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Progrès de la science:Marc, patient du CHUV, teste la marche avec la prothèse

Révolution dans la médecine
Opéré au CHUV, Marc, atteint de Parkinson, marche à nouveau

Des neuroscientifiques lausannois et français ont conçu une neuroprothèse corrigeant les troubles de la marche liés à la maladie de Parkinson. Cela a permis à un premier patient de marcher avec fluidité.
Publié: 06.11.2023 à 17:15 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2023 à 11:52 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Marc était trentenaire quand la maladie de Parkinson l'a frappé. Ce Bordelais d'origine a connu plusieurs traitements, dont, en 2004, la dopamine et la stimulation cérébrale profonde pour soulager ses tremblements et sa rigidité, symptômes classiques de la maladie.

Récemment, le sexagénaire a développé de graves troubles de la marche, qui ne répondaient ni à la stimulation cérébrale, ni à la dopamine.

«Je n’arrivais pratiquement plus à marcher sans des chutes fréquentes, plusieurs fois par jour, confie Marc dans un communiqué du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Dans certaines situations, comme entrer dans un ascenseur, je piétinais sur place, je faisais du freezing, comme on dit». Le freezing of gait est défini comme une absence momentanée de réponse des pieds, tandis qu'un individu souhaite marcher. Impossible alors de faire un pas en avant.

Marc, qui souffre de Parkinson depuis 1996, a rapidement vu ses troubles de la marche s’estomper. Après une rééducation de quelques semaines avec la neuroprothèse, il a retrouvé une marche presque normale.
Photo: WEBER Gilles

Prothèse inédite

Des équipes franco-suisses ont conçu, il y a deux ans, une neuroprothèse totalement inédite et destinée à corriger ces troubles. Les équipes ont rassemblé des scientifiques venus notamment du CHUV, des Universités de Lausanne (UNIL) et Bordeaux et de l'école polytechnique fédérale (EPFL).

Marc a été le premier patient à être opéré, il y a deux ans, au CHUV. Il a subi une intervention neurochirurgicale de précision qui l'a équipé de cette nouvelle prothèse, constituée d'un champ d'électrodes placé proche de sa moelle épinière, qui contrôle la marche. Sous la peau de son abdomen est implanté un générateur d'impulsions électriques.

«Je marche six kilomètres, c'est génial»

La prothèse stimule sa moelle épinière de façon ciblée et adaptée en temps réel aux mouvements de Marc. Il a rapidement vu ses troubles de la marche s'estomper. Après quelques semaines de rééducation avec la neuroprothèse, il a retrouvé une marche quasi normale.

«J’allume la stimulation le matin et je l’éteins le soir. Ça me permet de mieux marcher, de me stabiliser. Même les escaliers ne me font plus peur à présent, se réjouit Marc. Tous les dimanches, je vais au bord du lac, et je marche environ 6 kilomètres. C’est génial.» Aujourd'hui, Marc utilise la prothèse environ huit heures par jour. Quand il dort ou qu'il est assis pour une longue période, Marc éteint l'appareil.

Version commerciale à venir

Les scientifiques suisses et français ont présenté leur invention lundi 6 novembre dans la revue «Nature Medicine». Pour l'heure, la neuroprothèse n'a été testée qu'avec Marc. La version commerciale doit encore être mise au point. C'est en cours, par la compagnie ONWARD Medical, et les co-directeurs du centre NeuroStore, Grégoire Courtine et Jocelyne Bloch, tous deux professeurs à l'EPFL, au CHUV et à l'UNIL. «Notre ambition est de généraliser l'accès à cette technologie innovante afin d'améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson, partout dans le monde», expliquent ces derniers.

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