Le Vaudois Raphaël Mahaim renonce
«Je ne me lance pas, Lisa Mazzone fera une excellente présidente des Vert-e-s»

Le conseiller national vaudois Raphaël Mahaim renonce à se présenter à la présidence des Vert-e-s suisses, annonce-t-il en primeur à Blick. Il commente par ailleurs la candidature de Lisa Mazzone et liste les défis que le parti devra surmonter pour redresser la barre.
Publié: 24.01.2024 à 10:43 heures
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Dernière mise à jour: 24.01.2024 à 17:48 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

La Genevoise Lisa Mazzone, conseillère aux États non-réelue en automne, est candidate à la présidence des Vert-e-s suisses, dévoilait ce mardi 23 janvier Blick. Ce n'était pas la seule figure pressentie! Parmi les papables, le conseiller national vaudois Raphaël Mahaim.

L'avocat avait laissé entendre qu'il pourrait briguer la fonction. Qu'en est-il aujourd'hui? Le père de famille dévoile sa décision pour la première fois. Le jeune quadragénaire commente aussi la candidature de sa collègue du bout du Léman, qu'il juge «très bonne». Même si l'ex-sénatrice, désormais, sans mandat, avait annoncé qu'elle quittait la scène politique il y a moins de trois mois. Interview.

Raphaël Mahaim, la Genevoise Lisa Mazzone est candidate à la présidente des Vert-e-s suisses. Et vous?
Je ne le serai pas. Après de longues réflexions, je suis arrivé à la conclusion que cette fonction n’était pas compatible avec le temps que je souhaite passer en famille, avec mes enfants en bas âge. J’ai aussi envie de garder mon étude d’avocat parallèlement à mon mandat de conseiller national. Vous savez, mon petit dernier a quatre ans. Ces années de petite enfance filent à vitesse grand V et je n’aimerais pas les manquer.

Raphaël Mahaim espère être au début de sa carrière fédérale et n'exclut pas de se présenter à la présidence des écolos dans le futur.
Photo: Keystone

C’est un choix fait à contrecœur?
Non, mais il est vrai que j’aurais eu de l’intérêt pour la fonction. Un intérêt que je conserve, d’ailleurs. Porter les couleurs de l’écologie politique est un défi passionnant. Mais pour toutes les raisons évoquées précédemment, le timing n’était pas le bon.

Ça veut dire que vous n’excluez pas de vous présenter une prochaine fois à la présidence?
Ça veut dire que je suis plutôt au début de ma carrière fédérale! Enfin, j’espère! (Rires) Souvenez-vous. J’ai succédé à Daniel Brélaz au Conseil national, il y a deux ans et demi, et j’ai conservé mon siège lors des élections de cet automne. Il n’est donc pas du tout exclu que je repense à la présidence une prochaine fois. Mais à chaque jour suffit sa peine, si l'on peut dire. (Rires)

Que pensez-vous de la candidature de Lisa Mazzone?
Je pense que c’est une très bonne candidature. Pour moi, Lisa Mazzone, c’est la combinaison de la compétence sur les dossiers et de la force de conviction. Elle sera une excellente porte-parole de l’écologie politique, avec en ligne de mire l'intérêt du plus grand nombre. C’est le plus important pour présider aux destinées de notre parti.

Lisa Mazzone n’a pas été réélue au Conseil des États et n’a plus de mandat politique. Ne vaudrait-il pas mieux choisir une gagnante?
Je vois les choses vraiment assez différemment. Je crois, au contraire, que sa candidature est un symbole vivifiant pour notre démocratie de milice. Avec elle, nous disons qu’il n’est pas nécessaire d’être un éléphant confortablement installé à Berne depuis 10 ans avec plein de mandats. Le message que nous voulons faire passer est qu’il est tout à fait possible de faire de la politique à haut niveau avec un parcours différent, qui n’est pas rectiligne. Ceci dit, Lisa Mazzone a été conseillère nationale et sénatrice, elle est loin d’être une débutante. Elle connaît parfaitement la Berne fédérale.

Mais les gens aiment rarement les perdantes et les perdants. Encore moins en politique…
Nous avons toujours fait de la politique par conviction et non par calcul. Et parler de défaite concernant la non-réélection de Lisa Mazzone trahit une méconnaissance de nos élections, en particulier du contexte genevois. Elle n’a pas été réélue pour un poil, dans un contexte tendu, face à des personnalités très fortes.

Le 12 novembre, elle a annoncé en direct sur le plateau de Léman Bleu qu’elle se retirait de la vie politique. Même pas trois mois plus tard, la revoilà… Ça prête à sourire, non?
Ce soir-là, j’ai tout de suite pensé qu’elle parlait sous le coup de l’émotion et de la déception. Depuis, on était beaucoup à espérer qu’elle change d’opinion. Tout le monde comprend que les émotions sont à fleur de peau dans un moment comme celui-là! C’est une réaction humaine, parfaitement compréhensible et cohérente. Nous avons ensuite réfléchi et avons eu des discussions à l’interne. Nous sommes toutes et tous arrivés à la conclusion qu’elle avait encore beaucoup à apporter à la politique suisse. Et je suis heureux de voir qu’elle a fait le même cheminement !

Quels seront les grands défis de la prochaine présidence des Vert-e-s suisses?
À mes yeux, il n’y a pas de réflexion à avoir sur une éventuelle réorientation de la ligne de l’écologie politique que nous défendons. Nous n’avons jamais fait de la politique en allant là où souffle le vent. Le dérèglement climatique reste une préoccupation très importante pour les Suisses, même si les grandes thématiques ont été moins mises en avant lors de la campagne pour les Fédérales qu’en 2019, année de notre succès record. Il faut se rappeler que chaque crise écologique est aussi une crise sociale et une crise économique. Sociale, parce que ce sont les gens les plus modestes qui subissent les dérèglements climatiques de plein fouet. Économique, car sans résilience face aux évènements naturels, c’est la prospérité qui est affectée.

Que faut-il faire pour redresser la barre, alors?
Un grand travail de consolidation est nécessaire sur le terrain pour gagner en maturité. Nous avons grandi extrêmement vite dans les années 2000. Depuis dix ou quinze ans, nous sommes dans une importante phase de croissance. Nous sommes désormais implantés dans toutes les villes et dans tous les grands cantons. Nous avons aussi un groupe parlementaire important sous la Coupole. Mais nous sommes le premier des petits partis, ou le dernier des grands, à ne pas être représenté au Conseil fédéral. Nous devons maintenant confirmer notre entrée dans la cour des grands pour peser de façon pérenne sur la scène politique suisse.

Vous êtes optimiste?
Il y a beaucoup de travail à faire sur le terrain avec les membres, les sections, la coordination entre celles-ci. Je suis convaincu que nos propositions pour résoudre les crises écologiques et sociales ne vont que gagner en pertinence, car, malheureusement, les crises s’accélèrent.

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