Les ventes s'effondrent
Le manque de neige est une catastrophe pour les magasins de sport alpins

La douceur de l'hiver attire moins de monde sur les pistes. Les vendeurs et les loueurs d'articles de sports d'hiver le ressentent également. Là encore, les magasins situés en moyenne altitude souffrent davantage que ceux situés dans les hautes Alpes.
Publié: 07.01.2023 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 07.01.2023 à 11:19 heures
Jean-Claude Raemy, Martin Schmidt

Chaussures de ski troquées contre chaussures de randonnée: la douceur de l'hiver nuit aux affaires des magasins de sport, qui vivent particulièrement de la vente ou de la location d'articles d'hiver.

De nombreux petits entrepreneurs sont sous pression, par exemple dans l'Oberland bernois. «Nous avons connu le pire début d'hiver depuis des années, ce qui a entraîné une baisse d'environ 30% de notre chiffre d'affaires», explique Gusti Oehrli, propriétaire d'Edelweiss Sport à Gstaad (BE).

«Nous ne pourrons pas rattraper cela cette saison». Selon lui, la location et la vente d'équipements de ski en magasin sont touchées de la même manière. Et il entend la même chose de la part des autres commerçants de sport de la station.

Le manque de neige pose problème à Gstaad.
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Gusti Oehrli, légende suisse de la descente, exploite son magasin de sport depuis 25 ans déjà. «Pourtant, nous avons eu cette saison à Gstaad un grand nombre de personnes», explique-t-il. Mais de nombreuses familles n'ont loué des skis que pour les enfants et ont renoncé à skier en raison des mauvaises conditions.

«La vente s'effondre»

Et la situation n'évolue pas dans le bon sens. Normalement, de nouveaux visiteurs devraient déjà arriver à Gstaad. Mais Gusti Oehrli craint que certains changent d'avis: «Actuellement, la vente s'effondre complètement».

Même un gros rabais n'aiderait pas: «Si nous donnions la marchandise gratuitement, nous pourrions peut-être offrir deux paires de skis par jour en ce moment.» De toute façon, un rabais n'est pas envisageable pour le commerçant, qui a acheté la marchandise à un prix élevé. De plus, la haute saison, où les enseignes font leur plus gros chiffre d'affaires, est courte.

L'hiver actuel rappelle au propriétaire l'année 2016: à l'époque aussi, le manque de neige avait gâché les affaires. «Les magasins qui sont en activité depuis longtemps peuvent compenser les mauvais hivers avec leurs réserves. Mais dès que cela s'accumule, nous avons un problème.»

Forcés à baisser les prix

En Suisse orientale, la situation n'est guère plus avantageuse. «Les ventes ne sont pas satisfaisantes jusqu'à présent», constate Ramon Wehrli, propriétaire de Beat Sport avec des filiales à Saint-Gall.

La clientèle manque parce qu'il n'y a pas de neige à des kilomètres à la ronde, ce qui ne donne guère envie de pratiquer les sports d'hiver. «Au 5 janvier, il manquait environ 20% du chiffre d'affaires par rapport à la saison dernière», résume-t-il.

Les locations saisonnières ont été à peu près les mêmes que la saison dernière. Ceci parce que, selon lui, beaucoup de personnes réservent leur location déjà fin octobre ou début novembre. Malgré cela, l'activité est touchée dans son ensemble. «La location journalière est actuellement à mille lieues de la saison dernière», explique le propriétaire.

Le magasin de sport a ainsi recours à des actions sur les prix. «Cela ne correspond pas à notre modèle commercial, surtout à cette période», déplore Ramon Wehrli.

Le fait que l'on assiste à un déplacement des activités des sports d'hiver vers des activités «automnales» comme la randonnée et le vélo permet de remédier quelque peu à cette situation. Les mécaniciens des ateliers de vélo de Beat Sport ont plus de travail que l'année dernière à la même époque.

Plus c'est haut, mieux c'est

Les régions situées en altitude s'en sortent mieux. Cela se reflète également dans les magasins de sport. Nico Pesko, du magasin de vêtements de sport du même nom dans la commune grisonne de Lenzerheide, annonce que les chiffres d'affaires entre Noël et le Nouvel An sont «presque au même niveau que l'année dernière», avec une baisse de seulement 2%.

La location se déroule «étonnamment bien» et est satisfaisante compte tenu des circonstances, précise-t-il. Aucune action sur les prix ne serait nécessaire, d'autant plus que la saison vient à peine de commencer.

A Saas-Fee, en Valais, les magasins de sport n'ont pas non plus de raison de se plaindre. «Nous avons commencé l'hiver aussi bien que l'année dernière», déclare Patrick Fux, de Cesar Sport, qui gère avec sa famille trois magasins dans la station. Il faut dire que sur le domaine skiable, il y a même plus de monde cet hiver que lors de la saison dernière, déjà très forte, grâce à l'enneigement garanti.

Les caisses sont aussi bien remplies dans la location que dans la vente: selon Patrick Fux, ce sont surtout les clients étrangers qui aiment louer des skis ou des snowboards. «Les clients suisses qui skient régulièrement préfèrent en revanche acheter l'équipement».

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