Le Conseil national entre en matière
Premier pas en vue d'une meilleure protection de la biodiversité

La faune et la flore devraient être mieux protégées en Suisse. Malgré l'opposition d'une partie du camp bourgeois, le National est entré en matière mardi, par 106 voix contre 78, sur le contre-projet à l'initiative dite biodiversité.
Publié: 20.09.2022 à 12:50 heures

Face au déclin de la biodiversité, le Conseil fédéral entend agir. Il ne veut pas aller aussi loin que l'initiative, mais propose de protéger 17% de tout le territoire suisse contre seulement 13,4% actuellement. Les aires de protection devraient aussi être mises en réseau. Il s'agit de garantir les habitats de la faune et la flore.

Ces propositions ont fait l'objet de vifs débats au National. Deux jours ont été nécessaires pour épuiser la cinquantaine d'orateurs inscrits pour s'exprimer durant la seule entrée en matière.

L'opposition est principalement venue de l'UDC et du Centre. «Accorder davantage de surfaces à la protection de la biodiversité entre en conflit avec d'autres activités», a pointé Benjamin Roduit (C/VS), en référence à l'agriculture et aux centrales hydroélectriques. Des terres cultivables seront perdues et la sécurité alimentaire mise en péril, a complété Sidney Kamerzin (C/VS).

La question de la protection de la biodiversité agite le Conseil national. (image d'illustration)
Photo: GAETAN BALLY
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L'agriculture alimentaire de proximité diminuera au profit de l'importation de denrées alimentaires, a relevé Jacques Nicolet (UDC/VD). Et de rappeler que les agriculteurs perdent déjà plus de 3000 hectares chaque année en raison de la bétonisation du pays. «Les paysans seront la seule corporation à passer à la caisse», a encore dénoncé l'agriculteur. Et ce alors qu'ils doivent déjà dédier 7% de leurs terres à la biodiversité.

En Suisse, un tiers des espèces sont gravement menacées

L'inquiétude face à la perte de biodiversité l'a toutefois emporté. «Nous assistons à la sixième extinction de masse du vivant», a rappelé Valentine Python (Vert-e-s/VD). Au niveau mondial, près d'un millier d'espèces vivantes disparaît chaque année. En Suisse, un tiers des animaux, plantes et champignons est gravement menacé.

«Le rythme de disparition est de plusieurs centaines ou milliers de fois plus rapide que le taux naturel», a poursuivi la climatologue. «Nos petits-enfants devront-ils aller au zoo pour voir à quoi ressemble un renard?», s'est interrogée Céline Weber (PVL/VD).

«Nous avons besoin d'un écosystème varié et d'une biodiversité riche», a également plaidé Daniel Ruch (PLR/VD). «Environ 30% de la production agricole dépend d'un animal pour la pollinisation», a ajouté Baptiste Hurni (PS/NE). Et de prendre l'exemple des abeilles, dont la diversité est cruciale.

«Opposer l'agriculture à la biodiversité ne fait aucun sens»

La biodiversité est également un réservoir pour les futurs médicaments. Plantes, champignons et bactéries sont utilisés pour de nombreux médicaments. Le potentiel est énorme. «La perte de biodiversité nous fait perdre des opportunités», a-t-il continué.

«Opposer l'agriculture à la biodiversité ne fait aucun sens», a tenté de modérer la ministre de l'environnement. «L'agriculture joue un rôle très important pour la biodiversité, et la biodiversité est tout aussi importante pour l'agriculture.» Et Simonetta Sommaruga de plaider pour le contre-projet. Elle a été suivie.

Les débats se poursuivent. Ils devraient se focaliser autour de l'infrastructure écologique et de l'objectif de 17% d'aires centrales de protection. L'UDC veut le biffer, alors que la gauche et les Vert'libéraux souhaitent le faire passer à 20% d'ici 2030, puis à 30% d'ici 2040.

(ATS)

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