Manque de neige en Suisse
Il y a eu moins de victimes d'avalanches, confie un secouriste

Cet hiver a apporté peu de neige, et avec cette rareté, un lot de conséquences économiques désagréables pour le secteur des sports d'hiver en Suisse. Seul point positif: il y a eu moins de morts à cause des avalanches cette année.
Publié: 22.03.2023 à 20:00 heures
Kathrin Brunner Artho

Assis dans la neige, le toutou, patient comme un agneau, attend les consignes de son maître. Le sauveteur lève les yeux et interpelle Taro, 10 ans. «Cherche!» Le labrador noir se lève d'un bond, s’élance comme une flèche vers le tas de neige et commence à gratter. Il lui faut à peine trois secondes pour que le sac à dos enseveli soit déterré.

Le chien est entraîné pour sortir des personnes en chair et en os de ces tas de neige. Et ce, jusqu’à quatre mètres de profondeur. Son maître, Marcel Meier, est guide de chiens d’avalanche, chef spécialiste des chiens du Secours Alpin Suisse et responsable de la formation des chiens d’avalanche. Il nous donne un aperçu de son travail et de celui de Taro à la station de Friherrenberg à Einsiedeln (SZ).

En quelques secondes, Taro trouve le sac à dos enfoui dans la neige.
Photo: Siggi Bucher

Cet hiver, la neige a manqué en Suisse, des domaines skiables ont dû fermer, la situation est particulièrement difficile pour le secteur des sports d’hiver en cette fin de saison hivernale. Mais le manque de neige apporte son lot d’avantages: moins il y a de neige, plus le risque d’avalanche diminue. Cet hiver, il y a ainsi eu moins de morts en Suisse dans ces accidents que les années précédentes. On déplore quatorze victimes à l’heure actuelle.

Marcel Meier et son fidèle compagnon Taro.
Photo: Siggi Bucher
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Deux fois plus de morts il y a deux ans

La dernière personne en date a perdu la vie le week-end dernier. Un randonneur a été emporté par une avalanche à Arosa (AR). L’homme de 64 ans a pu être dégagé, mais il est malheureusement décédé quelques jours plus tard à l’hôpital. Au cours de la saison hivernale 2021/2022, quatorze personnes avaient également perdu la vie dans des avalanches.

Taro dans son élément.
Photo: Siggi Bucher

Mais la situation était encore très différente il y a deux ans: ce chiffre était près de deux fois plus grand. Marcel Meier estime que les années de pandémie de Covid-19 ont joué un rôle dans ce nombre élevé. Avec la fermeture de nombreux domaines skiables, il avance que de nombreux amateurs de glisse se sont aventurés en dehors des pistes. «Beaucoup sont allés faire des randonnées en raquettes ou à ski, détaille le sauveteur. Or, lorsque l'on sort des domaines skiables, le risque d’avalanche est plus important.»

Mais le danger encouru n'est pas le même selon les conditions d'enneigement. «La plupart des accidents se produisent lorsque le danger est signalé comme haut», reprend le sauveteur. L’Institut pour l’étude des avalanches le confirme: la pandémie n'est pas le seul facteur qui a fait grimper le nombre de victimes d’avalanches. Les conditions d’enneigement étaient meilleures durant l’hiver 2020/21. De plus, le soleil a particulièrement brillé, pendant de nombreux jours.

Les quinze premières minutes sont essentielles

A quel point les secours doivent-ils être réactifs lorsqu'une personne est ensevelie? Marcel Meier soupire. «Il faut être extrêmement rapide. Les quinze premières minutes sont toujours les plus déterminantes.» Raison pour laquelle les canidés sont de fidèles alliés dans les sauvetages. «Si la personne reste enfouie dans la neige plus longtemps, ses chances de survie deviennent très faibles», poursuit le guide.

Il caresse son labrador pour le féliciter, qui le regarde avec de grands yeux. À Arosa, l’homme enseveli est resté enfoui sous la neige pendant plus d’une demi-heure et n’a pu être retrouvé que grâce au chien – même si c’était trop tard.

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