L'extrême gauche s'étrangle
Des élus tirent sur l'État «raciste» et «responsable» de la prise d'otages

Une députée d'Ensemble à Gauche et un conseiller communal socialiste avaient dézingué la police, à la suite de la prise d'otages dans un train vers Yverdon, avant de faire volte-face. Ils partagent ce samedi un texte qui accuse l'État et son «système politique raciste».
Publié: 10.02.2024 à 17:41 heures
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Dernière mise à jour: 10.02.2024 à 19:06 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Le point commun entre la députée au Grand Conseil vaudois d’Ensemble à Gauche (EàG) Mathilde Marendaz et le conseiller communal (législatif) socialiste lausannois Mountazar Jaffar? Ces deux personnalités politiques ont flingué la police sur les réseaux sociaux, à la suite de la prise d’otages dans un train vers Yverdon-les-Bains ce jeudi 8 février, avant de discrètement supprimer leurs publications respectives.

Pour mémoire, un requérant d’asile iranien de 32 ans — armé d’une hache, d’un couteau et d’un marteau — a séquestré 13 personnes durant plusieurs heures dans un convoi immobilisé, entre Sainte-Croix et la capitale du Nord vaudois, révélait «24 heures». Après des tentatives de négociation infructueuses, les forces de l’ordre sont intervenues de façon spectaculaire. L’assaillant «menaçant» a été mortellement touché par un tir policier après «avoir résisté» à un taser. Tous les otages ont pu être libérés sains et saufs.

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La comparaison entre les deux jeunes figures de la gauche combative au verbe haut ne s’arrête pas à leur timide rétropédalage. Ce samedi, toujours en ligne, ils partagent un communiqué rédigé par la formation de l’élue yverdonnoise.

La députée d'Ensemble à Gauche, Mathilde Marendaz, et le conseiller communal socialiste, Mountazar Jaffar, publient en ligne ce samedi un communiqué au vitriol à la suite de la prise d'otages de ce 8 février.
Photo: Keystone/D.R.

Soutien aux otages

En voici les grandes lignes. «Solidarité & Écologie exprime son plus total soutien aux personnes concernées par cette prise d’otage et à leurs proches, amorce le texte. L’angoisse de leur situation est difficilement imaginable pour quiconque ne l’a pas vécue. Ils et elles ont fait face à une situation extrême et traumatisante. Il est essentiel que ces personnes puissent bénéficier d’un soutien à la hauteur du choc subi.»

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Les mots compatissants envers les 13 personnes retenues contre leur gré sous la menace d’armes tranchantes s’enchaînent. «Nous saluons la mise en place d’une cellule de soutien psychologique d’urgence visant à les recevoir. Les accompagner fait désormais partie de notre responsabilité sociale commune afin qu’elles ne doivent pas porter seules le poids terrible de ces événements.»

La faute au racisme?

L'introduction bienveillante est terminée. Le ton change et se fait plus accusateur. «Il apparaît également essentiel d’ouvrir la discussion sur l’origine de la violence que ces personnes ont endurée, car elles ont aussi indirectement fait les frais de politiques d’asile qui alimentent cette dernière. En ce sens, il ne peut être fait abstraction des motivations de leur assaillant, lui-même vivant un autre type de violence qui l’a poussé dans un retranchement tel qu’il les a prises pour cible: celle des institutions et d’un système politique raciste.»

Toujours selon la prise de position écrite, «cette violence s’est aussi exprimée dans sa mise à mort, issue qui a, elle aussi, alimenté l’horreur de la situation pour toutes les personnes présentes lors de cette opération». Le parti estime en outre que «de tels événements soulèvent des questions sur la politique d’asile suisse, les conditions d’accueil des requérantes et requérants, leur accompagnement psychique et de leur accès à une aide personnalisée, mais aussi sur l’usage de la force par les policières et policiers et la réponse étatique à de tels actes de désespoir.»

L’État désigné responsable

Plus loin, les auteurs se disent interpellés «par le fait qu’une personne dont on sait désormais qu’elle était atteinte psychiquement et en décompensation visible, de surcroît sujette à des actes hétéroagressifs, n’ait pas bénéficié d’un soutien en amont, et que la seule issue de l’intervention face à un tel cas ait été le recours à des tirs mortels.» Le droit fondamental à la dignité humaine et à la vie «doit rester la boussole des agentes et agents de l’État pour éviter de tels drames, et ce droit doit être garanti à tous et toutes, y compris à l’assaillant».

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Enfin, la gauche dure déclare s’interroger sur les formations dispensées par «l’institution policière». «Si le policier ayant tiré appartenait à une brigade spécialisée dans ce type d’intervention, comment se fait-il qu’il n’ait pas eu recours à une autre technique de neutralisation? Si ce policier n’était pas issu des brigades d’intervention, comment se fait-il qu’il ait été en première ligne? Pourquoi l’usage d’une arme à feu n’a-t-il pas visé une partie du corps qui aurait permis de maîtriser l’assaillant, sans toutefois engager son pronostic vital? L’État porte la responsabilité du drame d’hier ainsi que de son issue; son (in)action a causé la souffrance de l’ensemble des victimes de cette situation.»

Alors qu’une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur cette terrible affaire, le conseiller communal socialiste Mountazar Jaffar, qui a visiblement retrouvé sa langue, qualifie ce communiqué de «très juste» dans une de ses stories sur le réseau social de Meta. La députée d’EàG Mathilde Marendaz, elle, se contente de le relayer avec sobriété. Un enseignement tiré de son dernier revirement causé par son impulsivité?

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