Le roi du rap lausannois à Paléo
Kingzer, prétendant légitime à la couronne du rap game

Kingzer se produira ce samedi à Paléo. Une étape importante pour celui qui a d'abord dû être validé en France, notamment aux côtés de Ninho, avant d'être reconnu sur nos bords du Léman. Rencontre au stade de la Tuilière avec ce grand supporter du Lausanne-Sport.
Publié: 23.07.2022 à 10:15 heures
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Dernière mise à jour: 23.07.2022 à 12:06 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Son rap est puissant, parfois insolent. Son flow est tranchant, souvent percutant. Le Lausannois Kingzer décape. Et figure parmi les meilleurs kickeurs du pays. Oui, le rap romand n’existe pas qu’à Genève, où Slimka, Makala et Di-Meh ont réussi à se faire un nom loin à la ronde sous la bannière de la Superwak Clique. La capitale vaudoise a aussi son champion.

Une étoile montante d’ores et déjà signée chez Mal Luné Music, le label qui a vu évoluer Ninho, premier artiste français à avoir dépassé le cap des 200 singles certifiés d’or, de platine ou de diamant. Une star avec qui il a collaboré à plusieurs reprises et qui l’a propulsé dans la cour des grands — son featuring avec Ninho et Leto dépasse les 4,7 millions de vues sur YouTube.

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Mais c’est seul qu’il se produira samedi soir à Paléo pour défendre son dernier album «Fini la récré» (Club Tent, 1h30). Une première pour celui qui avoue n’avoir jamais foulé la plaine de l’Asse.

Le rappeur lausannois Kingzer se produira ce samedi à Paléo, au Club Tent.
Photo: D.R.

Lausanne pour toujours

Pour en discuter, on se retrouve devant le stade de la Tuilière, en début d’après-midi. Rien d’étonnant pour ce supporter du Lausanne-Sport qui veut porter haut les couleurs de sa ville. Il est ici chez lui. Le soleil tape fort, le béton qui recouvre la Blécherette transpire. Souriant et chaleureux, il s’excuse d’entrée pour ses quelques minutes de retard: «J’avais un shooting à Genève et ça coinçait sur la route…»

Le tout juste trentenaire a l’habitude de travailler dans la cité de Calvin. Est-il le plus Genevois des Lausannois? Il se marre. «Ma ville, c’est Lausanne, glisse-t-il en se dirigeant vers un salon VIP. Par contre, j’admire ce que les rappeurs genevois ont réussi à faire en s’unissant. Chez nous, c’est plutôt chacun pour soi et c’est dommage. Mais je crois que la nouvelle génération va changer ça.»

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Kingzer rêve de firmament. Mais il ne veut pas y monter seul. «J’ai d’abord dû me faire une place en tant qu’artiste en France avant d’être validé ici, raconte-t-il. Il y a un peu ce complexe des petits Suisses face aux grands Français. Moi, je n’ai jamais caché d’où je venais. Quand je suis passé sur Skyrock ou que j’ai fait des scènes comme le Bataclan ou l’Olympia avec Ninho, j’ai toujours revendiqué ma ville, mon pays et mes gars qui sont aussi très talentueux. Je suis fier de ce qu’on est ici et on devrait tous l’être. On doit s’entraider, j’essaie de montrer l’exemple.»

Des principes qu’il assure avoir depuis toujours. Sûrement, aussi, parce que d’autres lui ont tendu la main lorsqu’il était plus jeune. «J’ai été bercé par la culture hip-hop et par le rap grâce à mon grand frère quand j’étais enfant, raconte le Congolais d’origine. J’ai commencé à écrire mes premières rimes dans notre appartement familial de Montchoisi. C’était d’abord un peu pour rire, pour passer le temps. Mais, après un atelier d’écriture avec des amis, on a fait les choses un plus sérieusement. On a enregistré nos premiers sons quand j’avais 14 ans.»

Son premier nom de scène? Dany King. «Rapidement, DJ Baylor (ndlr: un DJ lausannois) m’a pris sous son aile et m’a produit dans plein d’endroits. C’était une période assez folle et comme il avait ce qu’il fallait pour enregistrer, j’ai pu en profiter. Au bout d’un moment, nos routes se sont séparées. Il avait son job à côté et moins de temps, mais je ne l’oublie pas.»

Période sombre et renaissance

Après une période difficile sur laquelle il ne souhaite pas revenir, Kingzer prend en 2016 le blaze qu’il porte actuellement et décide de se consacrer entièrement à la musique pour se remettre sur les bons rails. «J’ai pris du recul sur ma vie et mon frère m’a beaucoup poussé. Puis toute ma famille a suivi. Après l’école obligatoire, j’ai directement fait des stages et j’ai travaillé quatre ans comme employé de bureau. J’aimais bien ce job mais c’était difficile de le conjuguer avec le rap.»

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Il enchaîne: «J’ai été repéré par mon label grâce à des freestyles que j’ai publiés et j’ai dû faire un choix. J’ai foncé, même si je voulais d’abord conserver un emploi à côté, pour avoir un filet de sécurité. Mais je me suis toujours dit que si faire de la musique ne fonctionnait pas, je retournerais travailler dans un bureau ou ailleurs. Notre chance en Suisse, c’est que c’est possible de trouver du travail.»

Aujourd’hui, Kingzer, qui rêverait de faire un concert à l’Openair de Frauenfeld ainsi qu’aux Docks — salle mythique de Lausanne, s’amuse des clichés qui touchent le milieu du rap et la Suisse. Comme dans son titre «Franc Suisse». «Chez nous, contrairement à la France on n’a pas de cités, on ne vit pas cette réalité, lance-t-il. La nôtre est meilleure, heureusement. Alors pourquoi regarder avec envie une situation pourtant moins favorable? On devrait plutôt se réjouir de ce qu’on a et de ce qui fait notre force. On a de la chance!»

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