Adèle Thorens Goumaz réagit
«Ce n’est pas l’échec des Verts»

La population a refusé la loi CO₂ et les deux initiatives anti-pesticides. La conseillère aux Etats vaudoise Adèle Thorens Goumaz ne cache pas sa déception et critique la majorité bourgeoise.
Publié: 13.06.2021 à 16:08 heures
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Dernière mise à jour: 13.06.2021 à 20:46 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Conseillère aux Etats verte, la Vaudoise Adèle Thorens Goumaz réagit aux résultats des votations. La loi CO₂ et les deux initiatives anti-pesticides ont été refusées par la population, d'après les dernières projections. Interview.

Ce matin, vous confiiez sur Twitter avoir «vraiment peur» alors que vous étiez dans le train pour Berne. Est-ce que cela signifie que vous vous attendiez aux résultats qui se dessinent?

Adèle Thorens Goumaz: Concernant la loi CO₂, je m’attendais à ce que cela soit serré, dans un sens ou dans l’autre. Les instruments que la majorité de droite a choisis pour appliquer l'accord de Paris n’ont pas obtenu la confiance de la population. Quel que soit le résultat final, il faut maintenant que la majorité – en particulier le PLR et le centre – se remette en question. Nous devons privilégier d’autres instruments climatiques. Plutôt que de cibler les consommateurs finaux et leur porte-monnaie, il faut contraindre les producteurs et l’industrie à l’innovation. Nous avions fait des propositions en ce sens, axées sur des prescriptions plus strictes, mais elles avaient été refusées par la majorité bourgeoise.

C’est aussi une gifle pour votre parti. Dans un contexte de vague verte, où les Verts explosent leurs précédents résultats à chaque nouvelle élection, n’avez-vous pas l’impression que la population est prête à élire des personnalités écologistes mais est plus mitigée lorsqu’il s’agit de voter des idées écologistes?

Je ne crois pas. D’abord, la loi CO₂, ce n’est pas la loi des Verts mais celle de la majorité. Elle a été défendue par le PLR et le centre. Nous nous sommes ralliés, même si les instruments choisis ne faisaient pas l’unanimité, parce qu’il faut aller vite, il y a urgence. Mais ce n’est pas l’échec des Verts. D’ailleurs, notre électorat est celui qui a le plus soutenu la loi selon les sondages. Concernant les initiatives anti-pesticides, il s’agit d’initiatives citoyennes. Les Verts les ont soutenues parce que nous estimons qu’elles vont dans le bon sens. Cela dit, ces initiatives ont eu le mérite de lancer le débat sur ces problématiques en Suisse. Nous devons maintenant nous mettre autour d’une table – agriculteurs, consommateurs et écologistes – pour trouver et choisir des solutions ensemble. Mais, j’insiste: aujourd’hui, les électeurs n’ont pas dit «le climat, ça nous est égal» ou «les effets des pesticides sur la santé ne nous intéressent pas». Ils nous ont par contre clairement affirmé que les instruments proposés ne leur convenaient pas.

Le député vaudois vert Raphaël Mahaim parle sur les réseaux sociaux d’«un dimanche noir pour la Suisse et la planète». Êtes-vous aussi alarmiste que lui?

Evidemment que c’est très grave ce qu’il se passe aujourd’hui. Ces résultats vont retarder la mise en œuvre des mesures climatiques. On va devoir en trouver d’autres, et on y parviendra, mais cela va prendre du temps. Nous devons rapidement et sérieusement mettre en place de nouveau instruments sinon la Suisse n’arrivera pas aux objectifs qu’elle s’est fixés. Nous allons prendre du retard alors que nous n’étions déjà pas en avance.

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