Le poisson d'élevage nuit aux océans
Greenpeace critique les rabais accordés par Migros et Coop sur le saumon

Greenpeace Suisse critique les promotions de Noël de Migros et Coop sur le saumon d'élevage, considéré nuisible à l'environnement. Les détaillants se défendent et affirment répondre à la demande des clients.
Publié: 19.12.2023 à 06:13 heures
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Dernière mise à jour: 19.12.2023 à 06:50 heures
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Joschka Schaffner

Une querelle s'invite autour des repas de Noël: l'organisation de protection de l'environnement Greenpeace Suisse reproche à Migros et Coop de proposer des rabais nuisibles à l'environnement à l'occasion des fêtes de fin d'année. En ligne de mire, le saumon atlantique issu de l'aquaculture. 

Selon une évaluation de Greenpeace, il fait partie des trois espèces de poisson dont le prix a été le plus fortement réduit. «Les détaillants bradent le poisson à un prix dérisoire», affirme Barbara Wegmann, experte en consommation chez Greenpeace Suisse.

Selon l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), les Suisses mangent neuf kilos de poisson et de crustacés par an et par personne. Depuis des années, c'est le saumon qui arrive le plus souvent dans les assiettes. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la production mondiale de saumon atlantique s'élève aujourd'hui à 2,72 millions de tonnes. En 1983, la production était de 20'000 tonnes, soit une multiplication par 136.

Des rabais à perte de vue: Migros et Coop attirent les consommateurs avec du saumon d'élevage bon marché. Greenpeace ne s'en réjouit pas.
Photo: GREENPEACE
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Coop et Migros répondent aux besoins des clients

«Ces élevages aquacoles ne sont rien d'autre que des élevages de masse en mer», déplore Barbara Wegmann. De plus, les fermes de saumon nuiraient également à la population sauvage en leur transmettant des maladies.

C'est pour ces raisons que les importantes réductions de prix de Coop et Migros alarment les écologistes: selon l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), les détaillants réalisent plus de 45% de leur chiffre d'affaires sur les produits de la mer grâce à des promotions. Il s'agit de la part de chiffre d'affaires la plus élevée réalisée avec des promotions dans le secteur alimentaire. «Avec leur politique de marketing, Migros et Coop causent de gros dégâts aux poissons et à leur habitat», déclare Barbara Wegmann. Selon elle, les enseignes devraient réduire leur assortiment de poissons au lieu de stimuler la consommation par des rabais.

Interrogées par Blick, Migros et Coop se défendent face aux reproches de Greenpeace. Les détaillants font savoir qu'ils se basent sur les besoins des clients. «Nous enregistrons en permanence une forte demande de saumon et de saumon fumé, c'est pourquoi nous proposons plus d'actions», écrit Migros.

Les labels de durabilité ne tiennent pas tous leurs promesses

Comme l'indique Coop, la part de saumon certifié durable représente environ 70% du chiffre d'affaires total, et même 85% pour les actions. Pour les produits d'aquaculture, l'entreprise ne proposerait que des labels classés au moins comme recommandables par le WWF Suisse et contrôlés chaque année.

Même si les certifications de durabilité sont préférables à l'absence de certification, Greenpeace estime qu'elles ne sont pas toujours sans problème. Une étude récente de l'ONG écossaise Wildfish montre par exemple que les fermes de saumon certifiées en Écosse utiliseraient des pesticides et que les saumons vivraient dans des conditions catastrophiques. Selon l'étude, les exploitations qui ne respectent pas les normes du label de durabilité peuvent néanmoins conserver leur certification.

«Nous ne tolérons pas les abus présumés en matière de bien-être animal et exigeons donc, si nécessaire, des améliorations claires de la part des organisations labellisées», écrit Migros. Elle renvoie à son propre système d'évaluation M-Check. Le contrôle du poisson est effectué par le Sustainable Fisheries Partnership (SFP), qui a développé les critères d'évaluation en collaboration avec Migros. Il existe ainsi des produits certifiés ASC et MSC qui n'obtiennent qu'un résultat moyen dans le M-Check.

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