Plus de 1000 cas dénoncés
L'usurpation d'identité gangrène l'e-commerce en Suisse

L'usurpation d'identité est un phénomène très répandu en Suisse. Elle vise des personnalités célèbres, mais elles ne sont pas les seules à en être victimes. Une nouvelle étude le montre: en un an, bien plus de 1000 usurpations d'identité ont été dénoncées.
Publié: 11.09.2024 à 14:51 heures
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Dernière mise à jour: 11.09.2024 à 15:26 heures
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Janine Enderli

Mensonges, simulations, tricheries: dans le cadre de ce que l'on appelle le romance scam (ndlr: escroquerie à l'amour), des criminels volent les photos de personnes célèbres pour créer des faux profils. Objectif: soutirer de l'argent à des citoyens qui ne se doutent de rien, en leur faisant croire à une relation amoureuse. 

Le coprésident du PS et conseiller national Cédric Wermuth en a fait récemment les frais. Un jour, le chef d'une succursale bancaire l'a appelé parce qu'une cliente voulait lui transférer 100'000 francs. Seulement voilà: le compte n'était pas au nom de Cédric Wermuth, mais à celui d'un escroc. La femme concernée est tombée des nues: elle était fermement convaincue que le politicien était tombé amoureux d'elle grâce à leurs échanges via les réseaux sociaux.

Depuis septembre 2023, les victimes d'une fraude à l'identité peuvent dénoncer ce délit. Une étude du «Tages-Anzeiger» le montre: les célébrités ne sont pas les seules concernées. En un an, bien plus de 1000 plaintes pour usurpation d'identité ont été déposées. L'évaluation révèle la répartition suivante:

Les commandes en ligne passées sous une fausse identité sévissent en Suisse.
Photo: Keystone
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  • Genève: 559 dénonciations
  • Saint-Gall: 532 dénonciations
  • Argovie: 306 dénonciations
  • Thurgovie: 280 dénonciations
  • Zurich: 176 annonces (jusqu'à fin 2023)

Arnaquer pour commander des habits

Moins de 700 cas relèvent exclusivement de l'escroquerie à l'amour. Mais fait fréquent: les escrocs utilisent l'identité d'autrui pour passer des commandes en ligne. Sous un faux nom, les escrocs s'offrent des chaussures, des vêtements et même des smartphones hors de prix. Ils commandent la marchandise sous le nom d'une autre personne, suivent de près l'envoi et récupèrent les paquets avant que le véritable destinataire ne voie le colis. Ces agissements criminels engendrent des conséquences néfastes pour les victimes: elles risquent de recevoir des factures élevées ou, dans le pire des cas, d'être poursuivies.

Max Gräni, chef de service de la prévention de la criminalité de la police cantonale argovienne, déclare au journal: «Rien que la semaine dernière, nous avons eu plusieurs cas où des comptes ont été créés sur différentes boutiques en ligne sous une fausse identité.» Les montants des délits devraient se chiffrer en millions, selon les cantons.

Des personnalités suisses escroquées

Les identités de personnalités connues sont également utilisées pour diffuser de la fausse publicité. Comme les politiciens, les entrepreneurs ou les personnes travaillant dans le secteur de l'événementiel inspirent confiance à la population, les escrocs en profitent pour utiliser leurs visages. 

Un exemple parlant: au printemps dernier, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a déposé une plainte pour usurpation d'identité. Des cybercriminels ont tenté d'attirer des personnes sur un site d'investissement financier en publiant une fausse interview de la ministre des Finances. Une situation similaire est arrivée à la présentatrice météo de SRF, Sandra Boner. 

Martin Steiger, avocat spécialisé dans le droit de l'espace numérique, conseille de dénoncer toute usurpation d'identité. «Il ne faut pas espérer de grands résultats. Mais cela permet de se rendre compte de la quantité de cas. Alors qu'auparavant la fraude à la commande était principalement une mauvaise plaisanterie, nous sommes aujourd'hui confrontés à la criminalité numérique de masse.»

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