Montants faramineux annoncés
Cinq mesures auraient pu réduire les primes maladies, selon le Surveillant des prix

Ce mardi, le ministre de la Santé, Alain Berset, annoncera les primes d'assurance maladie pour 2023. Stefan Meierhans, le Surveillant des prix, estime que les coûts de la santé auraient pu être réduits de 1,6 milliard par an. Mais Berne fait la sourde oreille.
Publié: 27.09.2022 à 11:30 heures
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Dernière mise à jour: 27.09.2022 à 15:02 heures
Pascal Tischhauser

Ce mardi, le ministre de la Santé, Alain Berset, annoncera l’ampleur de l’augmentation des primes d’assurance maladie. On s’attend à une hausse des coûts de 10%.

Près d’un tiers de la population ne peut plus les payer elle-même, et, aujourd’hui, elles vont à nouveau augmenter. Le conseiller fédéral socialiste rejette pourtant la responsabilité sur le Parlement: sans les Chambres, il n’est pas possible de faire beaucoup plus, a-t-il déclaré récemment. Certaines propositions y sont en suspens depuis des années.

Pourtant, cette justification ne convainc pas du tout le haut fonctionnaire Stefan Meierhans, Surveillant des prix de la Confédération.

Le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, demande au Conseil fédéral d'agir enfin contre les coûts élevés de la santé.
Photo: KARL-HEINZ HUG
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Nous aurions pu économiser 1,6 milliard par an!

Cinq mesures efficaces permettraient d’économiser plus de 1,6 milliard de francs par an, selon le Surveillant des prix. Il y a douze ans déjà, ce dernier a demandé que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) réduise les marges de distribution des médicaments. Cela permettrait de diminuer les mauvaises incitations conduisant à la distribution de produits pharmaceutiques chers.

Du point de vue de Stefan Meierhans, le potentiel d’économie sur ce point est de 400 millions par an. Cela aurait donc représenté depuis 4,8 milliards de francs, que les Suissesses et Suisses n’auraient pas dû débourser eux-mêmes.

Baisser les forfaits par cas

Actuellement, lorsqu’un médicament doit être remboursé par la caisse, son prix est comparé à ceux de neuf pays similaires à la Suisse, et une comparaison thérapeutique transversale est également effectuée.

Un tiers de tous les médicaments remboursés par les caisses est contrôlé de la même manière chaque année. Mais ce contrôle devrait être amélioré depuis longtemps, selon le Surveillant des prix. Car au lieu de prendre la moyenne de la comparaison des prix à l’étranger et de la comparaison transversale, il faudrait, selon lui, prendre la valeur la plus basse des deux. Ce qui générerait aussi une économie de 400 millions de francs.

Stefan Meierhans fronce également les sourcils concernant les forfaits par cas. Depuis 2012, ceux-ci sont calculés pour les séjours hospitaliers. Régulièrement, le Surveillant des prix se prononce en faveur de la fixation d’un prix d’environ 9200 francs, ce qui correspond aux coûts dans l’un des hôpitaux les moins chers. Il fut un temps où l’OFSP voulait aller dans ce sens. Mais depuis février 2020, ce sujet n’est plus abordé. Pourtant, des économies annuelles d’un demi-milliard de francs pourraient être réalisées dans ce domaine.

Supprimer les fausses incitations

Notre système d’assurance maladie crée de fausses incitations, estime encore Stefan Meierhans. Les assurés privés sont tellement lucratifs pour les hôpitaux que des traitements douteux, voire nuisibles, sont effectués. C’est la raison pour laquelle la Surveillance des prix souhaite faire baisser les prix des hôpitaux pour le traitement des assurés complémentaires.

En fait, le Conseil fédéral voulait qu'elle soutienne l’Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma). Mais on attend toujours le personnel nécessaire à cet effet. Le potentiel d’économie s’élève ici à 200 millions de francs par an.

Les prix des laboratoires sont en outre un sujet de préoccupation permanent. Mais même en ce qui concerne leurs tarifs, par exemple pour les tests de Covid-19, le Conseil fédéral fait la sourde oreille aux recommandations du Surveillant des prix. Selon ce dernier, 100 millions par an pourraient être économisés dans ce domaine.

Agir au moins pour 2023

«Le Conseil fédéral se simplifie la tâche en faisant porter au Parlement la seule responsabilité politique des coûts élevés de la santé», assène Stefan Meierhans.

Les cinq propositions que son service et d’autres experts ont faites permettraient d’économiser rapidement 1,6 milliard de francs par an: «Cela représente 4,5% des coûts que l’assurance-maladie obligatoire devait supporter en 2020!»

«Si le Conseil fédéral avait agi, il n’y aurait pas besoin aujourd’hui d’une si forte hausse des primes.» Le Surveillant des prix attend du Conseil fédéral qu’il agisse enfin.


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