«On a gagné en efficacité»
La semaine de quatre jours ou comment travailler moins pour produire plus

Travailler quatre jours pour un salaire de 100%, une utopie? Pas vraiment: de plus en plus d'entreprises misent sur ce modèle de temps de travail, pour se rendre plus attrayantes. Et elles boostent leur productivité. Témoignage et avis d'experts.
Publié: 12.02.2024 à 11:24 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 11:40 heures
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Milena Kälin

Comment rendre un emploi plus attrayant pour les travailleurs potentiels? C'est une question centrale pour de nombreuses entreprises actuellement. En effet, le personnel qualifié manque cruellement.

«La pénurie de personnel qualifié pousse les entreprises à faire preuve de créativité pour attirer de nouveaux collaborateurs et éviter de perdre leurs employés au profit d'autres entreprises», explique Gudela Grote, professeure à l'EPFZ et spécialiste de la psychologie du travail. Elle observe que les modèles alternatifs de temps de travail sont de plus en plus appréciés, à l'instar de la semaine de quatre jours.

4 jours à fond, puis 3 jours off

L'idée est simple: l'employé travaille durant quatre jours de manière intensive puis dispose de trois jours de repos – tout en conservant le salaire du taux de 100%. Plutôt contre-intuitif, mais une telle mesure augmente généralement la productivité de l'entreprise.

La semaine de quatre jours peut prendre des formes très différentes: au bureau A+O d'Aarau, les employés concentrent leurs 34 heures du lundi au jeudi.
Photo: Rachel Buehlmann
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Une étude de l'Université de Cambridge et de l'Université de Boston portant sur 61 entreprises britanniques de différents secteurs a en effet conclu que les journées de travail dans ce modèle étaient plus efficaces. En moyenne, le chiffre d'affaires a même augmenté de 1,4%. En outre, l'étude conclut que les employés sont plus reposés et plus motivés et les absences ont même diminué de 65%! 

Il y a également eu moins de départs. Pas étonnant donc que 56 des 61 entreprises étudiées aient maintenu le nouveau modèle de temps de travail après les six mois de l'étude. En Allemagne aussi, un essai pilote est actuellement en cours dans 50 entreprises.

Rendre les processus de travail plus efficaces

Gudela Grote estime qu'il y a d'autres avantages qui s'ajoutent à l'avantage évident du temps libre supplémentaire. Les processus de travail peuvent notamment être organisés de manière plus efficace, et la collaboration est améliorée. Mais attention: travailler 40 heures ou plus en quatre jours peut aussi avoir des conséquences négatives sur la santé.

La question de la répartition des jours est centrale. Selon Gudela Grote, «le plus simple est d'organiser les processus de travail de manière à ce que toute l'entreprise ne travaille que quatre jours».

C'est ainsi que s'est organisée l'agence créative Büro A+O d'Aarau, pour qui les employés travaillent tous à plein temps – 34 heures – du lundi au jeudi. Cette répartition a porté ses fruits, selon son directeur Andreas Ott: «Une forte augmentation de l'efficacité a été observée.»

Andreas Ott et sa partenaire commerciale Aurelia Zihlmann ont introduit la semaine de quatre jours il y a sept ans.
Photo: Rachel Buehlmann

Lorsque l'entreprise travaille sur cinq jours ou plus, la planification est plus complexe. C'est la raison pour laquelle chez le webdesigner Seerow de Soleure, dont les bureaux sont ouverts cinq jours, l'équipe de onze collaborateurs a dû être divisée en deux groupes.

Selon les conclusions de l'étude menée en Grande-Bretagne, la semaine de quatre jours est généralement plus facile à mettre en œuvre dans les emplois de bureau. Il n'empêche que la semaine de quatre jours s'établit aussi de plus en plus dans la restauration, à l'instar de l'hôtel Schwägalph au Säntis, dans lequel les cuisiniers choisir s'ils préfèrent travailler sur quatre ou cinq jours par semaine.

Le revers de la médaille

En avril dernier, le garagiste Daniel Marti est lui aussi passé à la semaine de quatre jours. Son garage de Lucerne est ouvert cinq jours par semaine et ses employés répartissent leurs 40 heures sur quatre jours. Avec ce nouveau modèle de temps de travail, le cinquantenaire voulait notamment attirer de nouveaux collaborateurs ayant actuellement deux postes vacants.

Le garagiste Daniel Marti voit dans la semaine de quatre jours un concept d'avenir.
Photo: zVg

Le seul bémol de cette mesure? «De nombreuses personnes non formées, qui trouvent simplement la semaine de quatre jours formidable, postulent» a constaté Daniel Marti. Néanmoins, ses anciens employés ont apprécié le changement.

Toutes les entreprises interrogées par Blick ont un point commun: elles ont fini par recommander également la semaine de quatre jours à d'autres entreprises. «Les entreprises devraient expérimenter davantage la semaine de quatre jours, notamment en vue des gains de productivité supplémentaires que génèrerait son automatisation», estime Gudela Grote.

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