Même les enfants font le signe
Bien que discrets, le groupuscule turc des Loups gris est aussi présent en Suisse

Le défenseur turc Merih Demiral a fait le salut du loup – le symbole des ultranationalistes – lors de l'Euro. Ce groupuscule, bien que discret, est également actif chez nous.
Publié: 08.07.2024 à 15:24 heures
Fabian Eberhard

Les Loups gris font encore parler d'eux. Le scandale provoqué par le buteur turc lors des huitièmes de finale de l'Euro 2024, Merih Demiral, met en lumière ce groupe dont le réseau s'étend jusqu'en Suisse. Peu connus du public, les extrémistes de droite turcs se rencontrent aussi chez nous dans les locaux d'associations et les mosquées, et la propagande des Loups gris s'adresse même aux enfants.

Le quartier général des ultranationalistes se trouve dans la zone industrielle de Regensdorf (ZH). C'est le siège de la fédération turco-suisse qui coordonne les activités de près d'un millier de partisans en Suisse.

Déguisés en association culturelle

La fédération est une émanation du Parti d’action nationaliste, le MHP, autour duquel se sont formés les Loups gris. Au Parlement d'Ankara, il est la quatrième force – et partenaire dans la coalition gouvernementale d'Erdogan.

Des enfants turcs posent à Zurich en faisant le salut du loup.
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Les groupes suisses se déguisent en associations culturelles, mais en coulisses, ils prêchent des idées radicales. Les extrémistes de droite se considèrent comme la «race des seigneurs» turcs. Ils combattent leurs ennemis – Kurdes, gauchistes, juifs – en partie par la violence.

C'est à Bâle, où ils se réunissent chaque semaine pour prier dans la mosquée Mevlana, que les Loups gris sont les plus virulents. Sur les murs, le drapeau rouge avec trois croissants blancs – le logo du MHP – est accroché. A côté, une photo du chef du parti Devlet Bahceli.

Les enfants font le salut du loup

Même les plus petits sont mis au pas. Le week-end, les enfants suivent des cours de religion et posent sur des photos avec des fonctionnaires du parti, la main levée pour faire le salut distinctif du groupe.

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) n'a apparemment pas ce groupe dans son radar. Du moins, il n'est pas mentionné dans son rapport d'activité annuel. Il en va tout autrement chez nos voisins: La France a interdit les Loups gris, l'Autriche leurs symboles et le service allemand de protection de la Constitution met en garde contre le «fort potentiel de violence» du mouvement. Avec 12'500 partisans, les Loups gris sont la plus grande organisation d'extrême droite en Allemagne.

En Suisse, plusieurs tentatives politiques contre ce groupuscule ont échoué. En 2020 et 2022, le Conseil fédéral a refusé d'interdire les Loups gris à la suite d'interpellations.

Conflits avec les Kurdes

La branche suisse de ces extrémistes de droite se distancie officiellement de la violence. Ces dernières années, des affrontements isolés ont néanmoins eu lieu entre des partisans du MHP et des Kurdes, comme en 2015 en marge d'une manifestation à Berne qui a fait 22 blessés.

Le groupe n'a pas répondu aux questions. Le responsable suisse, Irfan Okutan, n'a pas souhaité s'entretenir avec Blick.

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