Le Dr Philippe Morel en cause?
Ce candidat au gouvernement genevois aurait indûment greffé un foie à un Émirati

Le Dr Philippe Morel, candidat MCG au gouvernement genevois, aurait greffé un foie à un riche patient des Emirats arabes unis en 2006. Problème: l'Émirati aurait indûment pris la place d’un patient suisse décédé peu après, révèle «Heidi.news».
Publié: 21.04.2023 à 11:19 heures
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Dernière mise à jour: 21.04.2023 à 11:45 heures
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

L'«affaire», qui date d'il y a dix-sept ans, ressort à dix jours du second tour des élections genevoises du 30 avril prochain. Dans une grande enquête, «Heidi.news» révèle que le Dr Philippe Morel, candidat du Mouvement citoyens genevois (MCG) au Conseil d'État de Genève, est accusé d'une faute professionnelle, qui aurait été commise en 2006, et qui aurait coûté la vie à un Zurichois.

En résumé, le chirurgien viscéral de renom aurait «greffé un foie à un riche patient des Émirats arabes unis, qui a pris indûment la place d’un patient suisse décédé peu après», écrit le média d'enquête.

Le 21 avril 2006, Philippe Morel occupe le poste de professeur de chirurgie et spécialiste de chirurgie viscérale, aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ce jour-là, il aurait réclamé le foie d’un donneur décédé le jour même à l’autre bout de la Suisse, pour un patient souffrant d’une sévère cirrhose, logé au 9ᵉ étage des HUG. Il s'agit ni plus ni moins de l'étage privé, celui des chefs d'État et des grandes fortunes. Le patient en question serait un membre de la famille royale émiratie.

Le 21 avril 2006, Philippe Morel occupe le poste de professeur de chirurgie et spécialiste de chirurgie viscérale, aux HUG. Ce jour-là, il aurait réclamé le foie d’un donneur décédé le jour même à l’autre bout de la Suisse. (Image d'illustration)
Photo: keystone-sda.ch

D'après «Heidi.news», avant cette date déjà, le chirurgien a pu faire inscrire le riche patient comme receveur par Swisstransplant — alors qu’il ne vivait pas en Suisse et n’était pas assuré ici. Deux prérogatives pour pouvoir être sur la liste.

Swisstransplant aurait accepté de faire une exception pour l'Émirati, mais seulement à condition qu'aucun receveur suisse ne doive bénéficier de l'organe en priorité. (À noter que le médecin et candidat MCG était, à cette époque, à la fois membre du Conseil de fondation et du Comité médical de Swisstransplant.)

Un Zurichois décédé

Mais ce n'est pas exactement comme cela que ça s'est passé, si l'on en croit le média suisse, et les documents dont il fait état. Le Dr Morel aurait insisté pour faire venir le foie à Genève, le 21 avril 2006, pour le donner à l'Émirati. Ceci alors qu'un patient zurichois était prioritaire, selon un rapport de Swisstransplant exhumé en 2016 seulement et jamais paru jusqu'à présent. «Heidi.news» a publié un résumé dudit rapport, qui parle de fait d'«abus», et même d'illégalité.

Car «le patient suisse auquel ce foie devait être attribué est [...] décédé en liste [d’attente] peu après», peut-on lire dans le résumé du rapport. Tout cela aurait valu un blâme de la part de Swisstransplant à Philippe Morel, à l'époque.

Morel nie en bloc

Confronté par «Heidi.news», le candidat MCG aux élections genevoises invoque le secret de fonction, tout en se défendant: «Cette transplantation était parfaitement légale. [...] Tout ceci, à une semaine des élections, est un travail de sape de la part de quelqu’un de malveillant qui vous a transmis des documents qui sont soit des faux, soit partiels.» Il affirme également que l'Émirati n'était pas «son» patient.

Dans les colonnes de la «Tribune de Genève» cette fois, qui l'a aussi contacté, le Dr Morel assure même qu'il «donnera une suite pénale» à cette affaire.

Mauro Poggia (MCG), actuel président du Conseil d'Etat genevois et ministre de la Santé, vole au secours de son collègue de parti, qu'il aimerait voir lui succéder à l'issue des élections du 30 avril prochain.

Dans le «Temps», le magistrat affirme que le chirurgien n’a pas été rémunéré pour cette intervention: «C’est interdit dans le cas des transplantations pour des raisons éthiques, précisément pour éviter les passe-droits.»

Et Mauro Poggia d'ajouter: «Je n’ai aucune raison de ne pas croire Philippe Morel à ce sujet». Le ministre évoque l'hypothèse de simples règlements de comptes entre médecins, pour expliquer la résurgence de cette affaire.

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