Pas (encore) de matricule sur les uniformes vaudois
Les policiers peuvent-ils cacher leur identité lors des interventions?

La police est une affaire de cantons et de communes en Suisse. En terres vaudoises, les agents cantonaux ne portent en général pas de matricule sur leur uniforme. Pourquoi, et peut-on quand même les identifier, si nécessaire, lors d'une intervention?
Publié: 18.05.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 18.05.2024 à 08:06 heures
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Vous êtes obligé de décliner votre identité, lorsqu'un agent de police vous la demande, dans l'énorme majorité des cas (au risque d'être amené au poste). Quid de l'inverse? En terres vaudoises, les policiers cantonaux ne portent normalement pas de matricule — un numéro qui permet d'identifier la personne — sur leur uniforme, contrairement aux policiers municipaux de la ville de Lausanne par exemple. 

Or, ce sont souvent les bras armés du canton qui interviennent sur les affaires les plus chaudes: et, surtout, lors des rassemblements non autorisés. Dernier exemple en date: l'occupation de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) par un collectif pro-Palestine, le 7 mai, puis une seconde fois le 16 mai dernier. Lors du second rassemblement, l'ambiance était un peu plus tendue, d'après nos informations. Douze étudiants, qui ont d'abord refusé de quitter les lieux, craignaient d'être évacués de force.

Un membre de la communauté de l'EPFL, qui a transmis des informations à Blick, s'inquiétait: «Les agents peuvent nous identifier, et donc potentiellement nous dénoncer, mais l'inverse n'est pas vrai... puisqu'ils n'ont pas de matricule. Comment on fait, si on estime qu'un agent a mal agi, et qu'on veut remonter ça?» Eh bien, nous avons posé la question aux principaux intéressés. 

En terres vaudoises, les policiers cantonaux ne portent normalement pas de matricule — un numéro qui permet d'identifier la personne — sur leur uniforme. (Image d'illustration)
Photo: KEYSTONE

Peut-on demander l'identité d'un agent?

Contacté, le porte-parole de la police cantonale vaudoise Jean-Christophe Sauterel explique qu'il n'y a en effet pas d'obligation légale à porter un matricule, dans le canton de Vaud. Si certaines polices municipales, à l'image de Lausanne, le font, c'est de leur plein gré. Mais, sur l'uniforme cantonal, il n'y a pas d'emplacement prévu pour la petite inscription.

Ça ne veut pas pour autant dire que les agents du canton ont droit à l'anonymat, lors de leurs interventions (ou pas complètement, du moins). En effet, la loi (l'article 19 de la Lpol) stipule très précisément que «les fonctionnaires de police en civil se légitiment au moyen de leur carte lors de leurs interventions officielles».


Sinon, «l'uniforme sert de légitimation. Les fonctionnaires en uniforme donnent cependant leur nom et présentent leur carte si la demande leur en est faite.» À noter que, malgré ces dispositions, l'absence de matricule peut de fait empêcher l'identification des agents sur une photo ou dans une vidéo prise lors d'une intervention, par exemple. 

Bientôt un matricule pour les Vaudois?

Si les agents cantonaux vaudois ne portent pas de matricule et n'ont aucune obligation de le faire, pour l'heure, il y a du changement dans l'air, souligne le porte-parole de la police cantonale. Au plus tôt dès 2025, un nouvel uniforme, déjà validé, sera introduit — et comprendra un emplacement spécial pour ces chiffres d'identification. 

Pourtant, la loi n'a pas changé. Alors qu'est-ce qui a motivé cette décision? «La Police cantonale vaudoise s’adapte et tient compte des évolutions de notre société, rétorque le porte-parole Jean-Christophe Sauterel. Le changement d’uniforme est l’occasion de s’adapter et de répondre à plusieurs demandes en lien avec l’identification des policiers en uniforme, comme le font déjà d’autres corps de police.»

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