Le conseiller national UDC Nicolas Kolly
«Avec ses revendications wokistes, Nemo affaiblit des droits durement acquis»

Après le point de l'artiste Nemo et le conseiller fédéral Beat Jans sur les personnes non-binaires, le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Nicolas Kolly fulmine. Selon lui, le ministre de la Justice ferait mieux de s'occuper des «vrais» dossiers.
Publié: 19.06.2024 à 13:40 heures
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Dernière mise à jour: 19.06.2024 à 14:35 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

L'annonce de ce rendez-vous, juste après la victoire de Nemo à l'Eurovision, avait fait couler beaucoup d'encre. C'est désormais fait: l'artiste a rencontré le conseiller fédéral Beat Jans ce mardi 18 juin, à Berne.

Dans son tube victorieux «The Code», la personnalité biennoise évoque la question des non-binaires, dont iel (pronom personnel neutre) fait partie. À la suite de cet entretien, le ministre à la tête du Département fédéral de justice et police (DFJP), n'a pas parlé d'une éventuelle reconnaissance d'un troisième genre, mais a fait savoir que des améliorations pour les personnes concernées étaient en cours.

Des discussions et des démarches qui ont le don d'agacer le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Nicolas Kolly. Dans cet interview accordé à Blick, le Fribourgeois critique les «revendications wokistes» de Nemo et l'inaction de Beat Jans concernant «le chaos de l'asile». En outre, le parlementaire s'oppose frontalement à l'idée d'un troisième genre officiel, à l'instar de la majorité des Suisses d'après un sondage de Tamedia, et plaide pour «un système basé sur la binarité des sexes».

Le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Nicolas Kolly dit apprécier «l'artiste» Nemo, beaucoup moins «le militant» Nemo.
Photo: Keystone

Nicolas Kolly, à la suite de la rencontre entre Beat Jans et l’artiste non-binaire Nemo ce mardi, le conseiller fédéral à la tête de la Justice a déclaré que son but est de permettre «une société ouverte et tolérante dans laquelle chacun est intégré et chacun se sent intégré». Vous ne partagez pas cet idéal?
Ce que je constate surtout, c’est que le conseiller fédéral Beat Jans est visiblement davantage préoccupé par Nemo et ses préoccupations wokistes que par ses vrais dossiers urgents, dont fait partie le chaos de l’asile.

Pour vous, débattre du troisième genre, cela revient à discuter le sexe des anges?
Oui. D’autant plus que, sur le fond, la reconnaissance éventuelle d’un troisième genre poserait de sérieux problèmes légaux.

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«Le sexe est une donnée objective sur laquelle se fondent nos droits et nos obligations, tandis que le genre est une donnée subjective basée sur un ressenti»
Nicolas Kolly, conseiller national UDC fribourgeois
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Lesquels?
Notre système est basé sur la binarité des sexes. On sait maintenant que le sexe et le genre sont deux choses différentes, d’accord. Mais le sexe est une donnée objective sur laquelle se fondent nos droits et nos obligations, tandis que le genre est une donnée subjective basée sur un ressenti. Et comment faire coïncider un ressenti avec nos droits et devoirs?

En reconnaissant administrativement un troisième genre comme l'Allemagne il y a plusieurs années, par exemple… Ce n’est pas aussi simple?
Dans les faits, la notion de ressenti est très difficile à mettre en place. Prenons un exemple par l’absurde. Demain, devra-t-on marquer l’âge en fonction du ressenti? Et quel âge fera foi pour l’AVS? L’âge objectif ou subjectif?

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Restons dans la philosophie et la sculpture sur nuage. L’UDC se revendique comme étant le parti des libertés. La première liberté pour Nemo, ça ne serait pas qu’iel puisse être officiellement qui iel est vraiment?
Je ne crois pas. Avec ses revendications wokistes, le chanteur affaiblit des droits durement acquis qui permettent l’égalité homme-femme. Dans le fond, l’option qui consisterait à supprimer le sexe dans le système légal reviendrait à supprimer toute une série de droits spéciaux qui profitent aux femmes.

Vous genrez Nemo au masculin. Pas question d’utiliser le pronom non-binaire «iel»?
Je trouve cela absurde. Dire «iel» n’amène rien. Je pourrais le faire pour Nemo et après, je dois dire quoi? Le chanteur? La chanteuse? Le chanteureusex? Cela reviendrait à modifier notre langue et donc notre culture.

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«Si je suis fier de l’artiste Nemo, j’apprécie beaucoup moins le militant Nemo»
Nicolas Kolly, conseiller national UDC fribourgeois
»

Les problématiques légales autour du troisième genre, ce sont les seules choses qui vous dérangent ou, en tant qu’homme, vous vous sentez menacé par cette revendication?
Ce n’est pas une menace. Mais il est vrai que ces demandes, qui ne cessent jamais, agacent. Aujourd’hui, c’est la reconnaissance des non-binaires. Ensuite, il faudra ouvrir la porte aux gender queers, aux gender fluides, aux agenders, etc. Cela ne s’arrête jamais.

Dans le fond, ça vous dérange que l’artiste Nemo porte un message politique?
Non, c’est son droit. Il est aussi citoyen. Le corollaire de cette activité militante, c’est que, si je suis fier de l’artiste Nemo, j’apprécie beaucoup moins le militant Nemo.

Vous écoutez les chansons de Nemo?
Je n’avais pas entendu parler du chanteur avant l’Eurovision. Depuis, je connais son tube «The Code», que j’apprécie bien. Mais cela s’arrête là.

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Le fait que la prochaine édition de l’Eurovision se déroule en Suisse grâce à la victoire de Nemo, cela vous réjouit?
À la base, oui. J’ai toujours suivi ce concours. Je trouve que réunir les nations au-delà des clivages est un beau projet. Malheureusement, l’Eurovision n’échappe pas à cette prise d’otage politique très contemporaine qui consiste à devoir affirmer à chaque occasion son militantisme wokiste, à l’instar de Nemo. J’ai l’impression que cette année, on n’a fait que de parler d’Israël et de Palestine et pas de musique.

Ce n’est pas vraiment étonnant au regard du drame qui s’y joue, non?
Je trouve qu’on doit avoir le droit à des parenthèses, notamment culturelles, où tous les problèmes du monde sont mis de côté. C’est ce genre de moments que devrait redevenir L’Eurovision.

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