Pénurie d'électricité
Le patron de l'Union suisse des arts et métiers critique le Conseil fédéral

Le président de l'Union suisse des arts et métiers, Fabio Regazzi, exige de la Confédération des plans d'urgence. Selon lui, le Conseil fédéral n'a pas encore tranché la question de l'énergie nucléaire.
Publié: 11.07.2022 à 17:14 heures
|
Dernière mise à jour: 11.07.2022 à 22:49 heures
Simon Marti

La Suisse risque de manquer d’énergie en hiver. Une crise se profile, et elle est encore aggravée par la guerre en Ukraine. Pourquoi? Vladimir Poutine utilise les exportations de gaz pour faire pression sur l’Occident. Et même si la Suisse dépend moins du Kremlin que certains de ses voisins, la Confédération ressentira tôt ou tard les conséquences de cette situation tendue.

«C’est l’affaire de toutes et tous», prévient la ministre de l’Energie, Simonetta Sommaruga. Mais comment le Conseil fédéral compte-t-il pallier la pénurie d’électricité et les interruptions de livraison? Pour le président de l’Union suisse des arts et métiers et conseiller national du Centre, Fabio Regazzi, la situation est impossible pour les entreprises locales.

«Les entreprises ont peur»

Le patron de l’USAM est également le gérant de la fabrique de stores Regazzi, située au Tessin. Il dirige plus d’une centaine d’employés et s’inquiète de l’avenir: «En tant qu’entrepreneur, je sais que le pire est l’incertitude.» Il aurait les capacités, en principe, de réagir à une pénurie d’énergie: «Mais une éventuelle pénurie d’électricité, dont on ne sait absolument pas quand et comment elle sera rationnée, n’est tout simplement pas calculable pour les entreprises.»

Le président de l'Union suisse des arts et métiers, Fabio Regazzi, critique vivement le Conseil fédéral.
Photo: Keystone

Les réactions des entreprises sont presque unanimes: «Les entreprises ont peur. Celles qui ont besoin de beaucoup d’énergie ne savent actuellement pas comment elles pourront continuer à faire tourner leur entreprise en cas d’urgence.»

Pénurie d’électricité déjà connue

Fabio Regazzi demande au Conseil fédéral d’être plus clair. Il doit partager ses plans d’urgence et les scénarios possibles. «Mais j’ai l’impression que le gouvernement lui-même est encore assez ignorant. Ce n’est pas possible», critique le parlementaire du Centre.

Même si les conséquences de la guerre en Ukraine n’ont pas pu être anticipées, la menace d'une pénurie d’électricité est, quant à elle, connue depuis longtemps. Et selon Fabio Regazzi, «ce problème n’est pas nouveau et il ne fera que s’aggraver, notamment à cause de l’électrification croissante des transports et des systèmes de chauffage».

L’entrepreneur n’est pas sûr que tous les facteurs aient été correctement pris en compte par le passé, lorsque la stratégie énergétique de la Confédération a été concoctée. Il est toutefois lucide et accepte que «des erreurs se produisent lorsque des décisions sont prises». Mais ce qui est important, c’est de réagir rapidement.

L’énergie nucléaire toujours une option

«On nous a dit: 'Développez l’énergie hydraulique!' Mais nous n’y sommes pas parvenus, déclare le président de l’Union des arts et métiers. Pour l’électricité solaire, il y a des progrès, mais cela ne suffira malheureusement pas.» Fabio Regazzi s’attaque ainsi aux principes de la politique énergétique suisse.

Et il va encore plus loin. Pour le politicien tessinois, l’abandon de l’énergie nucléaire, décidé depuis longtemps, ne doit pas être gravé dans le marbre. Bien au contraire. Il n’a jamais été favorable à une interdiction pure et dure de cette technologie. «La guerre et la pénurie d’énergie qui menacent la Suisse aujourd’hui soulèvent à nouveau ces questions fondamentales», déclare Fabio Regazzi.

«Une situation inconfortable»

Alors que le président de l’Union suisse des arts et métiers s’en prend durement au Conseil fédéral, d’autres mauvaises nouvelles parviennent à Berne. Vendredi dernier, une délégation de parlementaires suisses s’est rendue à Paris afin de rencontrer le président de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol.

Le conseiller national zurichois Alfred Heer y a participé au nom de l’UDC. Sa conclusion: la Suisse n’est pas dans la même situation que l’Allemagne ou l’Autriche: «Nous sommes moins dépendants du gaz russe. Mais les discussions ont clairement montré que la situation devenait également inconfortable pour nous.»

(Adaptation par Mathilde Jaccard)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la