Ministre et père, pas un souci
Ce conseiller fédéral avait 10 enfants!

Peut-on être mère d'enfants en bas âge tout en siégeant au Conseil fédéral? Alors que cette question fait rage à Berne, l'exemple montre que le débat n'a jamais été mené pour les hommes. Notamment l'un d'entre eux, dont la vie ressemble à une fable politique.
Publié: 13.11.2022 à 12:59 heures
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Danny Schlumpf

La question de la parentalité potentielle d'un conseiller fédéral a surgi au-devant de la scène avec les récentes démissions d'Ueli Maurer et, surtout, de Simonetta Sommaruga. Est-ce le temps pour une jeune mère, comme le réclament certains — et surtout certaines — au Parti socialiste?

Ce qui est sûr, c'est que pour les hommes, les enfants n'ont jamais été un obstacle sur la voie du gouvernement. Alain Berset avait ainsi trois jeunes enfants lorsqu'il a atteint le Conseil fédéral, en 2011. Mais le Fribourgeois est très loin de détenir le record en la matière.

«Le vrai gouvernement»

Le catholique conservateur (parti ancêtre du PDC, devenu le Centre) Philipp Etter a gouverné de 1934 à 1959, un mandat de vingt-cinq ans qui a valu au Bernois le surnom de «L'éternel». Pendant que l'homme né en 1891 (et mort en 1977) s'occupait des affaires publiques, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, sa femme Maria avait... dix enfants à charge à la maison!

Philipp Etter (conseiller fédéral de 1934 à 1959) pose avec ses dix enfants et sa femme, Maria.
Photo: Keystone

Et pourtant, c'est à son mari que l'on doit, selon les livres d'histoire, la conception de la «défense spirituelle du pays», dont la famille est le principal pilier. «Les enfants sont les plus grands trésors de l'Etat», déclarait Philipp Etter durant le deuxième conflit mondial.

Le Bernois était convaincu qu'une mère est «toujours une femme forte» et appelait sa femme «le vrai gouvernement». Une relation conjugale «sérieuse et bien développée» était essentielle, selon lui.

Il a changé d'avis!

Mais n'allez pas croire qu'il s'agissait d'un progressiste politiquement: en 1959, il s'était prononcé contre le droit de vote des femmes. Un phénomène de «décomposition sociale» qui nuirait à la gent féminine et à son image, aux yeux de Philipp Etter.

Celui qui serait un membre du Centre aujourd'hui a toutefois fini par changer d'avis. Sa femme et ses nombreuses filles l'ont convaincu de voter en faveur du suffrage féminin en 1971, alors qu'il était âgé de 82 ans. Et, trois ans plus tard, sa fille Monika est devenue l'une des dix premières femmes élues au Grand Conseil bernois.

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