Réfugiées ukrainiennes en détresse
«L'air du centre d'hébergement nous rend malades»

Les familles ukrainiennes du centre d'hébergement temporaire à Eschenbach (LU) lancent un appel à l'aide sur Facebook. L'air y serait si mauvais qu'il serait à peine supportable. Le canton cherche d'urgence des alternatives.
Publié: 03.06.2022 à 20:27 heures
|
Dernière mise à jour: 03.06.2022 à 20:47 heures
Beat Michel

Avant même d’entrer dans les locaux situés en dessous du gymnase de l’école d’Eschenbach (LU), un nuage dégageant une odeur légèrement âcre de moisissure s’échappe de la porte d’entrée ouverte. Trente personnes originaires d’Ukraine, principalement des familles, vivent ici. Et elles appellent à l’aide: «L’air du centre d’hébergement nous rend malades. S’il vous plaît, aidez-nous!»

Laryssa Somkina et sa fille de 19 ans nous accueillent à l’entrée du centre. Elles nous conduisent dans leur chambre. L’atmosphère est étouffante et humide, malgré la fenêtre ouverte. «Nous souffrons, nous sommes vraiment désespérées. C’est pourquoi nous avons lancé un appel sur Facebook, explique Laryssa Somkina. Nous vivons tous si près les uns des autres ici, l’infrastructure est dépassée. Je souffre d’asthme, cet air me rend malade.»

L’espoir d’un logement

Sa fille Anastasia ne voit pas les choses tout à fait de la même façon. «Ce n’est certainement pas optimal, mais les bénévoles nous ont promis qu’ils chercheraient un logement. Je suis patiente. Nous devons juste attendre un peu. Le manque d’intimité me dérange plus que l’air», explique l’étudiante.

Anastasia et sa mère Laryssa Somkina dans le dortoir du centre d'hébergement temporaire à Eschenbach.
Photo: Beat Michel
1/5

Juste à côté, la famille Zudvorniia vit avec deux enfants en bas âge. Natalia Zudvorniia, ingénieure en électricité, a du mal à s’accommoder au logement. «Nos yeux démangent, parfois ils brûlent, confie-t-elle à Blick. Je n’avais pas d’allergies en Ukraine, mais maintenant j’ai régulièrement les yeux irrités.»

Ce qu’elle trouve plus grave, c’est que ses enfants sont tombés malades: «Nous sommes si proches les uns des autres ici, les filles ont attrapé une bactérie quelconque.» Toujours est-il que maintenant, ils ne sont plus huit dans la chambre. Une partie de l’autre famille a pu déménager, étant tombée gravement malade.

Le canton cherche une solution

L’administration cantonale est consciente du problème et cherche activement d’autres places d’hébergement afin de reloger les habitants concernés dans les meilleurs délais, indique le service de l’asile et des réfugiés lucernois sur demande. Une tâche difficile: «En raison de l’afflux important et rapide de réfugiés en provenance d’Ukraine, la mise à disposition de suffisamment de places d’hébergement dans les plus brefs délais a constitué et constitue toujours un grand défi. Le fait que nous devions régulièrement transférer des personnes en quête de protection de familles d’accueil vers des structures d’hébergement cantonales vient encore compliquer les choses.»

Pour les réfugiés du centre en question, le canton essaie de tirer le meilleur parti possible de l’hébergement d’urgence. Le service de l’asile et des réfugiés communique à ce sujet: «Notre personnel d’accompagnement au logement se rend quotidiennement sur place pour répondre aux questions et conseiller les familles sur la manière d’optimiser le nettoyage et l’apport d’air frais et sur la façon d’utiliser correctement le déshumidificateur.»

Après deux bonnes heures passées à l’intérieur, le journaliste de Blick peut constater les effets nocifs de l’air. Sa gorge est rauque et douloureuse. Le contraste avec l’air frais de l’extérieur est frappant.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la