Malgré les millions investis
La Suisse manque de personnel soignant

La Suisse fait face à une pénurie critique d'infirmiers et d'infirmières. Malgré les mesures en cours, les chiffres de formation stagnent, mettant en lumière les défis à relever pour combler le déficit croissant de personnels soignants dans les hôpitaux.
Publié: 26.08.2023 à 07:23 heures
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Dernière mise à jour: 26.08.2023 à 12:12 heures
Tobias Ochsenbein

Les hôpitaux et les établissements de soins font face à une pénurie considérable d'infirmiers et d'infirmières. D'ici à la fin de la décennie, la Suisse devra augmenter son personnel soignant d'environ 30%. C'est pourquoi le Conseil fédéral met en œuvre, avec diligence, l'initiative sur les soins infirmiers, approuvée par référendum en novembre 2021.

Ainsi, la Confédération et les cantons prévoient de verser jusqu'à un milliard de francs sous forme de contributions aux institutions de formation et de bourses. De plus, huit millions de francs seront alloués sur quatre ans pour soutenir des projets visant à améliorer l'efficacité des soins médicaux de base, en mettant l'accent sur des modèles novateurs pour les soins de longue durée.

Cependant, selon un article de la «Neue Zürcher Zeitung», il semble que les résultats concrets des mesures découlant de cette initiative ainsi que de l'«offensive de formation» annoncée par le Conseil fédéral prendront du temps à se manifester. Pour résoudre la pénurie de personnel qualifié, il faudrait une augmentation significative des chiffres de formation, mais la réalité actuelle diffère de cette aspiration.

Une initiative de formation doit permettre de remédier à la pénurie de personnel soignant en Suisse. (Image à titre illustratif)
Photo: Keystone
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Chute de 15,5% en 2022

En effet, les derniers chiffres publiés par l'association Centres de formation santé Suisse (BGS) indiquent qu'au premier semestre 2023, seulement 827 personnes ont entamé une formation en soins infirmiers dans une école supérieure. L'année précédente, ce nombre s'élevait à 979 personnes à la fin du mois de juin, soit une baisse de 15,5%, comme le rapporte également la «NZZ».

Le président de la BGS, Jörg Meyer, n'interprète pas ces chiffres comme alarmants. Selon lui, la moitié des centres de formation s'attendent tout de même à égaler voire à surpasser les chiffres de 2022 pour l'année 2023.

En outre, le nombre d'étudiants et étudiantes inscrits au second semestre est nettement supérieur à celui du premier semestre. Cette augmentation s'explique par le fait que de nombreux étudiants ont achevé leur apprentissage et ont rejoint directement l'école supérieure. Cependant, les prévisions optimistes reposent largement sur l'espoir, comme le souligne Jörg Meyer en déclarant: «Nous sommes encore loin d'avoir surmonté les défis actuels.»

Des classes d'âge à faible natalité

Dans les établissements d'enseignement supérieur également, le nombre d'étudiants a diminué après l'année record de 2021. Par exemple, la Haute école spécialisée bernoise a enregistré 149 nouvelles inscriptions en 2023, soit 18 de moins qu'il y a deux ans. De même, à la Haute école des sciences appliquées de Zurich, seulement 134 étudiants ont débuté un programme de bachelor en soins infirmiers à l'automne 2022, soit une baisse de 25%.

Selon Irène Ris, directrice du programme de bachelor en soins infirmiers, l'absence d'une augmentation significative dans le domaine de la formation nécessaire est attribuable à la faible natalité de certaines cohortes d'âge, ainsi qu'à l'attention des médias portée sur les conditions de travail difficiles. 

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