Les Socialistes fustigent la politique financière du Conseil fédéral
La Suisse, trop anxieuse pour des problèmes d'argent qu'elle n'a pas?

Le groupe socialiste à Berne dégomme la position du Conseil fédéral sur les finances du pays, estimant que la Confédération pourrait investir mieux et plus au service des gens. Selon lui, les dépenses excessives de l'armée pourraient servir à financer d'autres causes.
Publié: 02.09.2024 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 02.09.2024 à 06:33 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Quand le Conseil fédéral parle d'argent, il serait plutôt l'Oncle Gripsou que Gatsby le Magnifique. Et les Socialistes (PS) en ont ras-le-bol. Selon le groupe du parti à la rose aux Chambres fédérales, la Confédération pourrait investir mieux et plus, au service des gens.

En prévisions des débats sur le budget 2025 et le plan financier 2025-2028, le parti s'est réuni pour coucher ses revendications sur le papier. Le texte, que Blick a pu consulter en primeur, critique vivement la position du Conseil fédéral. Selon le PS, les chiffres récents montre que la situation est meilleure que les cinq milliards de déficits annoncés par les sept sages.

Des finances «prétendument dramatiques»

Ces derniers ont monté le «groupe Gaillard» pour plancher sur les finances du pays. Il l'a fait «sous des auspices prétendument dramatiques», estime le parti de gauche.

Pour les Socialistes, la Suisse pourrait faire beaucoup mieux pour investir ses recettes au service du peuple. Les messages pessimistes du Conseil fédéral font peur aux gens, estime le parti.
Photo: Shutterstock

La ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, souhaite résoudre un «problème structurel des dépenses». Pour le groupe socialiste, ces discussions sont influencées par la droite, qui a pris des décisions hâtives, notamment en augmentant fortement le budget de l'armée.

«Pas assez d'efforts»

Le PS veut mieux exploiter les recettes du pays. Comment? En supprimant les réductions d'impôts, en annulant certains avantages fiscaux qui profitent aux plus riches et en introduisant une contribution solidaire pour les grandes fortunes. En parallèle, ils prônent la réduction des dépenses inutiles, comme celles sur l'armement et une modernisation du frein à l'endettement.

But de la manœuvre? Dans un premier temps, anticiper les résultats du groupe de travail Gaillard. «Nous pensons que la Confédération ne fait pas assez d’efforts pour trouver des nouvelles recettes», explique à Blick Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale genevoise du parti à la rose.

Des crèches plutôt que renforcer l'armée

L’idée de couper dans le budget de la solidarité internationale au profit d’une armée aux finances renforcées inquiète particulièrement la députée. Le budget de la défense, excessivement augmenté selon le PS, pourrait servir d’autres causes.

Lesquelles? Principalement les crèches, la lutte contre le réchauffement climatique, la défense de la classe moyenne et l’aide internationale. D’autant que les dépenses de l'armée ne sont pas liées. Ses fonds peuvent être utilisés par d’autres Départements.

Le frein à l'endettement, une «fixation»

Par ailleurs, le frein à l'endettement, voté par le peuple il y a presque 25 ans, devrait être assoupli. «Nous contestons cette fixation idéologique de ne pas vouloir le moderniser, développe la conseillère nationale. Nous ne voulons pas le supprimer, mais l’assouplir et l’adapter à la réalité d’aujourd’hui.»

Dans un contexte économique morose, toucher à ce qui participe à la sécurité financière de la Suisse ne risque-t-il pas d’effrayer? «Nous sommes l’un des pays les moins endettés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelle Laurence Fehlmann Rielle. On ne s’autorise pas à réinvestir les excédents dans d’autres domaines. Tout passe dans le comblement de la dette.»

Les Socialistes en colère

L’élue le dit clairement: ce pessimisme énerve beaucoup le groupe socialiste au National. Le déficit prévu dès 2027 atteindrait plutôt 1,6 milliard de francs, et non les 2,6 annoncés.

«Le Conseil fédéral a toujours des explications, comme le fait de repousser des dépenses, tance l’élue socialiste. Mais il se retrouve avec une perte moins importante que prévu, et ces annonces alarmistes font peur aux gens. C’est une excuse pour justifier qu’on resserre le cordon de la bourse.»

Un pays riche peut se permettre d'investir

Les revendications du PS sont aussi celles des Suisses, estime le parti. «Le pouvoir d’achat est menacé, les salaires n’ont pas augmenté», résume Laurence Fehlmann Rielle.

Pour l'élue et son parti, l'anxiété du Conseil fédéral n'apporte rien de bon. «La Confédération pourrait financer la formation, répondre aux besoins de crèches… La Suisse est l’un des pays les plus riches du monde et peut se permettre d’investir pour les gens!»

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