Libéré après avoir secoué à mort son épouse
«Ce jugement est aberrant»

Un homme qui a passé presque deux ans en prison pour avoir secoué à mort sa femme n'a pas été retenu coupable de féminicide. Il n'écope que de 7 mois ferme et se voit indemnisé par la justice.
Publié: 13.12.2021 à 11:09 heures
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Dernière mise à jour: 13.12.2021 à 11:17 heures
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

«La Cour d'appel cantonale aura l'occasion de corriger les errements de ce premier jugement.» Les mots du procureur Marc Bugnon, rapportés par «La Liberté», attestent de l'étonnement au moment du verdict rendu vendredi par le Tribunal pénal de la Gruyère.

Un quinquagénaire comparaissait pour des faits remontant à un soir de septembre 2019 à Bulle. Lors d'une dispute, il secoue violemment son épouse, provoquant le décès de cette dernière. Il ne s'agit ni d'un féminicide, ni même d'un féminicide par négligence, a décidé la Cour. Motif: l'homme ne pouvait connaître le syndrome de l'adulte secoué, a estimé la juge Camille Perroud Sugnaux.

Des abus sur une enfant

Le verdict élude les lésions internes, pourtant qualifiées de graves par un expert invité par le tribunal. Le professeur Tony Fracasso a notamment évoqué les yeux de la victime, qui ont saigné sur toute leur structure, rapporte le quotidien fribourgeois: «Ces lésions sont graves. Ce ne sont pas des lésions qu’on subit dans la vie courante, même pas après un accident de circulation.»

Un recours a déjà été annoncé par le Ministère public.
Photo: Jean-Guy Python

Ce n'est pas tout: l'homme comparaissait également pour un deuxième volet, des abus d'ordre sexuel sur une enfant. C'est lors de la médiatisation de l'affaire au Brésil que cette Suissesse d'une vingtaine d'années a reconnu son agresseur. Le quinquagénaire a été reconnu coupable et devra verser 3000 francs d'indemnités pour tort moral à la victime, d'une dizaine d'années au moment des faits. La Cour n'ayant pas retenu les prétentions civiles de la victime, un recours est envisagé par la défense.

Plus de 90'000 francs d'indemnités

Pour l'ensemble de son «oeuvre» — l'homme a également été épinglé dans un 3e volet, sa consommation de haschich —, le quinquagénaire a écopé de 7 mois de prison ferme et d'une amende de 200 francs. Or, étant donné qu'il a déjà passé 608 jours derrière les barreaux depuis le drame, il a été libéré immédiatement et a reçu 91'200 francs pour détention injustifiée et 2000 francs pour tort moral en raison de la «publicité de la procédure».

Dès la conclusion du procès, le procureur Marc Bugnon a annoncé un appel du Ministère public, rapporte «La Liberté». «Je trouve ce jugement aberrant», a estimé de son côté Jacy Pillonel, avocate de la fille de la défunte. Sur les réseaux sociaux, l'article du quotidien fribourgeois a entraîné un flot de réactions outrées.

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