Nouvelle campagne houleuse en vue?
Franziska Herren lance l'«initiative végétarienne»

Deux ans après avoir échoué avec l'initiative sur l'eau potable, Franziska Herren repart au combat. La Bernoise, qui va récolter des signatures pour une «initiative végétarienne», explique à Blick pourquoi les agriculteurs ne doivent pas se sentir visés.
Publié: 27.02.2023 à 12:03 heures
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Tobias Bruggmann

Affiches détruites, menaces de mort, débats annulés: davantage que pour son score modique (39,3% de Oui), l'initiative sur l'eau potable, en 2021, est restée dans les mémoires pour la campagne qui a précédé le vote. L'une des plus violentes que la Suisse ait connues. «Après le scrutin, j'étais complètement épuisée», se souvient Franziska Herren.

Si la population a dû voter sur le sujet, c'est grâce, ou à cause, de cette Bernoise de 55 ans. Mère de deux enfants et prof d'aérobic installée à Wiedlisbach (BE), Franziska Herren a déjà provoqué à elle seule plusieurs débats d'envergure nationale, notamment sur la centrale nucléaire de Mühleberg et sur l'eau potable. Un texte qu'elle a «payé» cher: dans un courrier anonyme, quelqu'un a même menacé de «supprimer sa famille».

«Notre agriculture n'est pas préparée»

Après un an et demi pour récupérer, l'ancienne employée de commerce et hôtesse de l'air repart au combat. Elle veut lancer une «initiative végétarienne». L'objectif? Inciter les agriculteurs du pays à produire davantage de produits végétaux plutôt que d'origine animale. Concrètement, un taux d'autosuffisance de 70% devrait être inscrit dans la Constitution. Aujourd'hui, environ 60% des surfaces agricoles du pays sont consacrées à la production de fourrage pour la viande, comme le rappelle la «SonntagsZeitung».

Après l'interdiction des pesticides, Franziska Herren revient à la charge avec une «initiative végétarienne».
Photo: Philippe Rossier

Interrogée par Blick, Franziska Herren explique que son année et demie loin de l'attention médiatique lui a permis de réfléchir. Et de se sentir impuissante. Nous faisons face à une crise climatique sans précédent. Notre agriculture n'y est pas préparée et l'approvisionnement alimentaire de notre pays dépend pour moitié de l'étranger.»

Raison pour laquelle la Bernoise veut participer à réorienter l'agriculture suisse vers une production plus durable, «en tenant compte de la biodiversité et de la fertilité des sols». Ce qui permettrait de réduire ou de remplacer l'utilisation de pesticides et d'engrais chimique, mais aussi de limiter le nombre d'animaux de rente. «Aujourd'hui, nous en avons 15 millions en Suisse. C'est beaucoup trop, et cela alimente la crise climatique», justifie Franziska Herren.

«Tendre la main» aux paysans

À l'heure où les agriculteurs sont toujours plus sous pression, ne pourrait-on pas simplement les laisser tranquilles? «Je ne veux en aucun cas les pointer du doigt, mais plutôt les aider, se défend l'activiste politique. Cette initiative vise à leur tendre la main: nous avons de moins en moins d'eau et les paysannes et paysans ne savent plus comment nourrir leurs animaux. Leurs sols sont surfertilisés et la biodiversité est menacée. Je ne peux pas rester les bras croisés.»

Franziska Herren nie également toute velléité de rendre la population végétarienne. «Je ne veux forcer personne à manger moins de viande. Beaucoup de gens ont déjà limité leur consommation par respect pour les animaux, relève la quinquagénaire. Ce que je souhaite, c'est augmenter les subventions pour promouvoir les produits végétaux, et faire respecter les valeurs limites pour l'azote et le phosphore.»

La voilà donc repartie au combat, non sans avoir hésité à s'infliger une nouvelle fois une campagne qui pourrait bien être musclée. Franziska Herren est confiante quant à ses chances de récolter les signatures pour son texte, dans l'air du temps. Et devant les urnes? Il y a deux ans, elle n'avait convaincu qu'un gros tiers de la population avec une initiative sur la même thématique: la limitation des pesticides. La réponse de la Bernoise fuse: «Il a fallu deux votations pour que les femmes accèdent au droit de vote.»

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