Les vignerons genevois et vaudois inquiets
«Les trois quarts de mes vignes ont été gelés à 100%»

C'est une catastrophe pour les vignobles genevois et vaudois. Le gel persistant de ces derniers jours a presque totalement détruit les vignes. Des vignerons s'inquiètent pour leur prochaine récolte.
Publié: 25.04.2024 à 19:04 heures
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Dernière mise à jour: 26.04.2024 à 07:33 heures
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Mathilde JaccardJournaliste Blick

Triste constat dans les vignobles genevois, vaudois et valaisan. Les feuilles des vignes sont noircies, brûlées par le gel de ces derniers jours. «Le froid est arrivé au moment où les grappes étaient déjà sorties. On n'a rien pu faire, tout est foutu», nous confie Maxime Dupraz, de la cave familiale des Chevalières à Soral (GE). Loin de se lamenter sur son sort, le vigneron-encaveur ne peut que constater les dégâts: 50 à 60% de ses 12 hectares ont été détruits. Une lourde perte.

Cette période de gel tardif a été décisive pour de nombreux vignerons et arboriculteurs, particulièrement dans ces trois cantons romands. Les températures sont descendues jusqu'à -2 degrés, alors que la saison avait commencé de manière précoce à cause du redoux de février. Le froid soudain n'a laissé aucun répit aux plants, «ne faisant aucune différence entre les cultures bios, labourées ou en friche», affirme le jeune viticulteur de 26 ans.

«On ne va rien gagner du tout»

Même s'il est encore trop tôt pour évaluer l'étendue des pertes, Maxime Dupraz et son père Sébastien sont réalistes: «On va avoir plus de boulot dans les vignes, mais on ne va rien gagner du tout.» Et la suite de la saison sera déterminante. «Il peut ressortir du raisin, mais on ne sait pas combien et cela dépendra de la météo.»

Impossible de passer à côté des vignes noircies par le gel: presque l'entièreté des bourgeons ont brûlé.
Photo: keystone-sda.ch
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Même bilan au domaine des Hutins à Dardagny (GE). Interrogée par la RTS, Émilienne Hutin Zumbach assure: «On a eu des pertes importantes dès la première nuit. Je pense que les trois quarts de mes vignes ont été gelés à 100%.» Tout comme les Dupraz, elle s'inquiète pour la prochaine récolte. Même si la vigne «va repartir» dès les premières chaleurs, «les bourgeons auront moins de fruits», confirme-t-elle à La Matinale. Émilienne Hutin Zumbach pourrait perdre près de la moitié de ses récoltes.

L'assurance ne couvre pas tout

Les pertes financières sont conséquentes, et ce, malgré l'existence d'une assurance spéciale pour le gel. Pour les Dupraz, cette assurance, certes élevée, est une bonne aide sur ces dernières années, mais elle ne couvrira pas le manque de vin pour les clients.

Grégoire Tombez, directeur de Green Triangle – une entreprise spécialisée dans les risques viticoles, le confirme à la RTS. «Être assuré» ne résout pas tout. Cette solution permet certes de couvrir la perte financière, mais pas la perte de production, précise-t-il. «C'est toute la chaîne de valeur qui est impactée!»

Encore faut-il avoir assuré l'entièreté de son vignoble, car le prix de l'assurance est tout sauf ridicule. A l'inverse de la cave des Chevalières, Émilienne Hutin Zumbach n'a assuré qu'une partie de leurs terres – celles qui sont plus propices au gel, précise-t-elle au média du service public. Pour le reste, elle ne touchera rien.

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