Huit ans de prison ferme
Ils ont assassiné leur fille de 3 ans gravement malade

Les parents qui avaient tué leur fillette de 3 ans en 2020 en Argovie ont été condamnés à huit ans de prison. Le tribunal a rejeté les peines demandées par l'accusation et la défense, et a ordonné l'expulsion du couple pour dix ans.
Publié: 13.09.2024 à 16:27 heures
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Dernière mise à jour: 13.09.2024 à 16:48 heures
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ATS Agence télégraphique suisse
Le tribunal est convaincu que les accusés n'étaient pas dépassés par la prise en charge de l'enfant, mais par les émotions que la situation a déclenchées. (Image symbolique)
Photo: Shutterstock

La justice argovienne condamne à huit ans de prison un couple de parents qui ont tué, en 2020, leur fillette de 3 ans, gravement malade. Le père âgé de 34 ans et la mère âgée de 32 ans ont été reconnus coupables de meurtre et de tentative de meurtre.

Le 6 mai 2020 à Hägglingen dans le canton d'Argovie, les parents ont endormi leur fillette en lui administrant de l'ecstasy avant de l'asphyxier en lui bouchant les voies respiratoires. En octobre 2019, ils avaient déjà tenté de mettre fin à ses jours en ajoutant une surdose de somnifère dans le biberon de la petite, mais elle avait fini par se réveiller.

Dans son jugement, le Tribunal de district de Bremgarten n'a pas suivi le réquisitoire de la procureure qui avait réclamé une peine de 18 ans de prison pour assassinat. La défense avait demandé que la sanction n'excède pas trois ans de prison pour meurtre passionnel. Le tribunal a aussi ordonné l'expulsion du couple allemand pour dix ans. L'accusation avait demandé 15 ans.

La Grand-mère acquittée

La Cour a acquitté la grand-mère de la victime, estimant qu'elle ne s'était pas rendu complice du crime. La procureure avait requis cinq ans de prison et l'expulsion du territoire suisse pendant 15 ans. Le tribunal a accordé à la femme de 52 ans une réparation pour tort moral et une indemnité de détention. Le tribunal a jugé que la grand-mère n'a certes pas fait assez pour empêcher sa fille et le père de la fillette de passer à l'acte, mais cela a «tout au plus une importance morale, mais pas pénale», a déclaré la présidente du tribunal.

Ce n'est pas au tribunal de «tenir un discours éthique et moral sur ce qu'est une vie digne d'être vécue», a encore déclaré la présidente du tribunal. La justice doit appliquer la loi et donner une qualification juridique à l'acte. La loi se fonde sur le fait que toute vie humaine à la même valeur et mérite d'être protégée de la même manière.

Le jugement n'est pas encore définitif. Il peut faire l'objet d'un recours devant la Cour suprême du canton d'Argovie.

Désespoir, frustration et colère

Les juges ont reconnu que les parents avaient traversé beaucoup d'épreuves avec leur enfant atteint d'une maladie incurable. Il est compréhensible qu'ils se soient heurtés à des limites et qu'ils aient été à bout de forces, qu'ils aient ressenti du désespoir, de la frustration et de la colère. Mais il est incompréhensible qu'ils n'aient pas accepté davantage de soutien et qu'ils aient préféré tuer l'enfant.

Sur la qualification des faits, le tribunal n'a suivi ni l'accusation ni la défense. L'accusation avait requis une condamnation pour assassinat. Selon la procureure, la fillette aurait été une gêne pour les parents, qui auraient voulu s'en débarrasser. Les avocats de la défense avaient argumenté que les parents avaient voulu mettre fin aux souffrances de leur fille par amour et par compassion. Ils auraient agi sous l'emprise d'une grave détresse psychologique. Les avocats avaient plaidé le meurtre passionnel et des peines de prison avec sursis partiel.

Un meurtre passionnel?

Pour qu'il y ait meurtre passionnel, il faut qu'il y ait une grande détresse morale au sens d'un état d'exception chronique et prolongé pour lequel il n'y a apparemment pas d'autre issue que le meurtre. Ca n'a pas été le cas au sens de la loi dans cette affaire, même si le tribunal reconnaît une grande souffrance et un état d'exception pour les parents.

Il n'y avait pas non plus une absence particulière de scrupules pour retenir la qualification d'assassinat. Les accusés ont démontré de manière crédible qu'ils voulaient une belle mort pour leur fille et qu'ils comptaient sur l'ecstasy pour y parvenir. Il n'existe aucune preuve d'une mort douloureuse de l'enfant, a encore souligné le tribunal.

La dépendance de l'enfant vis-à-vis de ses parents pourraient être un indice d'une absence de scrupules, mais les motivations d'un acte sont d'une importance décisive, selon le jugement. Le tribunal est convaincu que les accusés n'étaient pas dépassés par la prise en charge de l'enfant, mais par les émotions que la situation a déclenchées.

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