Pénurie de travailleurs
Les stations de ski recrutent du personnel des bateaux de croisière

En Suisse, les stations de ski s'inquiète de la pénurie de personnel, particulièrement dans le secteur de la restauration. De nouvelles stratégies de recrutement sont mises en place pour tenter de pallier à ce manque.
Publié: 16.10.2021 à 05:53 heures
Sarah Frattaroli, Jessica Chautems (adaptation)

Cet hiver, il faudra peut-être attendre longtemps et payer cher son chocolat chaud ou sa soupe. En effet, le secteur de la restauration manque cruellement de personnel, conséquence de la pandémie. La situation est particulièrement compliquée dans les stations de ski.

À Zermatt (VS), les responsables du tourisme ont pris des mesures particulières. «Nous avons fait traduire en plusieurs langues toutes les informations sur la vaccination, les tests, les réglementations Covid et les avons distribuées par différents canaux afin d’atteindre les travailleurs de l’étranger», explique Sabrina Marcolin, porte-parole de Zermatt Tourisme.

Comme Zermatt jouit d’une renommée mondiale en tant que destination hivernale, la situation du personnel y est moins précaire qu’ailleurs: «Le service ne va certainement pas se détériorer», réassure-t-elle.

Le service ne souffrira pas de la pénurie de personnel, assure les responsables du tourisme de Zermatt (VS).
Photo: keystone-sda.ch

Le personnel qualifié manque

D’autres stations ne sont pas aussi chanceuses, comme celle de Flumserberg dans le canton de Saint-Gall. Pendant la saison estivale, 30 personnes qui sont employées dans la restauration. En hiver, 120 employés, répartis dans six restaurants, sont nécessaires pour assurer le service. «Il serait presque plus facile de sortir 90 employés supplémentaires d’un chapeau, se désole Mario Bislin, directeur général de Flumsberg. Il n’y a plus de travailleurs qualifiés sur le marché, et il faut faire beaucoup d’efforts pour pourvoir les postes non qualifiés.»

Le directeur explique qu’il recrute de plus en plus à l’étranger, notamment au Portugal et en Pologne. Cela fait un certain temps déjà que le secteur de la restauration suisse connaît une pénurie de travailleurs qualifiés. La pandémie n’a fait qu’aggraver la situation. De nombreux professionnels ont choisi de se reconvertir pendant le confinement. Ils ne souhaiteraient pas retourner à leur emploi initial à cause des conditions de travail difficiles et des salaires peu avantageux.

Par ailleurs, la fermeture en milieu de la saison de ski l’année dernière n’a pas contribué à encourager les travailleurs. De nombreuses personnes ont été mises à la porte du jour au lendemain. Déçues, elles ne souhaitent pas retourner dans les établissements qui les ont mis dans une situation précaire.

Responsabilité en tant qu’employé

Mario Bislin admet également que la pénurie de personnel dans la gastronomie en montagne est partiellement leur responsabilité: «En tant qu’employeur, nous devons œuvrer davantage pour promouvoir la formation initiale et continue des saisonniers, avec l’espoir qu’ils deviendront également des travailleurs qualifiés.»

Le directeur général de Flumsberg n’est pas le seul à s’inquiéter. Markus Wolf, directeur général du groupe Weisse Arena qui exploite les remontées mécaniques à Laax (GR), a un discours similaire: «Le département des ressources humaines est soumis à une pression énorme. En particulier concernant les travailleurs étrangers. Des questions se posent: 'Quelle est la situation en matière d’entrée en Suisse? Est-ce qu’ils doivent faire une quarantaine?' Nous avons des employés de 30 nationalités différentes, c’est difficile de s’organiser.»

Travailler dans la neige plutôt que sur la mer

La pandémie a également des conséquences inattendues. «Nous recevons plusieurs postulations de Suisses de l’étranger qui ne trouvent plus d’emploi en Asie du Sud-Est, dans les Caraïbes ou sur les bateaux de croisière», explique Mario Bislin.
Cela suffira-t-il à combler le vide? Dans certaines régions de Suisse, la pénurie de personnel pendant les mois d’été avait obligé certains établissements à fermer. Les experts en tourisme réassurent: ce ne sera pas le cas dans les stations de ski.


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