Querelle sur le financement
Le président de l'UDC bousille une proposition sur la 13e rente AVS

L'ancien conseiller aux Etats Paul Rechsteiner souhaite financer la 13e rente AVS avec les excédents de l'assurance-chômage. Mais les partis bourgeois s'y opposent. Le président de l'UDC Marco Chiesa le dézingue.
Publié: 14.03.2024 à 19:10 heures
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Raphael Brunner

Faut-il des cotisations salariales plus élevées? Plus de TVA? La Suisse doit-elle couper l'aide au développement? Après le «oui» à la 13e rente AVS, les politiciens rivalisent et foisonnent d'idées pour savoir comment obtenir assez d'argent pour la 13e rente. Une proposition de l'ancien conseiller aux Etats Paul Rechsteiner, qui a été président de l'Union syndicale suisse (USS) pendant 20 ans, surprend.

Il n'est pas nécessaire d'imposer une charge supplémentaire aux citoyens, qu'il s'agisse des employés, des employeurs ou des consommateurs, a déclaré l'ancien politicien social saint-gallois au «Beobachter». Son idée est simple: utiliser les fonds excédentaires provenant d'autres assurances sociales pour garantir l'AVS.

«Ne rien ressentir dans le porte-monnaie»

Paul Rechsteiner cite d'abord l'assurance-chômage (AC). Comme le chômage est bas depuis des années, elle enregistre des excédents importants. Fin 2023, sa fortune s'élevait à près de 7 milliards de francs selon les projections.

Peu après la votation, Paul Rechsteiner, le père de la 13e rente AVS, a proposé de la financer avec les excédents de l'assurance-chômage.
Photo: zVg
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Comme il existe un frein à la fortune pour l'AC, le Conseil fédéral devra réduire les déductions salariales dans environ deux ans si le nombre de chômeurs reste stable. Cet argent – environ 1,3 milliard de francs, soit 0,3% de salaire payé à parts égales par les employés et les employeurs – pourrait plutôt être redirigé vers l'AVS, propose Paul Rechsteiner.

«Economiser sur le budget fédéral»

Il entrevoit la même possibilité pour l'assurance-accidents et les allocations familiales, car le nombre d'accidents diminue et moins d'enfants voient le jour. «L'Union syndicale a calculé que les cotisations salariales aux assurances sociales baisseront globalement si fortement que les gens ne remarqueront même pas l'augmentation des cotisations AVS dans leur porte-monnaie.»

Un financement de l'AVS sans sacrifice? Pas possible, répond-on du côté bourgeois. «Affaiblir l'assurance-chômage pour financer la 13e rente AVS serait faire preuve de myopie», balance le président du PLR Thierry Burkart.

On ne sait pas précisement comment l'économie va évoluer. Sans oublier que les 1,3 milliard de l'AC ne pourraient couvrir qu'une petite partie des besoins de l'AVS, qui se situent entre 4 et 5 milliards. «L'argent dont nous avons besoin en raison de la 13e rente dès 2026 doit être fourni en premier lieu par des mesures d'économie dans le budget fédéral», conclut le président du PLR.

«Ne pas détourner comme cela arrange»

Le président de l'UDC Marco Chiesa qualifie la proposition de Paul Rechsteiner de «négligence de la politique fédérale». Selon lui, l'AC et l'assurance-accidents ont besoin de réserves. «Il n'est pas possible de détourner des cotisations prescrites par la loi comme cela vous arrange.» L'UDC veut récupérer l'argent pour l'AVS en réduisant l'aide au développement, le domaine de l'asile et l'aide à l'Ukraine. «Nous refusons une augmentation des déductions salariales et de la TVA!»

Le Conseil fédéral est maintenant appelé à agir. Avec l'aide d'un groupe d'experts, il veut élaborer d'ici la fin de l'été des propositions d'économies pour le budget fédéral. En outre, il doit mettre sur pied un projet de réforme de l'AVS au plus tard d'ici 2026, indépendamment de la 13e rente AVS, afin d'assurer son financement à long terme.

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