Risques importants pour les foetus
L'érythème infectieux se propage en Suisse

Le nombre d'infections au parvovirus B19, plus connu sous le nom l'érythème infectieux, a augmenté de manière inhabituelle cette année en Suisse et partout dans le monde. Le virus est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes et les enfants à naître.
Publié: 15.08.2024 à 08:54 heures
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Dernière mise à jour: 15.08.2024 à 17:02 heures
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Marian Nadler
Dans le langage populaire, l'agent pathogène est également appelé «virus de la gifle», car les enfants infectés peuvent présenter des rougeurs au niveau des joues. (Image symbolique)
Photo: Shutterstock
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C'est un avertissement important que les scientifiques du Centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV) avaient adressé au public. Il y a maintenant six mois, les experts mettaient en garde contre le parvovirus B19. Cet agent pathogène représente un danger pour les femmes enceintes et les enfants à naître. Les personnes immunodéprimées et celles souffrant d'anémie chronique sont également menacées par cette maladie, plus connue sous le nom d'erythème infectieux.

Plusieurs mois se sont donc écoulés depuis la mise en garde de janvier dernier. Pourtant, la situation ne s'est pas améliorée, bien au contraire.

Le Danemark, par exemple, a signalé 250 cas jusqu'au 10 avril. C'est plus que durant la même période de l'année 2017, lorsque l'épidémie la plus forte avait été enregistrée en Europe. Parmi les malades, on comptait 50 femmes enceintes, dont cinq ont dû être traitées à l'hôpital. La France, l'Allemagne, l'Irlande, Israël, les Pays-Bas et la Norvège, ont également connu une augmentation soudaine du nombre de cas.

Entre-temps, les autorités sanitaires américaines mettent également en garde contre le germe connu sous le nom de «virus de la gifle». Les laboratoires ont signalé une augmentation des tests positifs. C'est chez les enfants âgés de cinq à neuf ans que l'on a observé la plus forte augmentation, de 15% entre 2022 et 2024 à 40% en juin 2024. Une hausse a également été enregistrée chez les patientes enceintes.

Un risque important pour la santé du fœtus

Les femmes qui accouchent en Suisse doivent-elles désormais s'inquiéter? Comme l'a annoncé la Société suisse de gynécologie et d'obstétrique (SSGO) à la mi-mai, une nette augmentation des cas d'infection au parvovirus B19 chez les femmes enceintes a été constatée dans toutes les régions de Suisse.

Chez les femmes enceintes, le risque pour la santé du fœtus est considérable et peut aller jusqu'à la fausse couche. C'est pourquoi les chercheurs de Lausanne demandent davantage d'informations sur le virus. Si une femme est infectée par le parvovirus B19 pendant sa grossesse, le virus peut traverser le placenta et infecter le fœtus. La complication la plus redoutée est «l'anémie fœtale», qui peut entraîner de graves complications, voire la perte du fœtus. L'anémie est une carence en hémoglobine, le pigment rouge du sang. Cette protéine est essentielle pour le transport de l'oxygène dans le sang.

En outre, le parvovirus B19 peut affecter le système cardiovasculaire du fœtus, ce qui augmente le risque de problèmes cardiaques après la naissance.

Fièvre, rhume, éruption cutanée...

Interrogé à ce sujet, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) explique que dans le cas du parvovirus B19, il n'y a pas de surveillance continue. Cela s'explique notamment par le fait que de nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme. En cas d'infection, les adultes et les enfants qui n'appartiennent pas au groupe à risque ressentent une fièvre modérée, des maux de tête, un rhume ou une éruption cutanée sur les bras, les jambes et le tronc. Typique du virus, une rougeur apparait également sur les joues.

L'OFSP garde néanmoins un œil sur la situation. «Même s'il n'existe pas de système de surveillance spécifique dans la plupart des pays, les données disponibles montrent que ces augmentations concernent différents groupes d'âge et en particulier les enfants en bas âge», explique Céline Reymond, porte-parole de l'OFSP, à Blick.

La pandémie de coronavirus est-elle responsable de l'épidémie de parvovirus?

Les femmes enceintes «devraient éviter tout contact avec une personne atteinte ou suspectée d'être infectée par le parvovirus B19», recommande Céline Reymond. «Il n'existe pas de traitement spécifique ni de vaccin», explique la porte-parole de l'OFSP. La bonne nouvelle, c'est que «celui qui a contracté la maladie est protégé pour toute sa vie». Si, malgré toutes les précautions, une femme enceinte entre en contact avec une personne infectée par le parvovirus, un simple test sanguin peut permettre de savoir si elle est également infectée et si elle est immunisée.

L'une des raisons possibles de l'explosion soudaine du nombre de cas est la pandémie de COVID-19. Durant cette période, certains virus circulaient beaucoup moins, notamment le parvovirus B19. Après la levée des mesures de protection, les virus se sont à nouveau propagés de manière plus intense.

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