Projections plutôt pessimistes
L'inflation est là pour rester

L'inflation sévit actuellement en Suisse (comme ailleurs), et cela risque de durer. Scénario le plus probable: une récession la remplacera à tout moment. Une conjoncture plutôt sombre en perspective...
Publié: 06.07.2022 à 13:44 heures
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Dernière mise à jour: 06.07.2022 à 14:05 heures
Christian Kolbe

Le renchérissement en Suisse n’avait pas été aussi élevé depuis trois décennies. En juin, les prix ont augmenté de 3,4% par rapport à l’année précédente. La question se pose: combien de temps va encore durer cette inflation? Les experts sont unanimes. Selon eux, la crise va durer.

La plus optimiste est encore la Banque nationale, qui doit également défendre sa politique monétaire. La BNS estime quant à elle que le pic de la poussée inflationniste sera dépassé à la fin de l’été, et que le renchérissement devrait ensuite s’atténuer quelque peu. Mais cela ne signifie pas que les prix baisseront à nouveau. Ils n’augmenteront simplement plus aussi fortement, selon les projections de la BNS.

Pas de détente avec le printemps 2023

Jan-Egbert Sturm, du Centre de recherches conjoncturelles KOF de l’EPF de Zurich, ne voit pas de normalisation de la hausse des prix avant l’automne: «Nous ne verrons probablement pas de nette détente sur le front des prix avant le printemps prochain. Les prix en Suisse se sont déplacés vers un nouveau niveau. Nous devons y faire face ensemble.»

Seule une récession pourrait stopper le renchérissement, voire faire déraper les prix.
Photo: Keystone

Ensemble? Cela signifie que les salaires devraient être adaptés au niveau croissant des prix. «Il faut une certaine compensation du renchérissement, souligne Jan-Egbert Sturm. Cependant, cette compensation ne devrait pas être élevée au point que les salaires, en hausse, continuent de faire grimper les prix l’année suivante.» C’est pourquoi il faut des «solutions de compromis raisonnables».

La récession remplacera l’inflation

Si la Russie devait couper le gaz en hiver, en réalité, cela ne signifierait pas nécessairement que les prix de l’énergie augmenteraient d’un coup. «En ce moment, les réservoirs sont remplis dans toute l’Europe. Mais une forte demande fait grimper les prix.» En d’autres termes, le risque d’un arrêt de l’importation du gaz russe est déjà pris en compte dans les prix élevés actuels.

L’économiste Klaus Wellershoff n’a guère de raisons d’espérer: «Nous allons assister à une inflation à long terme. Plus élevée que ce à quoi nous sommes habitués. Notamment parce que les travailleurs exigent désormais, à juste titre, des salaires plus élevés». Et d’ajouter: «Cela pourrait durer jusqu’à la prochaine récession!», qui prendrait le pas sur le renchérissement, remplaçant ainsi la peste par le choléra…


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