L'OFSP actualise ses recommandations
«Le vaccin n'empêche pas la transmission, mais les formes graves»

Des déclarations de responsables du laboratoire Pfizer ont récemment agité les milieux coronasceptiques: y a-t-il eu mensonge sur la marchandise au sujet de la transmission du Covid? L'OFSP a réagi et mis à jour son site internet.
Publié: 02.11.2022 à 18:56 heures
Daniel Kestenholz, Lea Hartmann

Alors que l'automne (du moins calendaire) bat son plein, les réservations pour le vaccin Covid restent rares. Pour les volontaires, il n'y a pas d'attente: il suffit de s'inscrire et d'aller aussitôt se faire vacciner. «Le Covid a perdu son caractère effrayant», déclarait récemment à Blick le «chef» des médecins cantonaux, Rudolf Hauri.

En réalité, le coronavirus fait désormais davantage parler de lui pour les polémiques des coronasceptiques que pour la vague actuelle de contaminations. Le laboratoire Pfizer est, en particulier, visé par les critiques. Janine Small, responsable des marchés européens auprès du groupe américain, a récemment témoigné devant le Parlement européen.

La Britannique a expliqué que le vaccin contre le Covid n'avait jamais fait l'objet d'un test avant son autorisation pour savoir s'il empêchait réellement la transmission de la maladie. Ce n'était tout simplement pas possible pour des raisons de temps.

La vaccination a permis de limiter fortement les formes graves de la maladie, mais n'a pas empêché la transmission.
Photo: imago/Pixsell

Cette déclaration a fait les choux gras des milieux coronasceptiques. «Vaccin mensonger», ont aussitôt accusé des internautes. La «Weltwoche», le média proche de l'UDC, s'est également emparé du sujet.

L'OFSP réagit

Le débat n'a pas échappé à la Confédération. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a réagi et vient de compléter sa Foire aux questions (FAQ) sur le Covid. Une question a été ajoutée, au sujet de savoir si la vaccination influence la transmission du virus. L'OFSP précise que cela doit être réévalué avec chaque nouveau variant de virus.

Dans les faits, lors de l'autorisation du vaccin à la fin 2020, son efficacité contre la transmission de la maladie n'était pas au centre des débats. Ce n'était d'ailleurs pas l'objectif des études d'autorisation: il s'agissait de prouver que le vaccin protégeait d'une contamination et, surtout, d'une forme grave de la maladie. Il y avait urgence à protéger les catégories à risque de la population.

Ce n'est que dans le cadre d'études ultérieures que les scientifiques se sont penchés sur la question de l'influence du vaccin sur la transmission du virus.

La déclaration de Pfizer n'est pas une surprise

En ce sens, la déclaration de Pfizer n'est ni une surprise, ni une nouveauté. Comme le rappelle l'OFSP, sa directrice Anne Lévy l'avait dit dès décembre 2020 déjà. «Même les personnes vaccinées devront toujours respecter les mesures de protection», avait-elle averti.

«En effet, avait repris la haute fonctionnaire, la vaccination protège les personnes contre les effets de la maladie, mais nous ne savons pas si elle empêche la transmission. Les personnes vaccinées peuvent-elles transmettre le virus? Nous en saurons plus dans les mois à venir.»

Désormais, la science a progressé. Pour les variants qui circulaient initialement, des études ont montré que la vaccination freinait la propagation du Covid. Mais la donne a changé depuis Omicron, qui est dorénavant la forme dominante de la maladie.

On part du principe qu'un rappel de vaccination n'offre pas de protection pertinente contre la transmission du virus. Mais la vaccination continue de protéger contre les évolutions graves, «et c'est là l'objectif principal de la stratégie de vaccination contre le Covid-19», rappelle l'OFSP.

Alain Berset a été trop affirmatif

Si les dirigeants de l'OFSP ont toujours fait preuve de retenue, Alain Berset a, pour sa part, eu une déclaration erronée. Il y a un peu plus d'un an, à fin octobre 2021, le ministre de la Santé avait assuré que le certificat Covid permettait de «prouver que l'on n'est pas contagieux». Ce n'était déjà pas une certitude à l'époque, et les propos du Fribourgeois provoquent aujourd'hui la colère des milieux coronasceptiques.

L'OFSP avait alors formulé les choses différemment: l'obligation du certificat réduit fortement les risques de transmission, car seules les personnes «qui ne sont pas contagieuses ou présentent un faible risque de l'être» se rencontraient dans les lieux soumis à ce certificat.

Pour affirmer cela, l'Office s'en tenait à l'état de la science de l'époque, à savoir que la vaccination contribuait à réduire la transmission du virus à d'autres personnes. Mais Omicron est passé par-là depuis.

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