Désormais, la crise touche également l'accès à la propriété, comme le montre une histoire tirée de mon cercle de connaissances: une amie s'intéressait à un bel appartement moderne de 5,5 pièces, situé directement au bord de la Limmat, dans le canton de Zurich. Pièces spacieuses, standard d'aménagement moderne... Prix de vente: 2 millions de francs. Trop, se dit-elle, avant d'appeler l'agent immobilier: «Combien seriez-vous prêt à payer ?» «1,5 million».
L'agent immobilier rit: « J'ai déjà reçu plusieurs remarques dans ce sens. Tout le monde veut payer moins.» 1,5 million de francs au lieu de 2 représenterait une réduction de 25%.
Un exemple extrême, mais trop commun. Sur le marché immobilier, la tendance s'est inversée. Ce qui était impensable il y a encore un an est désormais une réalité: les ventes d'immeubles de placement et de rendement explosent, les ventes de maisons individuelles n'aboutissent pas non plus. C'est ce qu'écrit la «SonntagsZeitung».
Grosse baisse de la demande
L'environnement des taux d'intérêt a changé et d'autres possibilités de placement, comme les obligations, sont redevenues plus attrayantes. La valeur des biens immobiliers s'en trouve diminuée. Comme les caisses de pension ne veulent pas prendre le risque d'une dépréciation, les ventes ne se font pas.
Pour les maisons individuelles, les experts immobiliers sentent que la demande diminue. Certains courtiers parlent d'une baisse de la demande de 20 à 30%.
Réduire le prix pour mieux vendre
Actuellement, Donato Scognamiglio reçoit des courriers de personnes inquiètes qui ne parviennent pas à vendre leur appartement ou leur maison et qui lui demandent conseil. Souvent, celui-ci est limpide: «Je vous conseille de faire preuve de patience ou de réduire le prix pour trouver plus d'acheteurs potentiels», explique le CEO et actuel président de la société immobilière Iazi dans le «SonntagsZeitung».
Le problème est que s'il y a encore peu de temps, les personnes intéressées par l'achat d'un logement faisaient la queue, le revers des taux d'intérêt a bouleversé le marché. La demande diminue, l'offre augmente.
«Ceux qui veulent vraiment vendre baisseront peut-être leur prix de 5% ou plus», explique Donato Scognamiglio. L'époque des prix records pour les maisons individuelles est révolue!
La campagne très affectée
C'est ce que montre également une évaluation de Wüest Partner dans les régions. Par rapport à la même période de l'année précédente, c'est en Suisse centrale ou dans l'arrière-pays que les prix des maisons individuelles ont le plus baissé (plus de 2%) au deuxième trimestre 2023.
Beaucoup de ces régions sont rurales, les revenus y sont parfois plus bas que dans les centres et les bonnes liaisons avec ces derniers font défaut, explique Robert Weinert, responsable de la recherche chez Wüest Partner. Mais même dans les régions plus urbaines ou proches des villes, les prix ont baissé jusqu'à 2%. Par exemple autour de Winterthur et de Bâle.