Le marché du travail suisse en 4 points
Il y a 17% de chômeurs de plus que l'année passée en Suisse

Les derniers chiffres du chômage en Suisse semblent à première vue ennuyeux. Il n'y a pratiquement pas eu d'évolution par rapport au mois précédent. Pourtant, par rapport au même mois de l'année précédente, les changements sur le marché du travail sont alarmants.
Publié: 09.04.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2024 à 06:46 heures
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Sarah Frattaroli

Les apparences sur le marché du travail suisse sont trompeuses. En mars, il y avait apparemment 3000 chômeurs de moins que le mois précédent, a annoncé ce lundi matin le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). Donc tout va pour le mieux?

Pas tout à fait. Un regard plus attentif sur les statistiques montre que si l'on compare le taux de chômage au même mois de l'année précédente, la situation est tout sauf idéale. Le chômage a augmenté de 17,1% par rapport à mars 2023! Blick vous explique en quatre points comment une telle situation a pu arriver et ce qu'elle signifie pour le marché du travail suisse.

1

Le taux de chômage s'est normalisé, pas amélioré

«Le marché suisse du travail est toujours en très bonne forme», souligne le SECO, interrogé par Blick. Le taux de chômage se situe à 2,4%, soit une valeur faible en comparaison à long terme. Entre 2013 et 2017 par exemple, le taux a toujours été supérieur à 3% en moyenne annuelle.

Le chômage en Suisse a augmenté de 17% par rapport au même mois de l'année précédente.
Photo: Keystone
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La forte augmentation en pourcentage par rapport à l'année précédente est liée à l'excédent de l'économie après la pandémie. Le chômage, déjà bas, avait encore baissé pour en fait revenir à la normale. On ne peut cependant pas parler d'un retournement de tendance négatif.

2

Affaiblissement de l'économie mondiale et vagues de licenciements

En 2023, après des années de pénurie conjoncturelle de main-d'œuvre qualifiée dans tous les secteurs, les entreprises suisses ont pour la première fois annoncé un nombre croissant de licenciements collectifs. En particulier dans l'industrie orientée vers l'exportation, qui se casse les dents sur le franc fort et l'affaiblissement de la conjoncture mondiale.

Entre l'annonce d'un licenciement collectif, la procédure de consultation et le délai de préavis, il faut des mois pour que les personnes concernées apparaissent dans les statistiques du chômage. Ce n'était qu'une question de temps avant que l'évolution de l'année dernière ne se reflète dans les statistiques.

3

La pénurie de main-d'œuvre qualifiée (ou non) persiste

Contrairement à ce qui s'est passé il y a deux ans, il n'y a plus de pénurie générale de main-d'œuvre qui s'étend à toutes les branches et à tous les niveaux de formation. Mais la partie structurelle de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée nous accompagnera encore pendant longtemps.

Dans les années à venir, les derniers baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) partiront à la retraite en bonne et due forme... et il y aura beaucoup moins de nouveaux travailleurs sur le marché. Au total, 300'000 à 500'000 travailleurs, selon les estimations, manqueront à l'économie suisse dans quelques années.

4

Les statistiques ne sont qu'une demi-vérité

Selon le SECO, 100'000 personnes sont inscrites au chômage. Mais de nombreux cas de chômage structurel ne sont pas inclus dans ce chiffre. Rien qu'en mars, près de 2500 personnes sont arrivées en fin de droit. Elles ont épuisé leur droit aux indemnités de chômage et disparaissent des statistiques.

A cela s'ajoutent les femmes qui souhaitent réintégrer le marché du travail après un congé maternité. Ou des personnes qui sont employées temporairement, à temps partiel ou payées à l'heure, qui souhaiteraient travailler davantage. Si l'on tient compte de ces personnes, on obtient ce que l'on appelle le taux de pénurie de travail, qui s'élève à 8,7% selon l'Office fédéral de la statistique, qui représente 441'000 personnes concernées.

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