Migros, La Poste, les CFF, Swisscom...
Les services essentiels sont-ils prêts à faire face à Omicron?

Avec l'arrivée du variant Omicron, l'Office fédéral de la protection de la population s'attend à d'importantes perturbations au niveau des infrastructures essentielles. La Poste, Swisscom, les CFF et l'Armée sont-ils prêts à faire face à la situation?
Publié: 26.12.2021 à 11:19 heures
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Dernière mise à jour: 26.12.2021 à 11:21 heures
Fabian Eberhard

C’est un mur qui attend la Suisse. Selon les projections des épidémiologistes, la courbe d’infection du variant Omicron ne va pas ressembler à la relativement douce progression d’une vague, mais bien à une envolée verticale.

«Le variant Omicron va éclipser tout ce que nous avons vu jusqu’à présent durant cette pandémie», a averti le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, toujours aussi direct. La Task Force de la Confédération s’attend déjà à près de 25’000 nouvelles contaminations toutes les 24 heures, dans deux semaines déjà. Cela représenterait plus du double de ce qui a été enregistré ces derniers jours.

Possibles défaillances des infrastructures essentielles

L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) met désormais en garde contre des défaillances des infrastructures essentielles du pays. Il s’agit des services d’importance systémique comme la police, les pompiers, l’approvisionnement en électricité, en eau et en denrées alimentaires ou encore les télécommunications et les transports publics.

Avec l'arrivée du variant Omicron, l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) met désormais en garde contre des défaillances des infrastructures essentielles du pays.
Photo: Keystone

Sandra Walker, porte-parole de l’Office fédéral de la protection de la population, prévient: «Il faut s’attendre à ce que davantage de personnel doive s’absenter pour cause de maladie ou de quarantaine et que l’exploitation ne puisse pas être maintenue au niveau habituel». Des absences au niveau du personnel spécialisé dans les domaines de la santé, de l’approvisionnement en énergie et en denrées alimentaires et dans les entreprises de sous-traitance seraient particulièrement critiques.

Il y a une semaine déjà, les experts du gouvernement allemand sur la question du Covid mettaient en garde contre d’importantes perturbations au niveau des infrastructures essentielles: «Si la propagation du variant Omicron se poursuit telle quelle en Allemagne, une partie importante de la population tomberait simultanément malade ou serait mise en quarantaine». Il en résulterait une «charge extrême» pour les services d’importance nationale.

La porte-parole de l’OFPP, Sandra Walker, précise que ce scénario est également valable pour la Suisse: «Notre évaluation coïncide avec celle du conseil d’experts allemands.»

En préparation pour l’arrivée d’Omicron

Il n’est donc pas étonnant que la Confédération soit sur ses gardes. Les services compétents sont en permanence en contact, c’est-à-dire l’Office fédéral de la protection de la population, l’Office fédéral de la santé publique et l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays. «La situation est régulièrement évaluée afin de pouvoir, si nécessaire, soumettre des mesures au Conseil fédéral», explique Sandra Walker.

L’épicentre de la crise reste le secteur de la santé. De nombreux hôpitaux atteignent les limites de leur capacité en raison de la vague du variant Delta. Une partie des opérations non-urgentes sont reportées. Le personnel est épuisé. L’arrivée d’Omicron va exacerber une situation déjà complexe.

D’après ses prévisions, la Task Force attend environ 25’000 nouvelles infections toutes les 24 heures, et ce dès janvier. Une étude britannique avance que le taux d’hospitalisation du nouveau variant est de moitié en comparaison à Delta. Cela signifierait tout de même environ 300 hospitalisations par jour pour la Suisse. Un chiffre record, atteint que deux fois depuis le début de la pandémie. Les hôpitaux doivent donc se tenir prêts pour faire face à cet afflux de patients.

L’armée se tient prête à intervenir

Sur le front, les autres opérateurs d’infrastructures essentielles se préparent au choc du variant Omicron. Au sein de l’entreprise de télécommunications Swisscom, une Task Force est en contact direct avec les autorités. «Nous disposons d’un dispositif pour la gestion de crise adapté à différents niveaux d’urgence», explique la porte-parole Sabrina Hubacher. Des informations détaillées sur la question ne sont pas disponibles.

«La situation nous préoccupe également», souligne le commandant de corps Thomas Süssli dans une interview à Blick. Mais l’armée est bien préparée. «Nous avons une structure de commandement qui permet une mobilisation sur mesure. 72 heures après la convocation, les premières personnes sont là où le besoin est le plus important», rappelle-t-il. Les cantons peuvent faire une demande à l’armée d’intervenir en soutien, du moment que tous les moyens civils sont déjà engagés.

Un manque de personnel dans le secteur des transports?

Comme ailleurs, les préparatifs dans le secteur des transports vont bon train. Un coup d’œil à l’étranger montre ce qui menace. La compagnie aérienne Lufthansa a déjà annoncé qu’elle supprimerait 33’000 vols après Noël à cause du variant Omicron. De son côté, Swiss estime que près de 2900 vols seront annulés au total. Outre-Atlantique, le Covid-19 a frappé fort pendant les fêtes. De nombreux appareils n’ont pas pu décoller en raison du manque de personnel, malade ou en quarantaine.

En Grande-Bretagne, où Omicron fait déjà des ravages, un train sur vingt a été supprimé ces derniers jours et 10% des employés ont été déclarés malades. Les CFF anticipent-ils une dégradation de la situation épidémiologique? L’ex-régie fédérale reste discrète, mais assure qu’elle est prête à faire face à différents scénarios.

Migros se montre confiante

La Poste se montre plus concrète. Outre les mesures de protection habituelles, les responsables ont d’ores et déjà pris des dispositions pour pouvoir recruter rapidement du personnel en cas d’urgence. La porte-parole Jacqueline Bühlmann détaille: «En prévision du pire, nous sommes en contact avec l’Office fédéral de la protection de la population. Il est envisagé que la protection civile puisse venir nous renforcer.»

Du côté de Migros, l’ambiance est plus sereine. «Je pense qu’il faut surtout garder la tête froide», souligne Marcel Schlatter du service de presse. Les concepts de protection ont fait leurs preuves. «Nous sommes confiants, mais nous observons la situation avec sérieux et attention.», confie-t-il.

(Adaptation par Jessica Chautems)

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