Nouvelle tentative au Parlement
De la gauche à la droite, la Suisse veut vendre ses chars inutilisés

Les politiques de sécurité, de la gauche à la droite du spectre politique, sont favorables à la vente de chars Leopard suisses. Ils pourraient aider à combler des manques en Pologne ou en Allemagne. La seule condition: l'Ukraine ne devra pas en recevoir.
Publié: 30.01.2023 à 18:59 heures
Daniel Ballmer

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a longtemps hésité. À présent, sa décision est prise: Berlin va envoyer des chars Leopard à l'Ukraine. Et plusieurs pays européens vont suivre. Ils cherchent donc d'autres monstres d'acier pour aider à stopper la guerre.

La Suisse possède des chars de combat de ce type - et même en abondance. Depuis des années, 96 chars Leopard 2 sont remisés dans un hangar en Suisse orientale. Mais pour des raisons de politique de neutralité, le Conseil fédéral a jusqu'à présent strictement interdit la transmission de matériel d'armement à un pays belligérant comme l'Ukraine.

La première tentative a encore échoué

Des responsables de la politique de sécurité de plusieurs partis veulent changer les choses, et avancent l'idée de vendre au moins une portion de la flotte de chars aux États qui transmettent leurs blindés à l'Ukraine. En effet, ces envois appauvrissent l'arsenal des pays européens partenaires de la Suisse.

Alors que l'Europe cherche désespérément des chars lourds, 96 modèles Leopard sont inutilisés dans un hangar en Suisse orientale.
Photo: Keystone
1/5

La semaine dernière, la conseillère nationale PLR Maja Riniker a tenté une nouvelle fois de plaider pour ces ventes au sein de la Commission de la politique de sécurité - en vain. Et ce, bien que l'Argovienne ait posé la condition que les chars suisses ne soient pas utilisés pour la guerre en Ukraine.

«Cette guerre concerne la sécurité de toute l'Europe»

Le fait que l'Ukraine puisse continuer à se défendre est également dans l'intérêt de la Suisse, souligne Maja Riniker dans la «NZZ am Sonntag»: «Cette guerre concerne la sécurité de toute l'Europe.» La conseillère s'attend toutefois à ce que l'armée suisse utilise une partie des 96 Léopards mis hors service, mais même dans ce cas, il en resterait encore environ un tiers. «La Suisse peut s'en séparer, assure-t-elle. Nous n'en avons tout simplement pas besoin.»

Maja Riniker ne semble pas être la seule à défendre cette position. La «NZZ am Sonntag» se réfère à un sondage de l'institut Sotomo. La guerre en Ukraine semble entraîner un changement de mentalités. Selon ce sondage, 55% des personnes interrogées répondent «oui» ou «plutôt oui» à la question de savoir si la Confédération devrait autoriser d'autres pays à transmettre à l'Ukraine des armes de fabrication suisse, alors que 40% sont contre.

Le centre-gauche se montre ouvert

Maja Riniker veut donc essayer une nouvelle fois de convaincre le Parlement. Elle est confiante d'atteindre la majorité lorsque le sujet de l'armée sera débattu à partir du printemps: «Je vois des signaux positifs, nous parviendrons à nous mettre d'accord sur une bonne solution.»

En effet, la libérale-radicale semble trouver des oreilles attentives au centre-gauche. «Nous n'avons pas besoin de 25 à 30 de ces Leopard sur le long terme. Il faut les mettre hors service et les vendre sur le marché», déclare par exemple le conseiller national du Centre Alois Gmür. Il n'a pas d'objection liée à la politique de neutralité lorsqu'il s'agit de livrer des chars à la Pologne, par exemple: «Ils doivent simplement impérativement rester en Pologne et ne pas être envoyés en Ukraine.»

La nouvelle tentative de Maja Riniker va viser à ce que le Parlement mette formellement hors service les chars Leopard stockés. Cette étape est une condition impérative pour que la Confédération puisse ensuite les vendre.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la