Réintroduction du 50 km/h la nuit à Lausanne
Certains arguments des initiants sont faux

Deux pétitions ont été lancées dans le but d’abroger la limitation à 30km/h la nuit au centre-ville de Lausanne. Problème dans l'une de celles-ci: de nombreux arguments avancés sont faux.
Publié: 07.02.2022 à 11:21 heures
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Dernière mise à jour: 07.02.2022 à 16:23 heures
Thibault Gilgen

Alors qu’une guerre des chiffres semble avoir lieu entre opposants et partisans aux limitations de vitesse, la Ville de Lausanne doit se prononcer ce mardi sur le premier bilan de l’introduction du 30 km/h la nuit au centre-ville. De nombreux débats sur la pertinence de la mesure agitent la capitale vaudoise. Deux initiatives ont été lancées dans le but de rétablir les 50 km/h sur les axes principaux. Selon la RTS, de nombreux arguments utilisés par les pétitionnaires sont toutefois faux, principalement dans l'une d'elle, lancée à titre indépendant.

Dans La Matinale de la RTS de ce lundi matin, Kurt Heutschi, collaborateur scientifique à l’EMPA (Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche) remet en cause certains arguments.

Réduction de deux décibels déjà bénéfique

Rouler à 30 km/h plutôt qu’à 50 fait baisser de deux décibels le volume sonore la nuit, ce qui revient à baisser le volume sonore de seulement 2%. Pour les opposants, ce pourcentage est insignifiant et ne justifie pas une telle mesure. Mais selon Kurt Heutschi, deux décibels marquent déjà une différence sensible pour les oreilles et le sommeil des habitants. Il explique que si mille voitures par heure produisent en moyenne 74 décibels, alors pour produire 72 décibels, il ne faudra que 640 véhicules. Une baisse de 2 décibels équivaut donc à une baisse de 37% du trafic.

Selon Kurt Hotschi de l'EMPA dans La Matinale de la RTS, certains arguments utilisés par les opposants au 30 km/h de nuit sont faux.
Photo: Keystone

Toujours selon les opposants, Lausanne étant vallonée, les conducteurs rétrogradent et augmentent ainsi le bruit du moteur, même à 30 km/h. Faux à nouveau selon Kurt Heutschi: «À 30 km/h, il y a moins de 'stop and go', moins d’alternance entre accélérations rapides et freinages. C'est principalement ce qui produit du bruit. À 30 km/h, le volume sonore est comme aplani. Dans la perception du bruit, c’est un bénéfice».

Dormir la fenêtre ouverte

Un autre argument souvent utilisé est la bonne isolation des fenêtres à Lausanne. Le spécialiste rappelle cependant que les mesures de bruit doivent s’effectuer sans fermer les fenêtres, car les riverains doivent pouvoir dormir les fenêtres ouvertes s'ils le souhaitent.

A Blick, le président des Jeunes Libéraux Radicaux vaudois, Maxime Meier, précise qu'il a lui aussi lancé une autre initiative individuelle allant dans le sens d'un retour au 50 km/h. Mais il se distancie de certains arguments: «Nous souhaitons que les zones 30 soient réservées aux quartiers résidentiels. Nous partageons la vision des opposants, notamment sur le rallongement du temps de trajets. En revanche les chiffres concernant les décibels ne font pas partie de notre argumentaire. Ce sont surtout les axes principaux, déjà sujets au bruit ambiant, qui sont l'objet de nos revendications.»

Depuis septembre dernier, les automobilistes doivent rouler à 30 km/h au centre-ville de Lausanne entre 22h et 6h. D’autres villes songent à adopter la même mesure, comme Genève.

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