Les syndicats s'opposent aux idées bourgeoises
«On gagne moins, et maintenant il faudrait bosser le dimanche?»

Certains conseillers aux Etats bourgeois veulent faire travailler la population le dimanche et la nuit afin d'éviter un black-out. Le supplément pour le travail du dimanche disparaîtrait. Les syndicats sont outrés.
Publié: 18.09.2022 à 14:07 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2022 à 14:26 heures
Thomas Müller

Au téléphone, Pierre-Yves Maillard s'étrangle. «Tout devient plus cher alors qu'on reçoit toujours moins, et maintenant il faudrait travailler le dimanche?» Le conseiller national socialiste et surtout président de l'Union syndicale suisse a de plus en plus de mal à comprendre la politique «unilatérale» de la droite.

La raison du courroux du Vaudois? La proposition de la conseillère aux États du Centre Andrea Gmür d'assouplir la loi du travail en cas de pénurie d'énergie. En clair: les Suisses pourraient aussi travailler la nuit et le dimanche, histoire de réduire les pics de consommation d'énergie et d'éviter un black-out. La proposition rencontre un énorme soutien dans le camp bourgeois.

«Une provocation»

Certes, Andrea Gmür insiste auprès de Blick sur le fait qu'elle ne veut pas faire fi de la protection des travailleurs. Les entreprises devraient déposer une demande si elles souhaitent faire travailler leurs collaborateurs en dehors des horaires habituels. L'assouplissement ne doit également s'appliquer qu'en cas de pénurie d'énergie.

Si l'électricité vient à manquer, il est prévu de travailler le dimanche et la nuit.
Photo: Getty Images
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Cela n'empêche pas une forte levée de bouclier des syndicats. Adrian Wüthrich, ancien conseiller national du PS et président de Travailsuisse, n'est pas tendre avec la proposition de la sénatrice lucernoise: «En plus d'être inutile, cette initiative constitue une provocation dans une situation déjà tendue.»

«Les bourgeois rivalisent d'idées pour augmenter la pression sur les travailleurs», dénonce Pierre-Yves Maillard.
Photo: Siggi Bucher

Le supplément du dimanche visé

Comme «PYM», Adrian Wühtrich s'étrangle qu'on puisse demander de nouveaux efforts aux travailleurs sans contrepartie. Il relève également le paradoxe de demander des sacrifices aux citoyens pour que l'économie puisse continuer à tourner.

Travailsuisse s'oppose fermement à tout assouplissement de la loi sur le travail. C'est ce que le syndicat a écrit dans un document publié cette semaine, dans lequel il a publié ses revendications en rapport avec la crise énergétique.

La proposition ne mentionne pas la suppression de la majoration du salaire dominical, mais Andrea Gmür a confirmé que c'est ce qu'elle avait en tête. En effet, le travail dominical peut déjà être autorisé temporairement dans certaines situations, mais les employeurs doivent payer aux employés un supplément de 50% le dimanche.

Il n'est pas certain que les entreprises soient prêtes à payer ce supplément, surtout au vu de la hausse des prix et des revendications salariales.

Economiser au lieu de consommer le dimanche

Pour Pierre-Yves Maillard, cette intervention est l'une des nombreuses tentatives d'assouplir la protection des travailleurs: «Les élus bourgeois ont toujours un prétexte pour augmenter la pression sur les travailleurs», dénonce-t-il. Selon le Vaudois, on pourrait aussi obtenir beaucoup avec une gestion planifiée et raisonnable de l'électricité et des économies d'électricité.

Pour l'instant, il s'agit d'économiser l'électricité pour que d'autres mesures ne soient pas nécessaires, estime également Adrian Wüthrich. «Si l'électricité est simplement consommée le dimanche ou la nuit, elle ne sera pas économisée», déplore-t-il.

Adrian Wüthrich n'avait pas été réélu en 2019 pour le PS.
Photo: Keystone

S'il devait vraiment y avoir une situation de pénurie, on pourrait parler de travail dominical temporaire dans certaines branches, concède-t-il aux bourgeois. Mais pour le syndicaliste, il est clair que cela doit se faire dans le cadre des lois existantes.

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