une promesse: notre amour est vrai, réel. Nous deux, c’est pour toute la vie. C’est aussi une façon d’aspirer à un peu plus de stabilité au moment d’envisager le futur.

Vous nous racontez comment vous vous êtes rencontrés?
C’était en 2020, en plein Covid. Nous sommes les deux originaires de Fribourg et nous avons des amis communs. Avec les mesures sanitaires, ce n’était pas évident de trouver un endroit où aller boire un verre. Nous sommes allés marcher au bord du lac. Puis, on s’est revu une fois, deux fois… En réalité, tout est allé très vite. Six mois après, nous vivions ensemble.

Par nécessité à cause de vos multiples déplacements pour vos entraînements et combats?
Non, simplement parce que les choses se passaient très bien entre nous. J’habitais à Neuchâtel et elle restait souvent passer la nuit chez moi. Au bout d’un moment, on s’est dit qu’après la brosse à dents, il serait bien d’amener des habits.

Et où sont vos habits à tous les deux, actuellement?
En Suède. C’est là que j’ai mon camp d’entraînement. Bruna m’a suivi. Elle était secrétaire médicale en Suisse et s’est mise à son compte, en lançant une SARL de dactylographie médicale. Elle a fait les choses très intelligemment, en anticipant toutes les étapes de notre expatriation.

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«C’est ici qu’on se projette quand on imagine fonder notre propre famille»
Volkan Oezdemir, combattant fribourgeois à l'UFC
»

C’est une belle preuve d’amour de sa part! Et vous, quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite pour elle?
Ce n’est pas la chose la plus folle, mais peut-être celle qui compte le plus: revenir pour de bon en Suisse. On va prochainement le faire.

À force de voyager aux quatre coins du monde, vous avez le mal du pays?
Nos amis et nos familles sont là. C’est ici qu’on se projette quand on imagine fonder notre propre famille.

Vous voulez devenir parents?
Oui. C’est un peu la continuité de notre mariage. On ne peut pas forcer les choses, mais j’aimerais bien accueillir notre premier enfant l’année prochaine. Il faudra toutefois d’abord qu’on trouve notre chez-nous. On veut passer la période de grossesse proche des hôpitaux du pays.

Volkan et Bruna se sont mariés en juillet.
Photo: Adrien Perritaz
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En devenant papa, est-ce que vous lèverez un peu le pied concernant les combats?
Je n’ai pas prévu de m’arrêter. À vrai dire, je n’ai pas réellement le choix. Il n’y a pas encore les infrastructures et le niveau nécessaire ici, en Suisse. Et puis, maintenant, j’ai mon réseau en Suède. Avec mes coachs et mes partenaires. Je partirai par période.

Quel genre de père aimeriez-vous être?
Autoritaire! Quoi d’autre? Je rigole… J’aimerais surtout être présent. Vous savez, je suis quelqu’un de très analytique. J’aime beaucoup lire, réfléchir et apprendre. Je me renseigne déjà beaucoup sur l’éducation. Pour l’instant, je vois l’éducation d’un enfant comme celle d’un chien.

Je vois que votre femme écarquille les yeux…
(Rires) Tout le monde a la même réaction quand je dis cela. Je clarifie mon propos: je ne compare pas les enfants à des chiens. Je parle de la manière dont il faut se comporter pour les éduquer. Les deux nécessitent de la patience et du calme. Il ne faut jamais se laisser déborder par ses émotions. Enfin… Ça, c’est la théorie. Un jour, les enfants sont là et on est rarement mieux que les autres.

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Qu’est-ce qui vous a marqué chez votre père et que vous aimeriez reproduire avec vos enfants?
Commençons par mon beau-père, qui est arrivé dans ma vie quand j’avais 7-8 ans. Il n’a jamais voulu remplacer mon père, mais a toujours fait acte de présence. Pour moi, c’était un dictionnaire. Dès que j’avais une question, il y répondait. Quitte à faire des recherches. Il a développé ma curiosité et m’a apporté beaucoup de culture générale.

Et votre père?
Il m’a amené la droiture et les limites. Même s’il n’était pas toujours physiquement là, c’est lui qui marquait la frontière avec les choses qu’il ne fallait pas faire.

Vous ne parlez pas de tendresse, même si c’est important. Votre père et votre beau-père vous en ont donné?
Je n’en ai pas eu de ce côté-là. C’était surtout ma mère.

Et vous, vous serez un père tendre?
Je crois. Je suis quelqu’un de tendre. (Il se tourne vers sa femme et sourit)

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«Ma capacité à faire des sacrifices, c’est ma grande force»
Volkan Oezdemir, combattant fribourgeois à l'UFC
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C’est difficile à imaginer quand on vous regarde au travers du cliché du combattant hyper brutal, presque avide de sang. Faut-il être profondément violent pour être un combattant de classe mondiale, comme vous l’êtes?
Je pense qu’il faut une part de vice, oui. Attention, cela ne veut pas dire que vous devez être violent à la maison ou dans votre vie de tous les jours pour atteindre le meilleur niveau. Mais c’est un état d’esprit. Il faut viscéralement vouloir écraser ceux qui se dressent face à vous. Cela signifie concrètement qu’il faut être prêt à toujours faire plus que les autres et à tout recommencer entre chaque combat. C’est le mental et votre capacité d’abnégation qui feront que vous prendrez le dessus ou non.

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En parlant de sacrifice, vous revenez de loin. Avant de trouver l’amour et le succès, vous avez connu les dettes et les galères. Que gardez-vous de cette époque?
Fin 2014, j’ai failli tout arrêter. J’avais mis le MMA entre parenthèses. J’ai même été brièvement paysagiste. Il fallait payer les factures et, franchement, c’était galère. Mais je n’ai jamais abandonné. Ma capacité à faire des sacrifices, c’est ma grande force.

Comment avez-vous renoué avec l’octogone?
Un ami avec qui je m’entraînais tout le temps m’a poussé à m’envoler aux États-Unis avec lui. Là-bas, tu peux te faire engager pour devenir sparring partner (ndlr: un adversaire d’entraînement) des stars de la discipline. Si tu y parviens, tout est payé: ton logement, ta nourriture et même ta voiture. C’est comme cela que les choses sérieuses ont commencé pour moi. La suite est connue: j’ai gagné et encore gagné des combats de plus en plus importants. Jusqu’à ce que l’UFC vienne me chercher en 2017.

Volkan Oezdemir est surnommé «No Time» parce qu'il ne laisse généralement pas beaucoup de temps à ses adversaires avant de les allonger. Ici, un combat victorieux face Bogdan Guskov, à Paris, en septembre 2023.
Photo: AFP

Que ressentez-vous les instants qui précèdent vos combats?
Rien du tout. C’est le vide.

Même pas un peu de peur?
De la peur, jamais. Il y a des craintes légitimes, car vous avez en face de vous des gens qui peuvent sérieusement vous faire du mal, donc vous ne faites pas n’importe quoi. Mais, pour moi, cela ne va pas plus loin.

Vous dites cela par pudeur? Même le célèbre boxeur Mike Tyson confiait être terrorisé jusqu’au moment d’entrer sur le ring.
C’est vrai, il se mettait dans tous ses états et pleurait.

Vous avez déjà pleuré avant un combat?
C’était dans une situation très particulière. J’avais 18 ans et un gars m’avait proposé d’aller boxer en Thaïlande avec lui quelques mois. J’ai pris les billets et je suis parti. Lui n’est finalement jamais venu. Je me suis retrouvé tout seul là-bas. Je me suis entraîné trois mois, puis la vie m’a amené à un festival au nord du pays, dans les terres. On m’y a demandé si je voulais combattre. J’ai accepté, sans trop réfléchir.

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«Et là, comme Mike Tyson: je suis entré sur le ring et plus rien d’autre n’existait»
Volkan Oezdemir, combattant fribourgeois à l'UFC
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Vous étiez prêt à vous battre?
J’étais gros, vraiment en mauvaise condition physique. Mais j’étais jeune. Les organisateurs m’ont présenté mon adversaire et m’ont fait combattre le soir même. Il faut savoir qu’en boxe thaï, il n’y a pas de vrai échauffement. On te recouvre le corps d’une mixture chauffante, une pâte qui ressemble à du baume du tigre. La sensation était horrible! Tout mon corps brûlait, je souffrais affreusement.

D’où vos larmes?
Oui. Pendant qu’on m’amenait au combat, j’avais juste envie de m’effondrer et de renoncer. Il faisait chaud, je ne comprenais rien à ce que les gens me disaient… C’était l’horreur. Et là, comme Mike Tyson: je suis entré sur le ring et plus rien d’autre n’existait. J’étais dans mon truc, à fond. C’était une expérience incroyable.

Aujourd’hui, de quoi rêvez-vous?
De la ceinture de champion des lourds-légers à l’UFC.

Volkan et Bruna se sont mariés à l'église le 20 juillet 2024.
Photo: D.R.

Et dans votre vie privée?
En plus de la ceinture, j’aimerais avoir ma salle à Fribourg ou dans le coin pour développer mon sport en Suisse. J’aimerais beaucoup que ma femme puisse travailler avec moi, que nos enfants viennent nous dire bonjour, jouer sur les tatamis et pourquoi pas s’entraîner. Je les vois bien s’amuser et faire des roulades… J’aimerais aussi que nous soyons confortables dans notre maison et à tous les niveaux. Je pense au long terme.

Vous avez déjà tout planifié!
Dans la vie, si on ne sait pas où l’on va, on ne fait pas les bons choix.

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