Le ticket officiel serait «une provocation»
Christoph Blocher veut un candidat sauvage au Conseil fédéral

Qui de Beat Jans ou Jon Pult doit être élu Conseil fédéral pour succéder à Alain Berset? Ni l'un ni l'autre, recommande Christoph Blocher, conseiller fédéral déchu et maître à penser de l'UDC. L'ancien politicien appelle de ses vœux une candidature sauvage.
Publié: 04.12.2023 à 08:44 heures
|
Dernière mise à jour: 04.12.2023 à 09:35 heures
Pascal Tischhauser

Il a maintenant 83 ans. Mais même à cet âge avancé, nombreux sont ceux qui estiment que Christoph Blocher continue de faire la pluie et le beau temps au sein de l'Union démocratique du centre (UDC). D'autres doutent que l'ancien maître à penser du parti ait encore la même influence qu'autrefois. Ce qui est sûr, c'est qu'il bénéficie encore de solides alliés.

Il n'est donc pas étonnant que toute la Berne fédérale prête une oreille attentive aux annonces publiques de Christoph Blocher. Dans l'épisode 848 de la série vidéo Teleblocher, l'ancien président de l'UDC brise un tabou: il ne trouve pas aberrant d'élire un candidat socialiste sauvage au Conseil fédéral.

Une «provocation»

Seule à l'Assemblée fédérale, l'UDC n'a toutefois pas la force de désigner un conseiller fédéral. Elle a besoin d'alliés. Mais le PLR et le Centre affirment qu'ils se refusent à attaquer le siège d'un conseiller fédéral en fonction.

Christoph Blocher se prononce en faveur de l'élection d'un candidat sauvage à la succession d'Alain Berset au Conseil fédéral.
Photo: STEFAN BOHRER
1/4

«En politique, on ne ment jamais autant que lors d'une élection au Conseil fédéral», déclare Christoph Blocher. Mais après l'élection d'un candidat sauvage, il serait difficile d'assumer avoir fait le contraire de ce que l'on avait promis. L'UDC a en effet souligné à plusieurs reprises qu'elle ne lancerait aucun candidat et qu'elle respecterait le ticket officiel du Parti socialiste (PS).

Mais pour le conseiller fédéral UDC déchu, ni Beat Jans ni Jon Pult ne sont éligibles. Christoph Blocher qualifie même ce ticket de «provocation». Beaucoup l'avaient déjà dit, mais la voix de Christoph Blocher porte ces critiques encore plus loin.

Vers une élection «totalement ennuyeuse»?

Le stratège blochérien recommande de s'adresser au PS en lui demandant de présenter un troisième candidat. Et même s'il vient du PS, un candidat sauvage ne serait pas un «no-go». C'est ce qui s'était passé avec Otto Stich (1927-2012) et Willi Ritschard (1918-1983), deux socialistes élus au gouvernement alors qu'ils n'avaient pas été désignés candidats par leur parti. Pour Christoph Blocher, ces deux conseillers fédéraux n'étaient pas les pires, même pour le PS.

Le chef du groupe parlementaire du Centre Philipp Matthias Bregy déclare dans la «SonntagsZeitung» qu'il n'est «pas possible qu'une crise d'Etat menace immédiatement en cas d'élection d'un candidat sauvage». Mais en même temps, il laisse entrevoir que les élections du 13 décembre seront «totalement ennuyeuses» – c'est-à-dire qu'un membre du ticket PS sera élu.

Ou pas du tout? Lors de la «nuit des longs couteaux», la veille des élections, l'hôtel Bellevue sera à nouveau au centre de l'attention. Tandis qu'au rez, les observateurs politiques, les politiciens et les journalistes feront la fête, dans les étages, les stratèges des partis bourgeois pourraient se laisser convaincre par Christoph Blocher ou ses émissaires d'élire un candidat sauvage.

Intérêts divergents pour le Centre et le PLR

Plus d'un Zurichois pourrait souhaiter y voir Daniel Jositsch, candidat malheureux à la candidature socialiste. Mais pour Christoph Blocher, Daniel Jositsch ne semble pas partir favori. Comme le président du Centre Gerhard Pfister, Daniel Jositsch veut tout simplement trop devenir conseiller fédéral aux yeux de Christoph Blocher. Cela le rend suspect.

Les chefs de partis Gerhard Pfister (Centre) et Thierry Burkart (PLR) devraient tout de même écouter ce que Christophe Blocher a à leur proposer. En fin de compte, le président du Centre souhaite obtenir un deuxième siège au Conseil fédéral pour son parti – et en occuper lui-même un des deux. Et le patron du PLR ne veut si possible pas céder son second siège. Une situation de départ difficile.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la