Les habitants de Brienz en exil
«On ne peut qu'attendre de voir ce que fera la montagne»

Depuis plus d'une semaine, les habitants de Brienz (GR) ne peuvent plus rentrer chez eux. Certes, tous ont un logement, mais la situation reste difficile. Les agriculteurs ne peuvent pas retourner dans leurs prairies.
Publié: 21.05.2023 à 20:03 heures
Thomas Müller

La montagne bouge, mais au ralenti. Comme l'«île» de roche – un volume équivalent à 2000 maisons individuelles – menace toujours de s'effondrer, le village de Brienz (GR) est vide depuis dix jours. Tous les habitants ont été évacués. Ceux-ci ne peuvent plus que regarder leur maison à l'aide de jumelles ou en direct sur Internet.

Il s'agit de 84 personnes. En temps normal, lorsqu'un immeuble est rénové en ville, on déménage simplement ses locataires dans un autre pour la durée des travaux. Mais «dans un tel village, c'est très différent», explique Christian Gartmann, membre de l'état-major de conduite communal de la commune d'Albula, dont fait partie Brienz. «Ici, les gens sont enracinés en partie depuis des générations. Brienz est leur maison.»

Des logements grâce à une grande solidarité

La grande majorité d'entre eux ont trouvé un autre logement dans un périmètre proche, par exemple chez de la famille. Une quinzaine d'entre eux ont demandé de l'aide à la commune. Grâce à la grande solidarité, des solutions ont été trouvées pour tous et toutes en l'espace d'une journée. Plus de 160 logements ont été proposés.

Depuis plus d'une semaine, Brienz (GR) est vide. Tous les habitants ont été évacués.
Photo: keystone-sda.ch
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Pour les personnes concernées, la situation reste néanmoins un énorme défi. Les agriculteurs et leur bétail n'ont pas le droit d'entrer dans leurs fermes, tous les animaux sont dans des étables étrangères. Ce serait maintenant la saison des foins, le moment pour les agriculteurs de cultiver leurs prairies. «Il est difficile d'accepter que l'on ne puisse qu'attendre de voir ce que fait la montagne», dit Christian Gartmann.

La commune a mis en place une hotline. Celle-ci ne se contente pas de réagir aux demandes, mais va aussi activement à la rencontre des personnes concernées. «Que se passera-t-il pour le village si l'île de roche tombe dessus? Combien de temps devrons-nous encore attendre?» Voilà les principales questions auxquelles les responsables n'ont pas encore de réponse.

Trois à vingt jours

On s'attend à ce que l'île se détache dans les trois à vingt prochains jours. On ne sait toutefois pas combien des deux millions de mètres cubes vont se détacher en une seule fois. Le sort des maisons des personnes concernées ne peut être exprimé que par des scénarios et des calculs de probabilité.

Le risque d'un éboulement dévastateur, à savoir qu'au moins un demi-million à deux millions de mètres cubes de matériaux se détachent en une seule fois, est estimé à environ 10%.

Dans le meilleur des cas, les personnes touchées devront patienter encore plus longtemps. Dans le pire des cas, un retour sera impossible. «Nous leur avons dit: emportez tout ce que l'assurance ne peut pas remplacer avec de l'argent. Prenez tout ce dont vous avez besoin pour faire face au quotidien», raconte Christian Gartmann.

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