Plus de 20 km de bouchons au Gothard
Comment le Conseil fédéral compte régler le problème des embouteillages

Le Conseil fédéral ne veut pas entendre parler d'un péage pour le tunnel du Gothard. Il propose toutefois d'autres mesures pour mieux maîtriser le trafic d'évitement autour de l'A2 et de l'A13.
Publié: 18.05.2024 à 12:50 heures
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Dernière mise à jour: 18.05.2024 à 12:59 heures
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Lea Hartmann

En route pour le sud! Comme chaque année, le week-end prolongé de Pentecôte attire des milliers de personnes au Tessin. Cela signifie surtout une chose: des bouchons devant le Gothard! Tôt samedi matin, une nouvelle avalanche de tôle s'est formée devant l'entrée du tunnel. Samedi à 11 heures, 22 kilomètres de bouchons étaient déjà signalés. Temps d'attente: plus de 3 heures.

Ce n'est pas seulement pénible pour les automobilistes concernés. Pour la population locale aussi, les bouchons devant le Gothard, mais aussi autour de l'A13 près du col du San Bernardino, sont une grande source d'irritation, car le trafic d'évitement engorge les routes cantonales et villageoises. Les politiciens ont notamment demandé l'introduction d'un péage pour les tunnels afin de maîtriser le problème des embouteillages.

Mais le Conseil fédéral ne veut pas en entendre parler, surtout par souci de cohésion nationale. Il l'explique clairement dans un rapport qu'il a récemment publié. Une taxe serait certes utile, estime le gouvernement. Mais il trouve problématique que le Tessin soit la seule région du pays à ne pas disposer d'une liaison routière avec le reste de la Suisse qui soit gratuite, ouverte toute l'année et sûre en hiver. Les Sept sages considèrent en outre qu'un péage serait «un grave inconvénient» pour le tourisme au Tessinois.

Ce n'est pas à la Pentecôte que l'on circule le mieux. En ce week-end prolongé, le trafic est une nouvelle fois bloqué devant le Gothard.
Photo: imago/Geisser
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En lieu et place, le gouvernement fédéral entend recourir à d'autres moyens pour désengorger les routes des cantons d'Uri et des Grisons. Le Conseil fédéral a ainsi examiné 86 mesures, dont la plupart ont été rejetées. Il souhaite toutefois activer quelques leviers.

Mesures à l'étude

  • Système de dosage aux sorties : l'accès au Gothard est régulé depuis plus de 20 ans au compte-gouttes. Des signaux lumineux permettent d'éviter que trop de voitures et de camions n'encombrent le tunnel. Un tel système automatisé pourrait également être mis en place aux sorties des autoroutes. Aujourd'hui déjà, certaines sorties sont équipées de signaux lumineux ou d'agents de la circulation. Mais l'Office fédéral des routes (Ofrou) doit maintenant étudier une solution fixe et centralisée.
  • Fermer les sorties: sur l'A2 en direction du sud, le Conseil fédéral envisage également la fermeture complète des sorties d'autoroute. Toutes les sorties dans le canton d'Uri – à l'exception de celle près d'Altdorf, le chef lieu – pourraient être fermées en période de bouchons. Les conséquences doivent être testées dans le cadre d'un essai pilote.
  • Bloquer les entrées: les jours où le trafic est particulièrement dense, il ne devrait plus être possible d'accéder à l'A2. L'entrée de Göschenen est déjà bloquée aujourd'hui en cas d'embouteillage, à l'avenir, les jonctions d'Erstfeld, de Wassen et d'Amsteg ne devraient plus être accessibles non plus. Le blocage doit s'appliquer à tous, y compris aux riverains – parce que toute autre option serait trop compliquée à mettre en place. Là aussi, le Conseil fédéral plaide pour un essai pilote.
  • Adaptation du système de dosage: 1000 voitures au maximum peuvent franchir le Gothard par heure dans une même direction, un camion comptant autant que trois voitures. Le Conseil fédéral est prêt, dans certaines circonstances, à augmenter légèrement cette limite maximale lorsque l'ancien tube du tunnel sera à nouveau en service, ce qui devrait être le cas aux alentours de 2030.
  • Le train doit devenir plus attractif: Le Conseil fédéral veut examiner «de manière approfondie» les façons de rendre le rail plus attractif par rapport à la route. Dans ce cadre, le gouvernement pense à des mesures visant à rendre le train plus attractif. Il est toutefois sceptique quant à l'efficacité de ces mesures.

Mesures rejetées

De nombreuses autres mesures n'entrent pas en ligne de compte pour le Conseil fédéral. Outre la taxe sur les tunnels, le colège gouvernemental a exclu les possibilités suivantes:

  • Système de créneaux horaires: le Conseil fédéral estime que le fait de ne pouvoir traverser le Gothard que pendant un certain créneau horaire réservé préalablement n'est pas une bonne solution. Cette mesure est «inadaptée» dans la pratique, car il faudrait par exemple d'immenses aires d'attente pour les voitures en avance sur le créneau sélectionné.
  • Vignette plus chère: le Conseil fédéral ne veut pas non plus entendre parler d'un renchérissement de la vignette autoroutière. Car celle-ci prétériterait d'abord les Suisses, qu'ils aillent ou non dans le sud. Les Sept sages estiment d'ailleurs que cette mesure ne permettrait pas de réduire le trafic d'évitement.
  • Des voies de circulation attribuées de manière dynamique: Afin de résorber plus rapidement les embouteillages, le tunnel du Gothard pourrait être ouvert à la circulation dans un seul sens, selon la situation du trafic. Les automobilistes de l'autre côté devraient attendre ou se rabattre sur le col. Le Conseil fédéral s'oppose toutefois à cette mesure, car il juge qu'elle n'apporte rien aux problèmes de circulation sur l'A2.
  • Interdictions de circuler: Pour le Conseil fédéral, il n'est pas non plus question de décréter des interdictions de circuler pour certains usagers de la route. On pourrait par exemple ne laisser passer que les véhicules dont le numéro de plaque est pair un jour et que ceux dont le numéro de plaque est impair l'autre jour. Le gouvernement considère toutefois que cela serait trop difficile à communiquer et à applique.
  • Adapter les GPS: Les itinéraires alternatifs pourraient être supprimés des systèmes de navigation afin que l'on ne soit pas incité à les emprunter. Le Conseil fédéral estime que cette mesure n'est pas non plus applicable. «Les efforts déployés au niveau international pour influencer les itinéraires alternatifs élaborés par les systèmes de navigation sont restés jusqu'à présent sans résultat», peut-on lire dans le rapport.

Bien que le Conseil fédéral ne voie que peu d'option, le conseiller national uranais du Centre Simon Stadler, qui a donné l'impulsion au récent rapport, s'est montré satisfait auprès de Blick. «Je salue le fait que le Conseil fédéral entende prendre d'autres mesures pour résoudre le problème.» Il regardera de très près ce qu'elles apportent réellement. «Pour moi, le péage dynamique du Gothard n'est pas abandonné, car le Conseil fédéral lui même atteste d'un effet positif.»

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