L'UDC Thomas Matter défend son initiative
«Nous déposerons les signatures jeudi prochain»

Avec son initiative, l'UDC veut fortement réduire la redevance de la SSR. Le directeur général de la SSR, Gilles Marchand, qualifie l'initiative d'«attaque contre la Suisse et sa diversité». Le co-initiateur Thomas Matter (UDC) s'insurge.
Publié: 08.08.2023 à 10:15 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2023 à 10:44 heures
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Tobias Ochsenbein

Les opposants à la SSR sonnent à nouveau la charge. En 2018, ils avaient échoué dans les urnes avec l’initiative «No Billag». A l’époque, ils voulaient supprimer entièrement les subventions à la SSR. Aujourd’hui, le comité, principalement issu de l’UDC, a lancé une nouvelle initiative pour réduire la redevance Serafe de 335 à 200 francs par an.

En juin, le co-initiateur et conseiller national UDC Thomas Matter a annoncé que les 100’000 signatures nécessaires étaient réunies. Dimanche, il l’a confirmé à Blick: «Nous déposerons les signatures jeudi prochain. Il y en a plus de 120’000.» A partir de là, le Conseil fédéral aura un an pour formuler un message.

Dans une interview accordée à Blick, le directeur général de la SSR Gilles Marchand a qualifié l’initiative d'«attaque contre la Suisse et sa diversité». Elle est dangereuse pour l’ensemble de la place médiatique, selon lui. Il a répondu à la critique selon laquelle la SSR serait en passe de devenir une concurrente pour les médias privés – par exemple en développant son offre en ligne – en citant une étude norvégienne: «Elle a montré que le service public local, avec son offre en ligne, aide même le secteur privé.»

Le conseiller national UDC Thomas Matter, co-initiateur de l'initiative de réduction de moitié, veut s'attaquer à la SSR.
Photo: keystone-sda.ch
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Thomas Matter est «profondément choqué»

Un argument qui ne convainc pas Thomas Matter. Il affirme qu’il est enfin temps de mener une discussion au sujet de la nécessité d’avoir un service comme la SSR. Un point le révolte particulièrement en ce moment: les prévisions de température de SRF Meteo seraient systématiquement trop élevées de quatre à sept degrés, a-t-il dénoncé dans un article de la «Weltwoche».

«Pendant une année électorale, cette hystérie climatique est une publicité gratuite pour les Verts», s’insurge Thomas Matter. Il était déjà convaincu que la SRF était à gauche, «mais que même la rédaction météo joue le jeu me choque profondément».

Gilles Marchand est persuadé qu’une réduction du financement de la SSR ne trouvera pas de majorité. «Nous sentons que la population nous soutient, qu’elle apprécie extrêmement la cohésion du pays que nous défendons.» Il sait toutefois que pour obtenir une majorité politique, il doit aussi avoir les éditeurs privés avec lui.

Négociations suspendues

Des idées précises ont été présentées à l’association des éditeurs, par exemple une limitation des activités de la SSR sur les réseaux sociaux ou un libre accès au matériel audiovisuel brut, explique Gilles Marchand. «Mais pour un accord, il faut toujours être deux», précise-t-il.

«Des discussions ont bien eu lieu, des propositions étaient sur la table», confirme Andrea Masüger, président de l’association Médias Suisses, à Blick. Il estime toutefois que la présentation que fait Gilles Marchand de l’état actuel des négociations est quelque peu réductrice.

«Après la décision du Conseil fédéral au printemps de ne plus travailler sur une nouvelle concession SSR et de procéder à une analyse globale, nous avons provisoirement suspendu les négociations jusqu’à ce que cet état des lieux soit disponible», explique Andrea Masüger. Il est en contact régulier avec Gilles Marchand, la relation est respectueuse et professionnelle, rapporte le président de Médias Suisses.

Les opposants à l’initiative sont prêts

Les opposants à l’initiative veulent également attendre l’analyse du Conseil fédéral. Ils se sont regroupés sous l’égide de l’Alliance «Pour la Diversité des Médias».

«Pour l’Alliance, un service public fort est essentiel. C’est pourquoi elle met tout en œuvre pour que l’initiative soit rejetée. Il en va de même pour tous les contre-projets qui pourraient être présentés par le Conseil fédéral et le Parlement», soutient le coprésident et ancien conseiller aux Etats PLR Joachim Eder. Dès que le comité d’initiative aura déposé les signatures, il suivra de près les développements.

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