Le plafond salarial est souvent ignoré
Ces villes suisses paient leurs politiciens bien mieux que prévu

Malgré un plafond voté en 2007, la ville de Berne paie très bien ses politiciens. L'UDC Janosch Weyermann en a fait un argument de campagne et ne veut pas plus de 200'000 francs. Le salaire du syndic de Lausanne avait lui aussi provoqué des remous en Suisse romande.
Publié: 08.08.2024 à 11:59 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2024 à 13:57 heures
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Sophie Reinhardt et Tobias Bruggmann

En Suisse, on a du mal à parler salaire. Mais c'est un sujet tabou que vient de briser le politicien bernois de l'UDC Janosch Weyermann. Ce dernier souhaite prendre place au gouvernement de la ville de Berne à l'automne et fait de son futur salaire un argument de campagne: «Je me contenterais d'un salaire annuel de 200'000 francs!» Comme un doux rappel de l'augmentation perçue par le syndic de Lausanne Grégoire Junod, pour atteindre un salaire de 278'531 francs.

Depuis l'acceptation de l'initiative «200'000 francs, ça suffit» en 2004, la ville de Berne a un plafond salarial. Pourtant, les sept conseillers municipaux gagnent aujourd'hui davantage. Cette année, les quatre membres du conseil municipal et le maire Alec von Graffenried reçoivent 235'000 francs. Car l'initiative prévoit que le renchérissement puisse être compensé rétroactivement à partir de 1999.

«Les gens "normaux" ne comprennent tout simplement pas cette évolution et ce salaire», déclare l'UDC à Blick. Il sait que sa propre réduction de salaire qu'il a proposée ne représente qu'une petite contribution. Mais ce qui compte pour lui, c'est que la volonté du peuple soit respectée et qu'un signe soit donné contre les salaires trop élevés.

A Berne, la population a accepté l'initiative «200'000 francs, ça suffit». Le gouvernement reçoit tout de même plus. Grâce à la compensation du renchérissement, ce sont 235'000 qui atterrissent chaque année sur le compte.
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Le plafond salarial n'est respecté qu'à moitié

Mais qu'en est-il dans les autres localités urbaines de Suisse? Blick a demandé aux dix plus grandes villes du pays combien gagnent les gouvernements. La réponse devrait être facile, pourrait-on penser (naïvement). Car, des initiatives de plafonnement des salaires ont aussi été acceptées à Lucerne, Zurich et Bienne. Mais parmi elles, seule Bienne s'y tient strictement.

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La situation est différente dans la ville de Zurich. Le titre de l'initiative y était «220'000 francs de salaire annuel, ça suffit». Les Zurichoises et les Zurichois l'ont approuvée en 2000. Toutefois, le salaire peut être augmenté à cause du renchérissement depuis le 1er janvier 1999.

C'est aussi pour cette raison que la maire Corine Mauch ou par exemple le conseiller municipal Filippo Leutenegger gagnent aujourd'hui plus de 255'000 francs. A Lucerne aussi, malgré la ceinture salariale, la compensation du renchérissement permet d'avoir chaque année plus de 13'000 francs de plus dans le porte-monnaie que ce que demandait l'initiative.

Notre enquête auprès des exécutifs municipaux montre également que ce sont les Bâlois qui gagnent le mieux leur vie. Les membres du Conseil d'Etat de Bâle-Ville reçoivent entre 304'000 et 324'000 francs par an au maximum. Leur salaire augmente avec le nombre d'années de mandat. En 2024, le salaire annuel moyen est de 313'000 francs, annonce un porte-parole. Bâle justifie ce salaire comparativement élevé par le fait que le gouvernement de la ville est aussi le gouvernement cantonal.

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