Le magot lui file sous le nez
Il trouve 5000 pièces d'or, la justice lui en laisse 19!

Un homme a trouvé des pièces d'or pour plus d'un million de francs sur un chantier vaudois. Parce qu'il a menti dans un premier temps sur la taille du magot, la justice lui attribue largement moins que les 50% théoriques. Le bras de fer dure depuis cinq ans.
Publié: 08.11.2021 à 11:06 heures

Depuis cinq ans, c'est une histoire digne d'un film qui se trame entre Saint-Prex (VD) et la justice vaudoise. Fin 2016, un homme promène son chien au bord du Léman lorsqu'il voit quelque chose briller: ce sont des pièces d'or. Il y en a beaucoup — plus de 5000, largement plus que ce que l'heureux passant avait déclaré alors à la police de Morges. Le magot, immense, est estimé entre 1,3 et 1,6 million de francs.

Cette découverte a donné lieu à des années de procédure, avec une question en filigrane: quelle est la «gratification équitable» dont l'homme a droit? Le débat est d'abord sémantique. Alors qu'il s'agissait d'un «trésor» dans un premier temps, ce qui aurait pu assurer 50% de la valeur au découvreur, la défense — qui représente les deux frères propriétaires du terrain — a réussi à convaincre la justice qu'il ne s'agissait que «d'objets trouvés», faisant passer la quote-part à 10%, explique «24 heures» lundi.

L'homme n'est pas au bout de ses mauvaises surprises. Parce qu'il a eu un comportement «critiquable, mais plus maladroit que malhonnête» en cachant dans un premier temps l'intégralité du butin à la police, la juge a décidé de revoir encore à la baisse sa gratification. De manière ironique, elle lui a attribué 19 des 5676 pièces d'or, parce que l'homme a avoué avoir vu «moins de vingt pièces» depuis le chemin, selon ses premières auditions. A la clé, une récompense bien maigre de 6251 francs, loin des 650'000 espérés au départ.

Plus de 5000 pièces d'or juchaient le sol d'un terrain de St-Prex, non loin des rives du Léman.
Photo: DR

«Je ne suis pas un voleur»

Un dénouement que l'homme ne peut se résoudre à accepter. Lâché par ses avocats, il veut se défendre tout seul, explique-t-il dans le grand quotidien vaudois. «ils estiment qu’il n’y a plus rien à espérer, mais moi je veux me battre car je trouve cette décision dégueulasse et aussi pour laver mon honneur», annonce-t-il. Les médias qui se sont fait écho des premiers épisodes de la saga l'auraient fait passer pour un voleur, s'étrangle-t-il. «Je m'y suis certes pris à plusieurs fois pour rendre ma découverte, mais je défie quiconque d’avoir la bonne attitude tout de suite quand vous tombez sur un truc aussi incroyable qu’un trésor.»

Le plus cruel, c'est que l'homme risque de devoir passer à la caisse en raison de sa trouvaille. En plus de se retrouver dans le box des accusés, il a accumulé pour 50'000 francs de frais de justice. Cette dernière devra statuer ces prochains mois sur le recours du malheureux. En substance, il conteste le fait de n'avoir pu voir que «moins de vingt pièces» depuis le chemin.

Quitte à contredire ses premières auditions, il assure avoir des photos qui prouvent que l'un des trois sacs était très visible, faisant monter la jauge de 19 à potentiellement plus de 1000 vrenelis. «Je pourrais, bien entendu, tirer la prise mais je ne peux m’y résoudre après tout ce que j’ai enduré et parce que je ressens très fortement un sentiment d’injustice», conclut-il dans «24 heures».


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