Le marché suisse en surchauffe
Pourquoi les prix de l'immobilier suisse continuent-ils d'augmenter?

L'accession à la propriété en Suisse n'a jamais été aussi difficile depuis 20 ans. L'offre est rare, et l'on construit de moins en moins. Mais est-ce les seules raisons de l'augmentation de prix déjà élevés?
Publié: 21.07.2022 à 05:56 heures
Dorothea Vollenweider

Bien que les obstacles financiers à l’achat d’une maison soient de plus en plus élevés, les prix continuent de grimper sur le marché immobilier suisse. Même un doublement des taux d’intérêt hypothécaires n’a rien changé au cours du dernier semestre.

Les prix des maisons ont augmenté de 1,6% au deuxième trimestre 2022. C’est ce que montrent les derniers chiffres de l’évaluateur immobilier Realadvisor. Les prix des appartements ont augmenté de 1,9%. En comparaison annuelle, les hausses de prix sont considérables: plus 7,9% pour les maisons et 7,7% pour les appartements.

«Cela fait 20 ans qu’il n’a pas été aussi difficile d’acheter un logement en Suisse», déclare Jonas Wiesel, cofondateur de Realadvisor.

Bien que les obstacles financiers à l'achat d'une maison soient de plus en plus importants, les prix sur le marché immobilier s'envolent.
Photo: Thomas Meier
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Signes avant-coureurs d’une baisse des prix

Pourquoi le niveau des prix sur le marché immobilier suisse ne s’est-il pas encore stabilisé? Alors que dans certains pays voisins, des indicateurs laissent déjà entrevoir un ralentissement de la hausse.

En France, par exemple, les prix n’ont augmenté que de 1,7% depuis le début de l’année. Dans les dix plus grandes villes, la plupart des hausses sont inférieures à 0,5%. En Allemagne, les prix des maisons n'ont presque pas bougé au premier trimestre 2022, avec une croissance minime de 0,1%.

Les mises en chantier stagnent

Le problème: l’offre sur le marché immobilier suisse était et reste restreinte. Certes, le nombre de biens immobiliers proposés à la vente a augmenté de 10% en trois mois, selon Realadvisor. Mais Jonas Wiesel constate que «l’offre est toujours très limitée et bien inférieure à ce que nous avons observé il y a deux ans». Selon lui, il est difficile d’imaginer si le nombre de biens mis en vente augmentera de manière significative à moyen terme.

On peut également trouver une explication avec le nombre de permis de construire, qui n’a pas augmenté depuis 2014. Les dépenses de construction ont également stagné l’année dernière. Les investissements dans le génie civil ont augmenté de 1% tandis que ceux dans le bâtiment ont baissé de 0,4%.

Les investissements dans la construction ont reculé de 0,1% au total, comme le montrent les derniers chiffres sur la construction de l’Office fédéral de la statistique (OFS).

Le budget des ménages est mis à rude épreuve

L’offre sur le marché du logement ne va donc pas augmenter de sitôt. Mais la demande devrait diminuer, ce qui permettrait d’apaiser un peu le marché immobilier en surchauffe. Car outre la hausse des taux hypothécaires, l’inflation des prix à la consommation et la hausse des prix de l’énergie pèsent sur les dépenses obligatoires des ménages.

Cela se répercute sur le compte d’épargne des Suisses. Et désavantage les acheteurs de maisons lorsqu’il s’agit de réunir les fonds propres nécessaires au financement. Il est donc bien possible que nous soyons bientôt confrontés à une détente sur le marché immobilier, malgré la pénurie d’offres.

(Adaptation par Mathilde Jaccard)


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