Manque de relève politique
Les Jeunes UDC Vaud veulent dégager les vieux

Emmylou Maillard, présidente des Jeunes UDC Vaud, annonce à Blick qu'elle souhaite limiter les mandats de ses élus fédéraux et cantonaux pour favoriser la relève. Une idée qui séduit «sur le principe» des cadres du parti à la peine dans le canton.
Publié: 19.06.2021 à 05:58 heures
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Dernière mise à jour: 19.06.2021 à 09:22 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Les mauvaises langues diront que les Jeunes UDC Vaud s’inspirent de la gauche. Leur présidente, Emmylou Maillard, préfère citer la section agrarienne bernoise en exemple, lorsqu’elle annonce à Blick que son parti demande à l’UDC Vaud de limiter les mandats consécutifs de ses élus fédéraux et cantonaux. Et de façon plus drastique encore que la section alémanique – quatre mandats consécutifs – puisque la Vallorbière articule un maximum de trois législatures, «à négocier». Soit quinze ans au Grand Conseil et douze ans dans les murs du Palais fédéral.

Une petite révolution au sein du parti bourgeois, qui a pris «une claque» aux dernières élections communales – selon les propres mots d’Emmylou Maillard – en perdant plusieurs de ses quelques sièges dans les Exécutifs. «Nous avons analysé la situation et nous constatons que l’UDC a un souci de relève, explique Emmylou Maillard. En tant que parti de jeunes, c’est notre rôle de favoriser les nouveaux profils. Pas dans le but de permettre à certains de faire une carrière individuelle, mais pour favoriser tout l’UDC Vaud en lui donnant une nouvelle impulsion, un nouveau visage. Nous discuterons en assemblée de cette proposition le 24 juin.»

D'après Emmylou Maillard, les jeunes ne sont pas assez mis en avant au sein de l'UDC.
Photo: D.R.

Cela signifie-t-il que la présidente estime que des vieillards s’accrochent à leur confortable siège au détriment du parti? «Les anciens ont l’expérience, connaissent particulièrement bien le terrain et sont donc indispensables, coupe-t-elle. Mais les plus jeunes doivent aussi avoir la chance de figurer sur les listes. C’est dans l’intérêt du parti. Nous devons avoir des profils plus variés et plus en phase avec notre société.»

Dans la bouche d’Emmylou Maillard, cette dernière phrase ne signifie pas être moins conservateur. Au contraire. «Nous aimons mettre le doigt où cela fait mal et revendiquons nos méthodes qui peuvent être provocantes, assure-t-elle. Sur le fond, nous n’avons pas de décalage avec le parti mère. Par contre, sur la forme, nous trouvons que nous devons être plus modernes dans la manière de faire campagne. En investissant par exemple plus dans les moyens numériques.»

Kevin Grangier, président de l'UDC Vaud, se rallie «sur la forme» à la proposition des jeunes.
Photo: Keystone

Kevin Grangier, président de l’UDC Vaud, confirme avoir reçu une détermination des jeunes UDC. «Je salue leur engagement et les remercie de venir devant le parti avec des solutions, commente-t-il. Cela fait un moment que cette idée de limiter les mandats circule et, initialement, je n’y étais pas très favorable. Aujourd’hui, je me laisse convaincre sur la forme et souhaite développer des pistes pour répondre à cette proposition.»

Mais qu’en pensent les principaux intéressés, ces élus en place depuis des années et des années? Kevin Grangier affirme que plusieurs cadres et élus sont d'accord sur le principe mais que les modalités font débat. Parmi les «dinosaures», le conseiller national Jean-Pierre Grin. Né en 1947, sur les bancs du Parlement depuis 2007, l’homme voit en la limitation des mandats consécutifs des avantages mais aussi des inconvénients. «Je serai plutôt favorable à la solution bernoise, confie-t-il. Trois mandats, cela me semble trop court. Mais la question est importante et mérite que les jeunes soient entendus.»

Le conseiller national Jean-Pierre Grin préfère le model bernois à la proposition des Jeunes UDC Vaud.
Photo: Keystone

Concernant les problèmes de relève soulignés par Emmylou Maillard, Jean-Pierre Grin tempère. «Je ne pense pas que nous manquons de personnalités et tout dépend de quoi on parle, reprend le conseiller national. Dans les campagnes, nous sommes présents. Par contre, effectivement, dans les villes nous sommes à la peine.» L’agriculteur qui en est à son quatrième mandat conclut: «Nous allons en discuter tous ensemble et nous verrons ce que le parti décide.»

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